En 2015, quelques jours après sa découverte, l’astéroïde 2015 TB145 « frôlait » la Terre le soir d’Halloween. Surprise : les premières images dévoilaient alors un astre qui ressemble à une tête de mort affleurant des ténèbres ! L’astéroïde d’Halloween est de retour en 2018...

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    Comme son nom l'indique, 2015 TB145 a été découvert en 2015, le 10 octobre. Cette année-là, comme il passait au plus près de la Terre le 31 octobre, la Nasa avait choisi de le surnommer « la grande citrouillecitrouille », en clin d'œilœil à HalloweenHalloween. Fallait-il avoir peur de cet « astéroïde d'Halloween » -- autre surnom -- qui « frôlait » la Terre ? Pas vraiment. S'aventurant à quelque 486.000 kilomètres de nous, soit un petit plus que la distance moyenne qui sépare la Terre de la Lune, il y avait alors peu de risques qu'il entre en collision avec notre planète.

    Qu'en est-il, en 2018, pour son retour ? Cette année, 2015 TB145 revient dans les parages quelques jours après Halloween. Le 11 novembre exactement ; le petit astéroïde sera alors à 38 millions de kilomètres de la Terre, soit 105 fois plus loin que la Lune l'est de nous (contre 1,3 fois en 2015)... Pas de quoi, donc, s'inquiéter.

    Sur cette image radar réalisée avec le radiotélescope d’Arecibo le 30 octobre, « l’astéroïde d’Halloween » 2015 TB145, surnommé aussi la « grosse citrouille », ressemble à un crâne. © NAIC-Arecibo, NSF

    Sur cette image radar réalisée avec le radiotélescope d’Arecibo le 30 octobre, « l’astéroïde d’Halloween » 2015 TB145, surnommé aussi la « grosse citrouille », ressemble à un crâne. © NAIC-Arecibo, NSF

    Qui est vraiment l'astéroïde d’Halloween ?

    Comme vous l'aurez remarqué sur les images, et comme un fait exprès, cet « astéroïde d'Halloween » a les airs lugubres d'une tête de mort. Cela tombe bien pour Halloween, direz-vous, cela ne le rend que plus effrayant. Du moins, vu sous un certain angle, comme l'ont montré les données radar collectées avec l'observatoire d'AreciboArecibo, à Porto Rico, et de Green Bank, lors de sa visite en 2015 (voir aussi l'article plus bas).

    Grâce à ces observations, les astronomesastronomes ont appris que ce corps mesure entre 625 et 700 mètres de diamètre et qu'il est très sombre, ne réfléchissant que 5 à 6 % de la lumière du SoleilSoleil. Par ses cavités qui le font ressembler à un crânecrâne éclairé à la lueur d'une bougie dans les ténèbres de l'espace, 2015 TB145 intrigue. Surtout que son orbiteorbite allongée autour du Soleil et sa vitessevitesse font aussi douter les chercheurs qu'il s'agisse d'un astéroïde. Selon une étude de 2017, l'astreastre pourrait être un résidu de comètecomète. Une comète éteinte, en somme, épuisée, qui n'exhale plus rien. Un peu comme l'énigmatique Phaéton, pour lequel les astronomes peinent à trancher sur sa vraie nature : astéroïde ou comète ?

    La prochaine fois que l'astéroïde à tête de mort reviendra dans notre voisinage, ce sera encore pour Halloween..., mais Halloween 2088. D'ici là, nous avons rendrez-vous avec deux gros cailloux qui frôleront la Terre : (137108) 1999 AN10, le 7 août 2027 et surtout, Apophis, le 13 avril 2029.


    Des images détaillées de 2015 TB145, l'astéroïde d'Halloween

    Article de Xavier DemeersmanXavier Demeersman publié le 7 novembre 2015

    L'objet 2015 TB145, passé près de la Terre au cours de la soirée d'Halloween, n'était pas vraiment effrayant, même si les premières images radar lui prêtaient une trompeuse apparence de crâne creusé de trous sombres pour les yeux. Celles qui ont été réalisées le 31 octobre avec une antenne de Goldstone montrent davantage de détails de cet astre de 600 m de diamètre qui, selon toute vraisemblance, est le reste (fantôme ?) d'une comète.

