La retraite est un moment crucial dans la vie dont les effets sur la santé et le cerveau ne sont pas encore bien compris. Une étude récente suggère que la retraite accélère le déclin cognitif. Qu'en est-il vraiment ?


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    Le vieillissement est un processus inéluctable. Avec le temps, le corps s'abîme et se fatigue, nos capacités physiquesphysiques et cognitives diminuent. Mais la biologie n'est pas la seule à dicter sa loi, des facteurs environnementaux, économiques ou sociologiques influent aussi la façon dont nous vieillissons. Alors que la réforme des retraites est au cœur de l'actualité politique avec sa présentation par le gouvernement le 10 janvier 2023, des économistes se sont intéressés à l'effet de la mise en place d'une pension de retraite en Chine sur la cognition des bénéficiaires. Et si la retraite favorisait le déclin cognitif ?

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    L'article paru dans Journal of Economics Behaviour & Organisation n'a pas été rédigé par des spécialistes du cerveau. Il ne s'agit donc pas de comprendre les phénomènes biologiques liés au déclin cognitif mais comment des décisions politiques peuvent favoriser ou limiter celui-ci. En 2009, le gouvernement chinois a mis en place le New Rural Pension Scheme (NRPS), une aide financière dont l'objectif est de diminuer la pauvreté chez les personnes âgées vivant dans les régions rurales du pays. Elle est versée dès 60 ans, que la personne soit effectivement à la retraite ou non. En 2021, la Chine comptait 261 millions de sexagénaires. Le vieillissement de la population ne ralentit pas : certaines projections estiment que le pays en comptera 487 millions en 2050, soit 35 % des Chinois. Leur prise en charge est donc une question cruciale.

    Si le NRPS a assuré une stabilité financière aux ayants droit, les économistes ont observé qu'il a aussi favorisé leur déclin cognitif, surtout chez les femmes. Les capacités mémorielles (se souvenir du passé, ou de mots... )) sont particulièrement touchées et le déclin apparaît environ quatre ans après le début du programme, soit vers 64 ans.

    « Les participants du programme rapportent un engagement social significativement plus bas, avec moins de bénévolat et d'interaction sociale, que les non-bénéficiaires. Nous avons trouvé que l'isolationisolation sociale est fortement liée à un déclin cognitif plus rapide parmi les séniors. Mais, nous avons aussi observé que le programme favorise certains comportements bénéfiques pour la santé. Les participants au programme rapportent boire moins d'alcoolalcool comparé aux années précédentes. Globalement, les effets indésirables d'une retraite précoce sur le mental et l'engagement social l'emportent sur ses effets protecteurs sur la santé », explique Plamen Nikolov, l'un des deux économistes à l'origine de l'étude.

    Le déclin cognitif après la retraite n'est pas une fatalité. © Lisa F. Young, Fotolia
    Le déclin cognitif après la retraite n'est pas une fatalité. © Lisa F. Young, Fotolia

    Une question encore trop peu investiguée

    Le contexte très précis dans lequel s'ancre cette étude rend ses conclusions difficilement transposables à des retraités français par exemple, d'autant que la littérature scientifique n'est pas forcément alignée avec celles-ci. Le sujet du déclin cognitif au moment de la retraite ne passionne pas les scientifiques. Une revue systématique parue en 2017 et réalisée par des chercheurs danois du National Research Centre for the Working Environement n'a pu compiler que sept études pertinentes, avec des qualités variables. Leur conclusion est plus nuancée. Certaines études analysées observent un déclin cognitif chez les retraités, d'autres non.

    Globalement, les preuves sont trop divergentes pour se faire un avis définitif sur la question. Les chercheurs danois notent que le déclin cognitif pourrait être plus marqué chez les personnes qui quittent un travail très demandeur mentalement. Les activités pendant la retraite pourraient aussi jouer un rôle. Les inconnues sont encore nombreuses.