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Benoît Rittaud

Benoît Rittaud

Mathématicien

La surabondance d'informations invérifiables mises en ligne par des personnes mal renseignées est un problème majeur posé à cet outil par ailleurs irremplaçable qu'est Internet. L'esprit « démocratique » de certains sites (comme une encyclopédie ouverte bien connue), s'il part d'une bonne intention et peut à l'occasion produire d'excellentes choses, est en retrait par rapport à l'idée que je me fais du savoir en général. À mon sens, et tant pis si cela peut paraître rétrograde, nous ne sommes pas tous égaux devant la connaissance et la meilleure volonté du monde des amateurs ne peut pas se substituer valablement aux connaissances des spécialistes (même si les compétences de ceux-ci ne doivent surtout pas être idéalisées). Futura Sciences me semble une heureuse manière de concilier la nécessaire ouverture de la science au plus grand nombre avec la vigilance qui s'impose sur le sérieux des informations délivrées. Spécialistes comme amateurs y ont un rôle à jouer : aux premiers la responsabilité d'informer, aux seconds celle de questionner, de pousser les experts dans leurs retranchements et de porter un regard critique de citoyens sur les activités des scientifiques, activités qui concernent la collectivité toute entière.

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Biographie

Je suis enseignant-chercheur en mathématiques, maître de conférencesmaître de conférences à l'université Paris-13, au sein du laboratoire d'analyse, géométrie et applicationsapplications (institut GaliléeGalilée).

Mon activité professionnelle purement « académique » se partage donc en deux morceaux, l'un concerne l'enseignement (à des niveaux divers, post-bac) et l'autre la recherche. Concernant cette dernière, le fait que ma thèse soit sobrement intitulée « Convergence ponctuelle de moyennes ergodiques non conventionnelles et distribution asymptotique de suites oscillantes » a de quoi dissuader n'importe quel lecteur normalement constitué d'essayer d'en savoir davantage. Je ne vais donc pas m'étendre (quelques éléments se trouvent sur ma propre page web :
http://www.math.univ-paris13.fr/~rittaud ).

Pour faire simple et bref, disons que mes travaux de recherche concernent à l'heure actuelle principalement la théorie des nombres et les systèmes dynamiques.

Parallèlement à ces activités académiques, je m'intéresse depuis une quinzaine d'années à la vulgarisation des mathématiques, sous trois formes différentes :

  • le journalisme magazine

Après avoir longtemps collaboré au magazine Tangente, en tant qu'auteur puis en tant que rédacteur en chef adjoint, je m'occupe aujourd'hui d'une double page mensuelle d'actualités mathématiques dans le magazine La Recherche.

  • la présentation d'exposés

Se rendre dans des établissements scolaires, des médiathèques et des structures dédiées à la science (comme la Cité des Sciences et de l'Industrie) pour y présenter des exposés sur divers sujets mathématiques en s'adressant à des publics variés est un moyen que je crois efficace pour mieux comprendre les attentes et les besoins de la collectivité par rapport aux mathématiques. Soucieux d'impliquer les mathématiciensmathématiciens professionnels dans cette démarche, je coordonne les « Promenades mathématiques », une initiative de la Société mathématique de France et de l'association Animath qui consiste en un catalogue en ligne de conférences mathématiques destinées à être présentées dans des lycées, des médiathèques, des comités d'entreprises...
Le site des promenades mathématiques

  • la publication de livres à destination du grand public

Ces ouvrages, tous publiés aux éditions Le Pommier, sont conçus selon des perspectives différentes. Trois d'entre eux (La Géométrie classique, Espaces et dimensions et Hasard et probabilités) présentent des mathématiques classiques à l'intention de lecteurs désireux de s'initier ou de redécouvrir les mathématiques avec un regard d'adulte. Deux autres (Faut-il avoir peur des maths ? et Qu'est-ce qu'un nombre ?), très courts, présentent quelques faits et réflexions générales à l'intention d'un public étranger aux mathématiques. Dans L'Assassin des échecs et autres fictions mathématiques, je me suis essayé à l'écriture de nouvelles ; chacune d'elles présente une dimension mathématique plus ou moins cachée, détaillée dans des prolongements (séparés des histoires elles-mêmes).

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Enfin, mon dernier ouvrage (dont quelques extraits constituent ma « carte blanche » sur le site de Futura-Sciences) s'intitule Le fabuleux destin de √2. Il s'agit d'un ouvrage de synthèse sur la racine carrée de 2, une constante fondamentale des mathématiques dont l'importance est paradoxalement méconnue de beaucoup de mathématiciens. Écrire cet essai m'a montré que la frontière est poreuse entre recherche, enseignement et vulgarisation et que tenter de rendre claires et intelligibles à un large public des idées parfois complexes se révèle à l'occasion une méthode féconde pour la recherche de résultats mathématiques nouveaux.

Parce que je considère que chacun doit se construire son propre parcours sans trop se soucier de savoir si celui-ci ressemble ou non à celui de son voisin, j'aime autant ne pas m'étendre sur mon cursus. Cela m'est d'autant plus facile que je n'ai eu les honneurs d'aucune distinction digne d'être signalée, en-dehors des diplômes patiemment accumulés au fil des ans et qui m'autorisent aujourd'hui à me présenter comme mathématicien.

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métier

Les mathématiques, ça n'est jamais quotidien, c'est toujours nouveau. L'espoir de tomber un jour sur un résultat original et intéressant n'est sans doute pas très éloigné de celui de l'explorateur qui rêve de découvrir une nouvelle terre, belle et inexplorée. L'exploration du continent mathématique apparaît en général aussi touffue aux chercheurs que l'apparaissait celle de la forêt amazonienne par les explorateurs des siècles passés : on avance à coup de machette, on se trompe de route, on se perd souvent et parfois longtemps, on ne saurait pas dire avec précision ce qu'on fait là, et pourtant on n'aimerait pas être ailleurs. Car là où l'on est, et malgré toutes les difficultés, on se sent profondément libre. Cette liberté du mathématicien transparaît dans les outils qu'il utilise : s'il a parfois besoin d'un ordinateur et de livres, une bonne part de son travail ne nécessite souvent que trois choses : une feuille de papier, un crayon et de la patience. Il est des moments où l'on préfère avancer seul et d'autres où il est plus efficace de travailler à plusieurs. Il est des moments où tout se bloque et où l'on perd le sommeil à force de s'acharner sur un problème. Il est des moments où l'on doute de la pertinence ou de l'intérêt de la question à laquelle on cherche à répondre. Il est des moments où l'on se désole de ne pouvoir faire percevoir à son entourage la beauté de tel ou tel résultat et où l'on s'agace des réflexions stéréotypées sur les « savants perdus dans leurs chiffres ». Il y a l'instant magique où la solution apparaît. Il y a l'instant terrible où cette solution se révèle n'être qu'un mirage. Il y a la satisfaction de présenter enfin à ses collègues les résultats de travaux fruits de plusieurs mois de labeur. Le point commun à chacun de ces moments heureux ou malheureux est pour moi le sentiment de participer à une aventure extraordinaire de la pensée humaine, commencée il y a quatre mille ans, unissant des personnes et des civilisations complètement différentes, et qui se poursuivra encore pendant des millénaires.