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    Les fouilles de Séleucie-Zeugma ont révélé toute la richesse de l'architecture domestique. À l'époque hellénistique et au début de l'époque romaine, les citernes présentes dans la plupart des maisons fournissaient l'eau en grande partie. Le site de Zeugma nous permet de suivre le processus de romanisation du cadre de vie après l'intégration de la ville dans l'Empire romain. 

    Mosaïque d'Éros et Psyché à Zeugma, à Gaziantep, en Turquie. © Klaus-Peter Simon, CC by-sa 3.0
    Mosaïque d'Éros et Psyché à Zeugma, à Gaziantep, en Turquie. © Klaus-Peter Simon, CC by-sa 3.0

    Les fouilles de Séleucie-Zeugma ont également beaucoup apporté pour la connaissance du cadre de vie, à l'époque romaine, dans les confins orientaux de l'Empire. Nous avons découvert des structures très variées : les zones publiques, pour l'instant peu nombreuses à avoir été fouillées, semblent se concentrer dans la partie occidentale du site. Une place pavée a été mise au jour ; elle était bordée de bâtiments publics, parmi lesquels des Archives, découvertes par nos collègues turcs, dans lesquelles plus de 80.000 sceaux commerciaux, en terre cuite, ont été mis au jour : il s'agit, à notre connaissance du plus gros ensemble de sceaux qui ait jamais été trouvé.

    Une monnaie frappée à Zeugma au III<sup>e</sup> s. ap. J.-C. et représentant le temple de Tychè qui se trouvait sur le point culminant du site. © Stéphane Compoint (Corbis Sigma) - Toute reproduction interdite
    Une monnaie frappée à Zeugma au IIIe s. ap. J.-C. et représentant le temple de Tychè qui se trouvait sur le point culminant du site. © Stéphane Compoint (Corbis Sigma) - Toute reproduction interdite

    La prospérité de la ville apparaît aussi grâce aux nombreuses monnaies découvertes qui, outre les frappes locales, proviennent d'ateliers plus ou moins éloignés.

    Une fontaine publique à Zeugma. © Nicolas Mathieu (Mission Zeugma) - Toute reproduction interdite
    Une fontaine publique à Zeugma. © Nicolas Mathieu (Mission Zeugma) - Toute reproduction interdite

    Un peu plus à l'est, une place comportant une fontaine ainsi qu'un escalierescalier monumental conduisant probablement à un sanctuaire put être fouillée quelques jours avant la mise en eau du site. Surtout, ces fouilles ont révélé toute la richesse de l'architecture domestique.

    Vue générale sur une partie des fouilles du quartier résidentiel de Zeugma. © Stéphane Compoint (Corbis Sigma) - Toute reproduction interdite
    Vue générale sur une partie des fouilles du quartier résidentiel de Zeugma. © Stéphane Compoint (Corbis Sigma) - Toute reproduction interdite

    Des maisons en terrasses au cadre de vie fastueux

    La partie orientale du site semble avoir été l'emplacement d'un quartier résidentiel. Plusieurs terrassesterrasses étaient ainsi occupées par de riches maisons mitoyennes qui paraissent, pour la plupart, dater des IIe et IIIe s. ap. J.-C., en tout cas pour leur dernier état. Elles nous permettent d'admirer un cadre de vie choisi et digne des plus grands sites occidentaux. Ces maisons, pour la plupart d'entre elles, ont une superficie relativement limitée qui s'explique certainement par la très forte densité de l'habitat : aux IIe et IIIe s., en plusieurs endroits du site, on voit des maisons empiéter sur le domaine public, place ou nécropole ancienne.

    Les plus riches de ces maisons se caractérisent, tout d'abord, par l'existence d'un ou même de deux espaces ouverts, cours ou jardins. Lorsque leur premier état remonte au Haut Empire, ces espaces ouverts prennent souvent une dimension monumentale grâce à la colonnade qui, selon la mode grecque, les entoure et dont la mode subsiste bien au-delà de l'époque hellénistique. Pourtant, le site de Zeugma nous permet de suivre très précisément le processus de romanisation du cadre de vie qui ne semble véritablement commencer que près de deux siècles après l'intégration de la ville dans l'Empire romain. Tout d'abord, c'est probablement à des modifications dans les modes de vie, qui se rapprochent de ce que l'on connaît en Occident, que l'on peut attribuer le développement tout à fait considérable de l'approvisionnement en eau de la ville. Ainsi, nous avons pu établir que pendant toute l'époque hellénistique et le début de l'époque romaine, les citernes, présentes dans la plupart des maisons, fournissaient la part la plus importante de l'eau.

    Des habitudes de vie qui se modifient

    Seules, à cette époque, sont mises en place, très progressivement, des conduites d'évacuation des eaux sales, ainsi que de gros égouts collecteurs qui ont, avant tout, comme fonction, de drainer les eaux de ruissellement sur un site particulièrement vulnérable de ce point de vue.

    Cela dit, on s'aperçoit qu'à partir de la fin du IIe siècle, les habitudes de vie se modifient : l'approvisionnement en eau de la ville devient beaucoup plus abondant grâce à de nombreuses adductionsadductions qui parcourent le site et devaient être connectées à des aqueducs dont, pour l'instant, nous n'avons pas encore trouvé de trace aux abords de la ville.

    Une fontaine peinte qui alimentait un bassin dans une des plus riches maisons de Zeugma. © Catherine Abadie Reynal (Mission Zeugma ) - Toute reproduction interdite
    Une fontaine peinte qui alimentait un bassin dans une des plus riches maisons de Zeugma. © Catherine Abadie Reynal (Mission Zeugma ) - Toute reproduction interdite

    Ces facilités nouvelles vont de pair avec la constructionconstruction de latrines qui font alors leur apparition dans les maisons les plus riches, et de vastes bassins qui investissent une partie des espaces domestiques ouverts et sont parfois alimentés par de monumentales fontaines peintes.