Une start-up française a inventé une machine qui capte les particules polluantes par effet électrostatique. Un ingénieux système bien plus efficace que les filtres classiques et qui pourrait servir à dépolluer les zones sensibles dans les agglomérations.


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    Lors de jeux olympiques de 2024, les athlètes résidents dans le village olympique en Seine-Saint-Denis, au nord de Paris, auront la chance de respirer un airair pur, grâce à une invention unique au monde. Le « Para-PM », imaginé par la société française Aérophile spécialisée dans les ballons captifs, vient en effet d'être sélectionné par la société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo) pour équiper le village. Cette étonnante machine de 3 x 5 mètres promet d'aspirer les particules finesparticules fines dans l'air puis de les détruire par photocatalyse.

    Augmenter l’ionisation de l’air

    « Cette idée m'est venue il y a 10 ans lorsque je suis tombé sur un article scientifique détaillant l'expérience d'un scientifique qui avait lâché des ballons munis de pointes radioactives pour étudier les rayons comiques, nous raconte Jérôme Giacomoni, cofondateur d'Aérophile. Il faut savoir que même si l'air est normalement un bon isolant, il possède un champ électriquechamp électrique naturel d'environ 100 voltsvolts par mètre ». Lorsqu'on augmente ce potentiel électrique par effet de pointe, il se produit une électrisationélectrisation par « effet couronne » (ou effet corona). L'air devient alors localement conducteur et de petites étincelles porteuses de charges électriques se développent spontanément aux extrémités des pointes. « C'est ce que l'on observe par exemple avec les feux de Saint-Elme, qui apparaissent aux extrémités des mâts des navires ou des ailes des avions par temps orageux », relate l'entrepreneur.

    36.000 mètres cubes d’air purifié par heure

    Or, il se trouve que les particules fines chargées négativement ou positivement s'accumulent, elles aussi, sur la pointe. « Nous avons constaté que nos ballons amassent ainsi sept grammes de particules fines de suiesuie et de carbonecarbone par an, rapporte Jérôme Giacomoni. On s'est donc demandé si on ne pouvait pas utiliser ce phénomène pour capter la pollution ». Le principe du Para-PM consiste à ioniser l'air ambiant pour aspirer et piéger les particules environnantes. « Notre appareil est capable de dépolluer 36.000 mètres cubes d'air par heure, soit l'équivalent de 15 piscines olympiques, expose l'inventeur. Il présente plusieurs avantages par rapport aux filtres mécaniques. D'abord, il capte des particules ultrafines, de l'ordre de 10 nanomètresnanomètres, qui sont généralement trop petites pour être filtrées. Deuxièmement, il ne nécessite pas d'énergieénergie comme avec des pompes qui aspirent l'air, puisque au lieu de brasser un mètre cube d'air, l'appareil va uniquement aspirer les 20 microgrammes de particules contenues dans ce mètre cube », détaille Jérôme Giacomoni.

    Les aspirateurs à particules seront installés dans le village olympique à l’occasion des JO de 2024. © Aérophile
    Les aspirateurs à particules seront installés dans le village olympique à l’occasion des JO de 2024. © Aérophile

    Équiper le bord des routes et les quartiers sensibles

    Une fois les particules piégées, elles sont dégradées par lasurelasure photocatalytique, qui les décompose en gazgaz comme le CO2. Aérophile prévoit ainsi d'installer neuf modules de 3 x 5 m au cœur du village olympique pour absorber les émissionsémissions issues du trafic automobileautomobile. « L'air rejeté sera deux fois moins pollué et constituera comme un nuagenuage d'air pur sur environ 30 mètres ou plus selon le ventvent », promet Jérôme Giacomoni. La société ne compte d'ailleurs pas s'arrêter là. « Nous avons de nombreux projets en France ou à l'étranger pour installer des Para-PM au bord des routes, aux abords des écoles ou des établissements de santé », assure le chef d'entreprise. D'après ses calculs, en plaçant 1.000 de ces appareils pour 300.000 habitants, on pourrait réduire la pollution de 15 % de façon permanente.

    Même si la qualité de l'air s'améliore régulièrement en Ile-de-France depuis 2005, la pollution demeure un enjeu majeur pour les organisateurs des Jeux olympiques. Selon une étude de 2016, pour chaque tranche de 10 unités de particules fines (PM10) au-dessus de la limite autorisée, les athlètes voient leurs performances réduites de 0,2 %.