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François Vannucci

François Vannucci

Enseignant Chercheur Physique

Neutrinos

La recherche fondamentale a pour seul objectif la production de savoir. C’est une recherche « gratuite », sans espoir d’applications pratiques ; il n’y a pas de brevet sur l’âge de l’Univers. Or la recherche aux extrêmes recoins de la connaissance devient de plus en plus lourde et coûte de plus en plus cher, et le public n’est pas naturellement demandeur. En ce sens, le nouveau complexe accélérateur du CERN, le LHC, constitue la culmination d’un effort proprement pharaonique. Il faut donc communiquer pour expliquer et tenter de faire passer le message fort que la recherche donne tout son sens à l’aventure humaine. Comprendre l’Univers qui nous entoure, c’est aborder l’une des questions fondamentales qui répondra un jour à l’énigme de notre pourquoi, du moins peut-on l’espérer. Le scénario de la Création, aujourd’hui dénommé Big Bang, avec sa période d’inflation, son combat entre particules et antiparticules, sa fougueuse expansion, est aussi beau à raconter qu’un mythe grec. Or cette connaissance provient directement de l’utilisation de télescopes et d’accélérateurs chaque jour plus performants. Expliquer au public les enjeux de cette science est une impérieuse nécessité, Futura-Sciences y contribue en essaimant la culture scientifique, et on ne peut que l’encourager.

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Biographie

Je suis né... avec 3 jours de retard, mais ce ne fut pas un handicap rédhibitoire pour la suite.

Normalien de Saint-Cloud (école ensuite transférée à Lyon), j'ai d'abord été chercheur au CNRS puis professeur à l'université Paris 7-Denis DiderotDenis Diderot depuis 1981.

Dans ma carrière, j'ai eu de la chance. Postdoc à Stanford, je me suis retrouvé dans l'expérience la plus titrée de la physiquephysique des particules. Au total, j'aurai côtoyé quatre Prix Nobel dans les équipes au sein desquelles j'ai travaillé.

De retour en Europe, je me suis consacré à l'étude des neutrinosneutrinos, minuscules particules plutôt fascinantes qui gardent encore bien des secrets. Autour de leur mystère, j'ai initié plusieurs expériences tant au CERNCERN qu'au laboratoire américain de Brookhaven.

Ces expériences ont produits des mesures intéressantes, mais aucune découverte majeure n'y fut faite... ce qui est le cas de bien des expériences. La communication étant devenue une nécessité de plus en plus pressante, depuis quelques années, je me consacre à l'écriture. J'ai d'abord publié un roman policier sur les neutrinos, puis plusieurs ouvrages de vulgarisation, une étude sur Marcel Proust, ainsi que deux pièces de théâtre jouées en particulier dans les lycées.

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métier

Un enseignant-chercheur a quelque chose à voir avec Janus : il possède deux faces bien différenciées. Un enseignant enseigne, c’est le moins qu’on puisse lui demander, et j’ai eu l’occasion d’enseigner la physique à tous les niveaux de l’université. Avant de se présenter en amphi, il faut bien sûr préparer le cours, ce qui constitue un investissement non négligeable. D’autant qu’à Paris 7, on n’a pas le droit de s’encroûter, puisqu’il faut tourner tous les trois ans. Dans les universités américaines, il existe des « office hours » pendant lesquelles l’enseignant tient porte ouverte pour les étudiants éventuels. En France cela n’existe pas officiellement, mais une partie de la tâche consiste à être disponible. Dans le travail d’enseignant, il y a plus ou moins un programme à suivre, même si on peut se permettre d’injecter des notions de physique moderne au milieu d’un cours de mécanique classique. Dans le travail de recherche, en revanche, c’est la fantaisie complète. Il n’y a pas de programme préétabli puisque la recherche se situe aux franges de l’inconnu, là où la curiosité reste le seul guide. Bien sûr ce discours est théorique, et les idées originales ne se trouvent pas chaque jour au bureau après avoir réfléchi un bon coup. Il y a donc une routine, mais pas vraiment de journée-type. Il faut d’abord se tenir au courant de l’évolution des idées dans la spécialité. Cela est très facilité aujourd’hui grâce à Internet. Il y a encore vingt ans, chaque laboratoire du monde envoyait ses « preprints », c’est-à-dire les articles écrits par ses propres chercheurs, dans les laboratoires équivalents de la planète. Pour se tenir au courant il fallait donc parcourir une centaine d’articles par semaine. Aujourd’hui, les publications apparaissent immédiatement sur l’écran de l’ordinateur grâce à internet ; ceci a l’avantage collatéral de réduire les frais de courrier. Entre temps, l’inflation a opéré, et si l’on voulait lire l’ensemble des articles, on y passerait tout son temps. Les idées originales peuvent venir d’une nuit d’insomnie, ou d’une promenade en forêt, et quand l’idée vaut quelque chose, il faut la mettre en musique, c’est-à-dire, faire les calculs nécessaires, mettre en forme une proposition d’expérience, pondre des demandes de subvention, défendre l’expérience proposée devant des comités. Et quand l’expérience est approuvée, il faut la construire, prendre des données, analyser les résultats. La recherche peut donc être une aventure excitante qui aboutit à des publications que d’autres liront, et la boucle est bouclée.