    Huit images radar de l’objet 2015 TB145 acquises le 31 octobre 2015 lorsqu’il était entre 710.000 et 690.000 km de la Terre. La surface de ce qui est probablement un noyau cométaire épuisé apparait plus détaillée, montrant ses aspérités et des points plus brillants qui pourraient être des rochers. La résolution est de 3,75 m par pixel. © Nasa, JPL-Caltech, GSSR, NRAO, GB

    Huit images radar de l’objet 2015 TB145 acquises le 31 octobre 2015 lorsqu’il était entre 710.000 et 690.000 km de la Terre. La surface de ce qui est probablement un noyau cométaire épuisé apparait plus détaillée, montrant ses aspérités et des points plus brillants qui pourraient être des rochers. La résolution est de 3,75 m par pixel. © Nasa, JPL-Caltech, GSSR, NRAO, GB

    Surnommé la « grosse citrouille » par la Nasa, l'objet céleste 2015 TB145 est passé comme prévu discrètement et en « toute sécurité » dans notre voisinage, au cours de la soirée d'Halloween, le 31 octobre dernier. Au plus près de la Terre, à 18 h 05 en France métropolitaine, le géocroiseurgéocroiseur était à environ 480.000 km soit 1,3 fois la distance moyenne qui nous sépare de la Lune.

    Découvert quelques jours auparavant, le 10 octobre, avec le télescopetélescope Pan-Staars 1 à Hawaï chargé de sonder le ciel pour détecter ce type de corps céleste qui pourrait représenter une menace, 2015 TB145 a été dans un premier temps qualifié d'astéroïde. Toutefois, son orbite elliptique très inclinée sur le plan de l'écliptiqueplan de l'écliptique, de même que sa vitesse relative élevée (35 km/s) et son fort albédoalbédo suggèrent qu'il s'agit plutôt d'un noyau cométaire qui aurait épuisé toutes ses réserves de matériaux volatils (aucun dégazagedégazage n'a été en effet signalé). « Nous avons trouvé que l'objet réfléchit environ 6 % de la lumière qu'il reçoit du Soleil, rapporte Vishnu Reddy. Ce qui est similaire à de l'asphalte frais. Alors qu'ici sur Terre, nous pensons que c'est plutôt sombre, c'est aussi brillant qu'une comète typique qui réfléchit seulement entre 3 et 5 % de la lumière. » Pour le chercheur au Planetary Science Institute de Tucson en Arizona, en l'absence d'une chevelure (comacoma), « la conclusion est qu'il s'agit d'une comète morte ».

    Sur cette image radar réalisée avec le radiotélescope d’Arecibo le 30 octobre, « l’astéroïde d’Halloween » 2015 TB145, surnommé aussi la « grosse citrouille », ressemble à un crâne comme sur les drapeaux des pirates ! La résolution est de 7,5 m par pixel. © NAIC-Arecibo, NSF

    Sur cette image radar réalisée avec le radiotélescope d’Arecibo le 30 octobre, « l’astéroïde d’Halloween » 2015 TB145, surnommé aussi la « grosse citrouille », ressemble à un crâne comme sur les drapeaux des pirates ! La résolution est de 7,5 m par pixel. © NAIC-Arecibo, NSF

    Un noyau cométaire géocroiseur dépeint par les radars

    Voilà qui est plutôt heureux pour les spécialistes qui y ont vu bien sûr une très belle opportunité d'observer (d'assez près) un noyau cométaire depuis chez soi, la Terre. Plusieurs radiotélescopesradiotélescopes étaient sur le coup pour caractériser l'impromptu 2015 TB145.

    Sur les premiers portraits réalisés le 30 octobre avec la grande antenne de 305 mètres d'Arecibo, à Porto Rico, on distinguait la silhouette d'un astre presque sphérique. Son diamètre a été estimé à 600 mètres. Deux sombres cavités à sa surface n'ont pas manqué d'évoquer les orbites oculairesoculaires d'un crâne (voir 2015 TB145 en rotation). Cette ressemblance s'est estompée sur les images radar d'une résolutionrésolution supérieure (3,75 mètres par pixelpixel) acquises le lendemain avec l'antenne DSSDSS-14 (70 mètres) de Goldstone, en Californie. Le signal émis qui a rebondi sur le corps céleste alors distant de 710.000 à 690.000 km de la Terre, a été intercepté par le radiotélescope de Green Bank du NRAO (National Radio Astronomy Observatory), en Virginie de l'Ouest. On y distingue des « portions de la surface qui n'avaient pas été vues précédemment, souligne Lance Benner, qui dirige le programme de recherche d'astéroïdes de la Nasa, révélant des concavités prononcées, des taches plus brillantes qui pourraient être des rochers, et d'autres reliefs complexes qui pourraient être des crêtes ».

    2015 TB145 repassera dans les parages en septembre 2018, mais à quelque 38 millions de kilomètres, ce qui représente un quart de la distance Terre-Soleil. Dans son communiqué, la Nasa se targue d'avoir mis en place le « plus robuste et productif programme de détection d'objets proches de la Terre », ou NEO (Near-Earth Objects), affirmant avoir découvert jusqu'à présent 98 % de la totalité connue.