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    Apparu au siècle dernier, l'e-book a clairement raté son entrée. C'est au début de l'année 2001 que la société Cytale, fondée par un visionnaire du calibre de Jacques Attali, a proposé son lecteur d'eBook pour une somme de plus de cinq mille francs (environ 800 de nos euros).

    L'ebook, le livre électronique. © Piotr Adamowicz, Fotolia

    L'ebook, le livre électronique. © Piotr Adamowicz, Fotolia

    À l'époque, on avait beau chercher, il n'était pas possible de justifier une telle dépense. Un journaliste s'était même amusé à calculer le nombre de livres de poche qu'il serait possible d'acheter avec une telle somme et avait donné le chiffre de 160.

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    (Cliquer pour agrandir.) Ecran verdâtre aux allures de calculatrice géante, le Rocket ebook et ses pairs ne sont pas parvenus à convaincre. © Franklin Electronics

    À cette époque, le Cybook de Cytale était loin d'être seul. Les premières tablettes étaient apparues aux Etats-Unis dès 1998 ; on passera sous silence le primitif Bookman lancé par Sony en 1992 à titre d'essai. Elles s'apparentaient à des ordinateursordinateurs dédiés accueillant des fonctions propres à la lecture : tourner la page, surligner, rechercher un mot, prendre des notes... Quant aux malvoyants, ils pouvaient agrandir la taille des caractères. Rocket et Softbook ont été les premiers constructeurs à entrer en lice et ont été suivis par Gemstar.

    En mars 2000, la sortie d'un livre de Stephen King avait brièvement fait croire à l'existence d'un marché : Riding the Bullet avait été publié uniquement sous forme électronique. Surprise, en 24 heures, 400.000 achats en ligne étaient effectués ! À cette même époque, l'éditeur Random House avait fait savoir qu'il dépensait des millions de dollars pour numériser son fonds éditorial. En France, Pocket réfléchissait à une telle mutation, comme de nombreux éditeurs, cette société s'intéressait à la possibilité de conserver sous forme électronique les livres qu'ils rechignaient à stocker. En France, l'édition 00h00.com était apparue et ne publiait que des livres électroniques.

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    (Cliquer pour agrandir.) Adaptation cinématographique du roman Riding the Bullet. Ici, le dénominateur commun des deux formats est la diffusion numérique. © MPCA

    Les ebooks de la première heure ont échoué à trouver leur public. Au chapitre des griefs : l'écran retro-éclairé générait une fatigue oculaire au bout d'un certain temps de lecture, l'interface n'était pas bien vécue par les utilisateurs et l'autonomieautonomie était souvent insuffisante. Pas de quoi délaisser les bons vieux romans sur papier. Il manquait encore à tous ces produits une alchimie, cette sensation du produit magistralement réalisé que peut ressentir un utilisateur d'iPhoneiPhone.

    « Il faut savoir que le livre imprimé n'a pas fonctionné en Europe de 1400 à 1500, raconte le consultant Bruno Rives, expert du domaine des livres électroniques. Il a finalement commencé à trouver un public dès lors qu'il y a eu la bonne typographie, la bonne mise en page, une facilité de diffusion... Tout un ensemble de facteurs combinés. Les premiers livres électroniques n'étaient tout simplement pas utilisables. »