Après deux jours d’opérations à succès à la surface, le module de remontée de la sonde chinoise Chang’e 6 a quitté le sol de la face cachée de la Lune dans la nuit du 3 au 4 juin dernier. Il a maintenant rejoint le module orbital. Le retour vers notre Planète approche.


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    Les opérations de Chang' 6 avancent bien, et l'agence spatiale chinoise nous partage de beaux clichés au fil des étapes à accomplir pour rapporter sur Terre les tout premiers échantillons lunaires provenant du sol de la face cachée.

    Retour vers la Terre

    Après 48 heures très intenses sur le sol sélène du cratère ApolloApollo, le module de remontée de Chang'e 6 a quitté la Lune le 4 juin. C'était le tout premier décollage d'un engin depuis la face cachée de la Lune. Le 6 juin à 8 h 48 heure française, le module de remontée s'est joint au module orbital.

    Une fois de plus, la Chine a réussi à réaliser un rendez-vous orbital automatique en orbite lunaire. À ce jour, elle est la seule nation à y être parvenue (les rendez-vous des missions Apollo étaient pilotés manuellement tandis que les sondes soviétiques Luna qui avaient décollé de la surface repartaient directement vers la Terre).

    Pour se joindre au module de remontée (contenant la capsule d'échantillons), le module orbital s'est littéralement agrippé à lui : les deux modules se sont d'abord approchés à vitesse réduite, puis le module orbital a déployé des grappins autour des barres de l'autre module.

    Extraordinaire selfie de Chang'e 6 pris sur la Lune ! © CNSA, Clep
    Extraordinaire selfie de Chang'e 6 pris sur la Lune ! © CNSA, Clep

    Transfert des échantillons

    Peu après la jonction des deux modules, la capsule contenant près de deux kilos de roches lunaires a été transférée à 9 h 24 heure française. Depuis, Chang'e 6 demeure en orbite lunaire, le temps de trouver le bon créneau pour revenir vers la Terre. À ce moment-là, le module de remontée sera largué, et le module orbital allumera son moteur principal pour quitter l'orbite lunaire, afin de gagner notre Planète le 25 juin prochain. Jusqu'à maintenant, la mission est une réussite, illustrant les ambitions lunaires de la Chine.


    Chang’e 6 a prélevé des échantillons et devient la 1ère sonde à quitter la face cachée de la Lune !

    Article de Daniel ChrétienDaniel Chrétien, publié le 4 juin

    Deux jours après son alunissage, Chang'e 6 a fini de prélever des échantillons du sol sélène. Le module de remontée a quitté la surface la nuit dernière, devenant le tout premier véhicule humain à quitter le sol lunaire depuis la face cachée !

    Même si la mission est une répétition un tantinet améliorée de la première mission chinoise de retour d'échantillons lunaires Chang'e 5Chang'e 5 (2020), Chang'e 6 montre une fois de plus le succès de la Chine sur la Lune !

    Après un alunissage réussi dans la nuit du 1er au 2 juin, Chang’e 6 a passé 48 heures à récolter, forer, puis rassembler des échantillons de sol lunaire. Pour la première fois de l'Histoire, des échantillons issus de la face cachée de la Lune sont en route vers la Terre !

    Vue depuis la caméra panoramique de Chang'e 6, située dans le cratère Apollo. © CNSA, Clep
    Vue depuis la caméra panoramique de Chang'e 6, située dans le cratère Apollo. © CNSA, Clep

    Des images impressionnantes

    Au bout de 48 heures d'opérations in situ au cours desquelles la communication était très discrète, l'agence spatiale chinoise a publié un lot d'images prises au sol ces deux derniers jours. La plus impressionnante est sans doute ce selfieselfie de l'atterrisseur pris à l'aide d'un petit rover équipé d'une caméra.

    Environ deux kilos de roches et de poussière ont été collectés soit au sol à l'aide d'un bras robotiquerobotique long de plusieurs mètres, soit en profondeur  grâce à une foreuse (une première).

    Cette image prise par une caméra embarquée montre le bras robotique de l'atterrisseur en train de collecter des échantillons du sol. C'est la première fois que l'on récolte des échantillons de la face cachée ! ©  CNSA, Clep
    Cette image prise par une caméra embarquée montre le bras robotique de l'atterrisseur en train de collecter des échantillons du sol. C'est la première fois que l'on récolte des échantillons de la face cachée ! ©  CNSA, Clep

    Comme autres opérations sur place, les instruments scientifiques à bord de l'atterrisseur semblent avoir bien fonctionné. Dans un communiqué, le Cnes a précisé que le détecteur de radon français Dorn avait été mis en marche sept heures après l'alunissage.

