C'est un phénomène exceptionnel qui attend les astronomes dans la nuit du jeudi 8 au vendredi 9 juillet : le passage d'un astéroïde entre une brillante étoile et la Terre va leur donner l'occasion d'assister à l'extinction de l'étoile pendant 7 secondes. Un phénomène spectaculaire, visible en France vers minuit, qui permettra de mieux connaître le caillou occulteur...


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    Découvert en juillet 1901, l'astéroïde 472 Roma est un joli bloc d'une cinquantaine de kilomètres de large. Circulant anonymement dans la ceinture d'astéroïdes entre Mars et JupiterJupiter, il n'a rien pour attirer les foules. Pour espérer l'observer comme un point minuscule de magnitude 13,5, un télescope d'au moins 20 centimètres de diamètre est indispensable, à condition de savoir où le trouver...

    Mais 472 Roma va devenir une vedette le temps d'une soirée. Les hasards de la mécanique céleste font qu'il passera le 9 juillet en plein milieu de nuit (du 8 au 9) devant une étoile de la constellationconstellation d'Ophiucus, Yed Prior. Appelée aussi DeltaDelta Ophiuchi, cette étoile brille habituellement à la magnitude 2,7, ce qui la rend parfaitement visible à l'œilœil nu.

    En l'occultant, 472 Roma projettera son ombre de 51 kilomètres de large le long d'une bande traversant l'Europe du nord-est au sud-ouest. En France, elle passe par Troyes, Bourges et Bordeaux, entre 23 h 58, en heure locale (à 23 h 59, l'ombre sera déjà en Espagne). Les astronomesastronomes installés dans cette bande verront l'éclat de l'étoile chuter d'une dizaine de magnitudes pendant quelques secondes avant de retrouver son niveau habituel.

    Aspect du ciel le 8 juillet en soirée. L'étoile Delta Ophiuchi (ou Yed Prior) se trouve au-dessus de l'horizon sud. Crédit Stelvision.com
    Aspect du ciel le 8 juillet en soirée. L'étoile Delta Ophiuchi (ou Yed Prior) se trouve au-dessus de l'horizon sud. Crédit Stelvision.com

    Un phénomène rarissime

    Le suivi des occultationsoccultations d'étoiles par des astéroïdes est une activité récente, puisque c'est en 1958 qu'une équipe suédoise s'appuya sur la première prédiction fiable pour suivre le passage de l'astéroïde JunoJuno devant une étoile. L'occultation d'une autre étoile par l'astéroïde ErosEros en 1975 fut la première à être suivie par différentes stations, sans pour autant égaler la mobilisation qu'entraîna l'occultation de l'étoile 1 Vulpeculae par PallasPallas le 28 mai 1983.

    Cette nuit-là le phénomène fut observé par plus de 400 astronomes répartis sur 130 sites différents ! Grâce à l'amélioration des moyens de calculs et la précision offerte par les satellites astrométriques comme HipparcosHipparcos, l'étude des occultations d'étoiles par des astéroïdes a sensiblement augmenté depuis deux décennies.

    Simulation de l'occultation d'une étoile par un petit astéroïde. La courbe de lumière et ses oscillations sont données en rouge. Crédit : Observatoire de Paris, Lesia
    Simulation de l'occultation d'une étoile par un petit astéroïde. La courbe de lumière et ses oscillations sont données en rouge. Crédit : Observatoire de Paris, Lesia

    Ces observations sont précieuses pour mieux préciser le diamètre, la forme et la position de l'astéroïde ainsi que la position et le diamètre de l'étoile. Les astronomes qui souhaitent participer à ces campagnes d'observations utilisent un photomètre dont le signal est enregistré parallèlement aux valeurs fournies par une base de temps très précise.

    Pour le profane, nul besoin de matériel pour profiter de l'occultation du 8 juillet : les yeux suffiront pour admirer l'exceptionnelle chute d'éclat d'une étoile normalement bien visible à l'œil nu. Toutes les informations concernant ce phénomène sont disponibles sur une page spéciale réalisée par la section européenne de l'International Occultation Timing Association : 472 Roma occulte Delta Ophiuchi.