Une récente enquête révèle que le licenciement représente pour les Français une source d'anxiété voire, pour certains, plus importante que la celle de mort ! La peur d'être congédié est ressentie comme une blessure d'amour-propre et la perte de son emploi, dans ces conditions, est pour beaucoup vécue comme une humiliation démontrant que le travail demeure un puissant marqueur social autour duquel l'identité se construit.


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    Quitter un emploi n'est jamais une chose facile, surtout si l'on n'est pas à l'initiative de cette décision. Pourtant, se faire licencier est une expérience de plus en plus courante sur le marché du travail. Mais cela reste une grande source d'anxiété pour de nombreux salariés, selon un récent sondage. D'anxiété voire même de terreur. Plus des deux tiers des Français redoutent davantage de se faire licencier que d'être malade ou en mauvaise santé, comme l'affirme une enquête menée par le site de conseils en recherche d'emploi, Zety, auprès de 990 salariés. Plus étonnant encore, 54 % des répondants ont déclaré que perdre leur travail leur faisait plus peur que la mort. Si ces déclarations peuvent sembler excessives, il est intéressant de noter que perdre son emploi terrifie moins les salariés plus aguerris. En effet, « seuls » 42 % des actifs ayant une expérience professionnelle de plus de onze ans sont davantage effrayés par la perspective d'être au chômage que de mourir. 

    Le licenciement, une blessure d'amour-propre

    Quoiqu'il en soit, ces résultats montrent à quel point la perte d’un emploi est un choc. Elle peut être vécue comme une humiliation due à l'injustice subie. Ainsi, les trois quarts des sondés admettent avoir ressenti de la honte à l'annonce de leur licenciement. Cette blessure d'amour-propre explique pourquoi un grand nombre de licenciés n'osent pas en parler à leur famille et à leurs amis (70 %). On pourrait croire que les individus exerçant des professions plus précaires ont davantage tendance à cacher leur éviction de l’entreprise à leur entourage, en raison des implications financières de ce changement. Mais il n'en est rien. L'enquête de Zety révèle que les actifs ayant un salaire élevé parlent moins de la perte de leur emploi que ceux aux revenus plus modestes (43 contre 21 %).

    Pour beaucoup de personnes, l'activité professionnelle est un puissant marqueur social autour duquel leur identité s'est construite. Un licenciement peut alors être mal vécu.  © Sergio, Adobe Stock 
    Pour beaucoup de personnes, l'activité professionnelle est un puissant marqueur social autour duquel leur identité s'est construite. Un licenciement peut alors être mal vécu.  © Sergio, Adobe Stock 

    Une identité qui se construit autour de son emploi

    Cette différence s'explique par le fait que le travail reste un puissant marqueur social, même si nos sociétés font de plus en plus attention à la manière dont chacun et chacune occupe son temps libre. Beaucoup de personnes construisent leur identité autour de leur activité professionnelle, ce qui explique pourquoi la question « qu'est-ce que tu fais dans la vie ? » revient aussi souvent dans les conversations.

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    L'importance que l'on accorde au travail en tant que valeur sociale contribue à l'émergenceémergence de deux catégories d'individus : les actifs, qui sont dans la norme parce qu'ils travaillent, et les personnes au chômage, qui en dévient. Ces dernières sont souvent la cible de préjugés, ce qui nuit à leur santé mentale, leur estime de soi et leur insertion professionnelle.

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    Mais être licencié n'est pas une fatalité. Ce changement de situation peut être synonyme de renouveau, surtout s'il permet de quitter une entreprise dans laquelle on ne s'épanouit plus professionnellement. Ainsi, 51 % des personnes interrogées par Zety disent avoir éprouvé de la joie après avoir été congédiées. Ce sentiment vient du fait que les Français sont, dans l'ensemble, optimistes quant à leur capacité à rebondir à la suite d'un licenciement. Quelque 64 % des sondés estiment que cette expérience a été une aubaine pour leur carrière.