    Transfert en orbite avant le retour sur Terre

    Selon le centre de contrôle de Pékin, le module de remontée a quitté la surface cette nuit à 01 h 38 du matin (heure de Paris). Le module s'est positionné de façon autonome en orbite autour de notre satellite à une altitude de 185 kilomètres.

    Il est censé augmenter son altitude avant de rejoindre le module de croisière pour y transférer les échantillons dans les prochains jours. Ensuite, le module de croisière repartira vers la Terre pour y larguer la capsule contenant les roches.


    En images : une nouvelle mission chinoise s'est posée sur la face cachée de la Lune

    Article de Daniel Chrétien, publié le 3 juin 2024.

    La sonde chinoise Chang'e 6 s'est posée avec succès à la surface du cratère Apollo, sur la face cachée de la Lune, à 00 h 23 (heure de Paris) dans la nuit de samedi à dimanche. C'est la quatrième fois que la Chine réussit à se poser sur la Lune. Dans peu de temps, Chang'e 6 redécollera pour emporter de nouveaux échantillons lunaires vers la Terre.

    C'est un nouveau succès pour le programme lunaire chinois, nouveau chapitre d'un sans-faute indispensable au vu des ambitions titanesques de la Chine sur la Lune (un Chinois sur la Lune d'ici 2030).

    Chang’e 6 est la quatrième sonde chinoise à se poser sur la Lune, et la troisième sonde tous pays confondus à alunir cette année, après la sonde japonaise Slim (qui a la tête en bas)), et la sonde américaine privée Odysseus (tombée sur le côté après un alunissage un tantinet secoué).

    48 heures pour récolter les échantillons

    Prévue en remplacement en cas d'échec, Chang'e 6 est un bis repetita de la précédente mission - Chang'e 5 - pour rapporter des échantillons lunaires sur Terre. L'agence spatiale chinoise a juste décidé de corser un peu les choses en tentant de rapporter pour la première fois des échantillons depuis le sol de la face cachée.

    Image prise par la caméra embarquée juste avant l'alunissage, où on voit la surface se faire balayer par le souffle du moteur principal en train de freiner une ultime fois dans la descente verticale avant de toucher le sol lunaire. © Cnsa, Clep
    Image prise par la caméra embarquée juste avant l'alunissage, où on voit la surface se faire balayer par le souffle du moteur principal en train de freiner une ultime fois dans la descente verticale avant de toucher le sol lunaire. © Cnsa, Clep

    Le temps est compté. Chang'e 6 ne reste que peu de temps (48 heures maximum) à la surface. À l'heure où nous écrivons ces lignes, la collecte des deux kilos d'échantillons est supposée être terminée, et la capsule les contenant est censée être transférée dans le module de remontée de l'atterrisseur.

    En plus d'échantillons récupérés au sol, l'agence spatiale chinoise a tenté pour la première fois de collecter des roches à l'aide d'une foreuse. Les scientifiques espèrent rapporter des roches issues du manteaumanteau, situé sous la croûtecroûte lunaire. Le site de prélèvement est localisé dans le grand bassin Aitken, réputé pour contenir de tels échantillons à la surface.

    Un détecteur de radon français à bord

    Pour la première fois, un instrument scientifique français est sur la Lune ! Le détecteur de radon Dorn, développé par le Cnes et l'Institut de recherche en astrophysique et planétologie de Toulouse, est censé fonctionner pendant les 48 heures d'opérations de Chang'e 6 sur le sol lunaire. Il doit détecter du radonradon se trouvant à la surface, qui peut servir de traceur d'uraniumuranium et d'eau.

    Chang'e 6 s'est posée dans l'hémisphère sud lunaire, aux coordonnées 41.64° S et 153.86° O (point bleu au centre de l'image prise plus tôt par la sonde américaine LRO), avec une erreur de près de 16 kilomètres par rapport au point visé. © Nasa, <em>Arizona State University LRO/LROC</em> Lunar QuickMap
    Chang'e 6 s'est posée dans l'hémisphère sud lunaire, aux coordonnées 41.64° S et 153.86° O (point bleu au centre de l'image prise plus tôt par la sonde américaine LRO), avec une erreur de près de 16 kilomètres par rapport au point visé. © Nasa, Arizona State University LRO/LROC Lunar QuickMap

    Ni Dorn ni Chang'e 6 ne semblent avoir été affectés par la gigantesque tempêtetempête solaire qui a frappé la Terre du 10 au 13 mai, nous permettant le luxe d'admirer des aurores boréales partout en France. Chang'e 6 était en orbite lunaire à ce moment-là. Selon nos informations, Dorn a fait des mesures pendant les quelques semaines passées en orbite, mais l'instrument était éteint lors du pic de la tempête.


