L'Office national des recherches scientifiques, industrielles, agricoles et des inventions, créé en 1922, regorge de projets insolites, brillants ou abandonnés. Voici quelques exemples pour vous plonger dans le monde des savants de l'entre-deux-guerres !
La détection par les sons ? Longtemps avant la création de l'Office, le sujet avait déjà été largement exploré et avait débouché sur des réalisations capitales dans le domaine de la détection militaire acoustique.
La détection militaire des sous-marins : le sonar de Paul Langevin
Le physicien Paul Langevin, proche de Jules-Louis Breton et toujours soucieux des travaux accomplis à Meudon après l'Armistice, avait mis au point pendant la première guerre mondiale, en s'inspirant des travaux de Pierre Curie, un instrument dont le succès ne s'est jamais démenti : le sonar, et son écho si caractéristique - « bip... bip... » -, pour le repérage des sous-marins.
Évidemment, les recherches menées à partir de 1935 pour le repérage acoustique des avions (avec des dispositifs fixes plus ou moins imposants - ou des troupes ennemies en mouvement - avec de « grandes oreilles » destinées aux éclaireurs de l'armée) paraissent empreintes du plus grand amateurisme.
Le réarmement allemand et les recherches d'acoustique militaire
Cependant 1935 est une belle année pour redonner la priorité aux recherches à caractère militaire. Chaque mois, les nouvelles qui arrivent d'outre-Rhin encouragent en effet cette initiative : en janvier, la Sarre est réincorporée au Reich ; en février, le chancelier allemand Adolf Hitler décrète la renaissance de la Luftwaffe ; en mars, il rétablit le service militaire obligatoire et porte son armée de 100.000 à 500.000 hommes, un contingent dont les Juifs sont exclus dès le mois de mai ; puis, en juin, c'est au tour de la marine de guerre allemande de s'engager sur le chemin d'un réarmement général...
À l'heure où la Grande-Bretagne et l'Allemagne enregistrent des progrès déterminants dans la mise au point des radars, qui montreront toute leur importance pendant la seconde guerre mondiale, ces travaux révèlent le retard technique dans lequel l'armée française est en train de s'enliser : les avions sont désormais trop rapides pour que des cornets acoustiques améliorés lui soient de quelque utilité ; et que pourront faire ces étranges oreilles face à la grande symphonie mécanique des divisions de chars qui déferleront bientôt sur la France ?