L’US Space Force vient de retrouver et d’identifier un satellite perdu depuis 25 ans. Datant de l’époque de la guerre froide, il n’a jamais pu fonctionner et s’est transformé en un déchet spatial à surveiller en raison des risques de collision.


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    170 millions de débris spatiaux tournent au-dessus de nos têtes en orbiteorbite terrestre basse. Pour la grande majorité, il s'agit d'objets de petite taille, mais avec une vitessevitesse d'environ 27 000 km/h, l'impact d'un débris, gros comme une balle de ping-pong, peut être fatal à un engin opérationnel dans l'espace et notamment pour l'ISS. La Station spatiale internationaleStation spatiale internationale effectue régulièrement des manœuvres pour éviter les collisions avec ce genre d'objets.

    C'est pour cette raison que, depuis le sol, on suit les plus importants. Environ 55 000 débris sont ainsi traqués en permanence par le réseau mondial de surveillance spatiale (SSN). Sur cette quantité, 27 000 sont des propulseurspropulseurs de fuséefusée usagés, des épaves de satellites ou des satellites toujours opérationnels.

    Or, l'US Space Force vient justement de localiser un petit satellite expérimental lancé en 1974 qui avait été porté disparu depuis deux décennies. Il s'agit du (IRCB) S73-7. L'engin faisait partie d'un gigantesque satellite militaire espion, le KH-9 Hexagon. Pesant plus de 13 tonnes, l'engin avait été lancé à environ 800 kilomètres au-dessus de la Terre. Il s'agissait alors d'un des plus grands systèmes optiques d'espionnage de la guerre froide.

    Des clichés étaient pris par les appareils photos, puis les pellicules envoyées vers la Terre. Le lanceurlanceur du satellite embarquait également le S73-7. Celui-ci était expérimental et n'était pas spécialement un petit gabarit avec ses 184 kilos comprenant son moteur-fusée pour qu'il puisse atteindre sa propre orbite. Son objectif était de déployer une cible d'étalonnage pour des équipements de télédétection électromagnétique. Il s'agissait alors d'un petit ballon gonflable. Mais voilà, le ballon du S73-7 ne s'est pas suffisamment gonflé pour atteindre son diamètre prévu de 66 centimètres.

    Illustration d’époque du satellite KH-9 Hexagon de l'Air Force. C’est avec celui-ci qu’a été déployé le petit satellite IRCB (S73-7) en 1974. © US Air Force
    Illustration d’époque du satellite KH-9 Hexagon de l'Air Force. C’est avec celui-ci qu’a été déployé le petit satellite IRCB (S73-7) en 1974. © US Air Force

    Un déchet spatial à ne pas perdre de vue

    L'engin a finalement très rapidement disparu du réseau de surveillance au sol et s'est ainsi immédiatement transformé en déchetdéchet spatial. Ce n'est qu'au début des années 1990 que le S73-7 a finalement été identifié à nouveau. Mais il a été encore une fois perdu. C'est donc 25 ans après que le 18e Escadron de défense spatiale de l’ US Space Force a redécouvert et pu identifier le ballon expérimental.

    Comment est-il possible de perdre un tel objet, puis de le retrouver des dizaines d'années après ? Tout simplement, parce que parmi les nombreux débris, ce type de déchet spatial ne dispose pas de système d'identification. Pour être certain qu'il s'agisse bien de lui, il faut faire correspondre un objet détecté à la trajectoire orbitaleorbitale prévisible d'un satellite. Cela ne pose pas de souci dans des zones où l'on ne trouve pas beaucoup de débris, mais si le S73-7 a été perdu, c'est sans doute parce qu'il se trouvait dans une zone assez dense en déchets spatiaux.

    Quoi qu'il en soit, l'engin est maintenant traçable, en espérant qu'il ne soit pas à nouveau perdu. Un astrophysicien estime qu'il est descendu d'un peu plus de 14 kilomètres par rapport à son orbite initiale de 800 kilomètres. Autant dire qu'il n'est pas prêt d'entrer dans l'atmosphèreatmosphère terrestre pour s'y consumer.