Une jeune Française de 18 ans, née avec le virus du Sida, ayant reçu très tôt des antirétroviraux mais qui est restée sans traitement depuis douze ans, ne présente plus de signe détectable de la présence du VIH. C'est actuellement la plus longue durée de rémission connue. Son cas, comme d'autres rémissions temporaires ou en cours, intéresse beaucoup la médecine.

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    Dans le monde, le Sida recule. Et le cas de cette jeune Française, dont le système immunitaire parvient à contrôler le virus depuis 12 ans, ouvre l'espoir de trouver des moyens de lutte plus efficaces contre le VIH. © Nabil Chemli, CC by-sa

    Dans le monde, le Sida recule. Et le cas de cette jeune Française, dont le système immunitaire parvient à contrôler le virus depuis 12 ans, ouvre l'espoir de trouver des moyens de lutte plus efficaces contre le VIH. © Nabil Chemli, CC by-sa

    Être séropositif au VIH et contrôler l'infection sans prendre de traitement : certains patients y parviennent naturellement, d'autres après avoir été placés sous antirétroviraux très précocement. Ils sont dits « contrôleurs après traitement ». Un seul cas d'enfant étant parvenu à cet équilibre sur une aussi longue période est documenté à ce jour : celui d'une jeune Française, qui vient d'être révélée. D'autres cas de rémission avaient déjà été observés auparavant mais pour une période plus courte. Ainsi, en 2013, aux États-Unis, une fillette de deux ans, vite surnommée bébé du Mississippi, est née avec le virus mais, traitée précocement (30 heures après la naissance), elle avait montré une rémission au VIH après l'arrêt des traitements à 18 mois. Malheureusement, l'année suivante, le VIH réapparaissait.

    Le cas de la jeune femme française, aujourd'hui âgée de 18 ans, est différent. Présenté à l'occasion de la 8e conférence de l'International AIDS Society (IAS) qui se tient du 19 au 22 juillet à Vancouver au Canada par une équipe française, il constitue un argument fort en faveur d'une mise sous traitement de tous les enfants nés de mères séropositivesséropositives le plus tôt possible après la naissance.

    La jeune Française est devenue ce lundi 20 juillet, le symbole d'un grand pas dans la lutte contre le VIH-Sida, à l'heure où, à l'échelle mondiale, le Sida recule. Elle est le premier cas mondial de rémission aussi prolongée chez un enfant. Née en 1996 d'une mère séropositive, elle est placée sous traitement prophylactique pendant six semaines. Malgré cela, elle est contaminée par le virus. Les médecins mettent alors en route un traitement associant quatre antirétroviraux qui sera poursuivi durant 6 ans. Sa famille décide alors d'interrompre le protocoleprotocole et disparaît. Un drame aurait pu se produire car, sans traitement, l'enfant aurait dû déclarer le Sida et mourir.

    Le traitement, commencé très tôt, a été interrompu à l'âge de 6 ans. Le VIH était devenu indétectable. Douze ans plus tard, il l'est toujours. © Idé

    Le traitement, commencé très tôt, a été interrompu à l'âge de 6 ans. Le VIH était devenu indétectable. Douze ans plus tard, il l'est toujours. © Idé

    Une rémission n'est pas une guérison

    Or, revue un an plus tard par son équipe médicale, l'enfant présente une charge virale presque indétectable. « Douze ans après, elle présente toujours une charge virale au seuil de détection particulièrement bas, sans avoir jamais repris d'antirétroviraux », se réjouissent les médecins. « Cette enfant ne présente aucun des facteurs génétiquesgénétiques connus pour être associés à un contrôle naturel de l'infection, précise le docteur Asier Sáez-Cirión de l'unité HIV, inflammationinflammation et persistance, de l'institut Pasteur de Paris et co-auteur de ce travail. Selon toute vraisemblance, c'est le fait d'avoir reçu très tôt après sa contaminationcontamination une combinaison d'antirétroviraux qui lui permet d'être en rémission virologique depuis aussi longtemps. »

    Ce cas rappelle d'ailleurs celui des patients adultes de l'étude ANRS EP47 Visconti. Lesquels, après avoir reçu très précocement un traitement antirétroviral pendant plusieurs années, présentent, 10 ans après, un contrôle virologique et immunologique de leur infection sans avoir repris d'antirétroviraux. Le doute, s'il persistait encore, n'a plus lieu d'être. La prise précoce d'antirétroviraux est bel et bien recommandée, car elle peut, dans certains cas permettre à l'organisme de se défendre seul face au virus. Pour autant, « cette rémission ne doit pas être assimilée à une guérisonguérison, martèle le professeur Jean-François Delfraissy, directeur de l'ANRS. L'arrêt du traitement antirétroviral n'est donc pas recommandé, chez l'adulte comme chez l'enfant, en dehors d'essais cliniquesessais cliniques. » La jeune femme française reste, elle, infectée par le VIH. Mais comme cela fut le cas du nourrisson américain, « il est impossible de prédire l'évolution de son état de santé ».