Une campagne de fouilles effectuée sur le site de Tel Gezer en 2018 continue de porter ses fruits. En analysant au carbone 14 des graines retrouvées dans les sols de la cité antique, les chercheurs ont réussi à établir une véritable chronologie de l'histoire de la ville, l'une des plus importantes du Levant en son temps. 


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    À 30 kilomètres à l’ouest de Jérusalem, se situe un site archéologique si vieux et important qu’il est cité dans la Bible. La ville antique de Tel Gezer, située en Israël, est continuellement passée au crible des études dirigées par les universitaires. Des données acquises en 2023 ont permis aux archéologues d’en apprendre plus la riche histoire de Gezer et d’établir une chronologie. Un article publié dans Plos One révèle un travail extensif ayant croisé les sources et les récentes découvertes, démontrant la forte activité de Gezer, notamment documentée par les Égyptiens et les Assyriens.

    Analyser des éléments organiques vieux de 3 000 ans

    L’incertitude planait sur la période d’occupation humaine de Gezer. Les archéologues ont levé le voile sur ces questions en prélevant des artefacts et des matériaux dans les sols de la cité. Ce sont 35 échantillons, principalement des graines, qui ont été prélevés à divers endroits et correspondant à différents niveaux stratigraphiques. Ces échantillons permettent aux archéologues d’affirmer que Gezer a été continuellement occupée entre le XIIIe et le Xe millénaire avant J.-C.

    Vue de Tel Gezer depuis les airs, avec une photo prise en 2018. © <em>L. C. Webster and al.</em>
    Vue de Tel Gezer depuis les airs, avec une photo prise en 2018. © L. C. Webster and al.

    Outre la datation seule, les archéologues ont réalisé une analyse démographique, s’appuyant sur le récit de certains événements pour déterminer l’évolution de la cité au fil des siècles. Gezer aurait subi un grand épisode de destruction au cours du XIIe millénaire avant J.-C. Le pharaon Merneptah, ayant régné entre 1213 et 1203 avant J.-C., menait alors une campagne militaire dans le Levant, pillant et ravageant plusieurs villes de la région. La ville a progressivement été reconstruite, avec des réaménagements urbains apportés au fur et à mesure des années. Ces épisodes de destruction se seraient reproduits à plusieurs reprises dans l’histoire de la cité. Ses habitants auraient commencé à déserter Gezer à partir du VIIIe du siècle avant J.-C., la ville perdant en puissance au cours de l’Antiquité, bien qu’elle fût particulièrement prospère durant l’âge de bronze et l’âge de fer.

    Au carrefour du Levant

    Si Gezer possède ce statut légendaire parmi les chercheurs et les archéologues, c’est bel et bien pour son importance dans l’histoire de la région. La cité a possiblement été fondée vers le XIVe siècle avant J.-C., étant déjà considérée comme une ville majeure d’après des messages adressés par les gouverneurs locaux aux pharaons Amenhotep III et Amenhotep IV. Gezer acquiert une véritable importance stratégique, tant sur le plan militaire que commercial. Elle se situe à l’entrecroisement de plusieurs routes s’enfonçant dans les terres ou ralliant la Méditerranée. La visibilité qu’elle offre sur la plaine qui s’étend jusqu’à la mer donne un avantage stratégique considérable, permettant de surveiller l’arrivée de troupes ennemies en cas de guerre. Le site est redécouvert en 1871 par l’archéologue français Charles Clermont-Ganneau. En 150 ans, de nombreuses expéditions s’y sont succédé, démontrant l’importance et la longévité de Gezer, qui continue de révéler ses secrets aujourd’hui.