    Une sonde chinoise va se poser sur la face cachée de la Lune

    Article écrit par Daniel Chrétien, publié le 5 mai 2024.

    La sonde Chang'e 6 de l'agence spatiale chinoise (CNSA) a décollé avec succès à bord d'une fuséefusée Long March 5. Elle est en route vers notre satellite en vue d'un alunissage le 2 juin. Ensuite, démarrera la toute première collecte d'échantillons sur la face cachée de la Lune.

    Chang'e 6 a décollé ce vendredi 3 mai à 11 h 27, heure de Paris, depuis le Wenchang Space Center, au sud de la Chine. Peu après midi, le succès de la séparationséparation de la sonde et du lanceurlanceur est confirmé. Chang'e 6 est maintenant en route vers la Lune.

    Voir aussi

    Que va faire la Chine sur la face cachée de la Lune ?

    C'est la sixième mission du programme d'exploration lunaire chinois, après Chang'e 1 (2007) et Chang'e 2 (2010) en orbite lunaire, Chang'e 3 (2013, premier posé), Chang'e 4Chang'e 4 (2018, premier alunissage sur la face cachée), et Chang'e 5 (2020, premier retour d'échantillons lunaires sur Terre).

    Décollage sous la pluie

    En dépit d'un ciel bien chargé en nuagenuage, la fusée Long March 5 a décollé à l'heure. C'est actuellement la plus puissante fusée chinoise (un peu plus puissante qu'Ariane 5). Long March 5 a notamment servi à lancer Chang'e 5, Tianwen-1 vers Mars, ou encore les modules de la station spatiale chinoisestation spatiale chinoise.

    Peu après le décollage, les quatre gros boostersboosters latéraux (dont les moteurs fonctionnent à base de kérosènekérosène et d'oxygèneoxygène liquideliquide) se sont séparés du corps central (fonctionnant à base d'hydrogènehydrogène et d'oxygène liquides). Le vol s'est poursuivi pendant quelques minutes avant que l'étage principal du corps central se sépare de l'étage supérieur. Peu après, a été éjectée la coiffe protégeant la sonde des frottements provenant de la traversée de notre atmosphèreatmosphère.

    La sonde Chang'e 6 sur son adaptateur avec le bout du lanceur Long March 5. Dans la moitié basse (en doré) se trouve le module de service, qui restera en orbite puis reviendra vers la Terre. Il porte au-dessus l'atterrisseur qui contient un module de descente (avec les jambes) et un module de remontée (en haut) qui décollera de la Lune avec les échantillons, et les transmettra au module de service avant le retour sur Terre. Sur le flanc gauche de l'atterrisseur, on distingue un petit rover chinois ; sur le flanc droit, se tient en position inclinée le détecteur de radon français Dorn. © CNSA, Casc
    La sonde Chang'e 6 sur son adaptateur avec le bout du lanceur Long March 5. Dans la moitié basse (en doré) se trouve le module de service, qui restera en orbite puis reviendra vers la Terre. Il porte au-dessus l'atterrisseur qui contient un module de descente (avec les jambes) et un module de remontée (en haut) qui décollera de la Lune avec les échantillons, et les transmettra au module de service avant le retour sur Terre. Sur le flanc gauche de l'atterrisseur, on distingue un petit rover chinois ; sur le flanc droit, se tient en position inclinée le détecteur de radon français Dorn. © CNSA, Casc

    C'est au bout de plusieurs dizaines de minutes que le second étage de Long March a mis en marche son moteur, avant que la sonde se sépare. Une fois libre, Chang'e 6 a déployé ses panneaux solaires.

    En route vers la face cachée

    Le voyage de Chang'e 6 vers la Lune durera environ cinq jours, négociant quelques manœuvres de correction de trajectoire. La sonde restera ensuite en orbite pendant plusieurs semaines avant que le module d'atterrissage se pose le 2 juin dans le cratère Apollo, dans le bassin Aitken.

    Replay en français du décollage. © Rêves d'Espace

    Les communications depuis la face cachée passeront par le satellite relais Queqiao-2. Chang'e 6 emporte un détecteur de radon développé en France, qui sera le premier instrument scientifique français sur la Lune.