Comme en Irak, en Syrie ou même à Paris après l'incendie de la cathédrale, il est essentiel de numériser en 3D la structure des bâtiments historiques pour les « mémoriser » dans l'histoire, mais aussi pour faciliter leur reconstruction. En Ukraine, Emmanuel Durand propose son aide bénévole pour sauvegarder le patrimoine culturel.


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    Depuis que l'État islamique a détruit des vestiges de l'antiquité en Irak et en Syrie, des ingénieurs et des historienshistoriens utilisent des outils numériques pour que la mémoire de ces édifices subsiste ; les mêmes que l'on a utilisés pour reproduire Notre-Dame de Paris après son incendie de 2019.

    Aujourd'hui, c'est en Ukraine que l'acquisition de données en 3D a pris place avec Emmanuel Durant, un ingénieur français qui travaille pour Amann Engineering, à Genève. Armé de son scanner-laserlaser et de son trépied, ce bénévole numérise l'intérieur et l'extérieur des bâtiments. « Le scanner prend 500.00 points à la seconde. Sur cette station, on va avoir 10 millions de points. Ensuite, on va changer de station et faire tout le tour du bâtiment, extérieur comme intérieur. Un milliard de points... », explique-t-il à l'AFP. En matièrematière de précision (5 millimètres !) et de volumevolume d'informations, c'est exactement la même technologie que pour la numérisation de la cathédrale de Notre Dame de Paris.

    Un exemple de scanner-laser capable de prendre des milliers de mesures par seconde à grande vitesse. © Slamtec 
    Un exemple de scanner-laser capable de prendre des milliers de mesures par seconde à grande vitesse. © Slamtec 

    Une réplique exacte en 3D du bâtiment

    Ce nuagenuage de points est donc le résultat du processus de numérisation des surfaces de l'objet, de l'environnement ou de l'infrastructure à traiter avec le laser-scanner 3D. C'est un ensemble des sommets d'un système de coordonnées en trois dimensions, identifiés par les coordonnées X, Y et Z.

    Ensuite, retour dans un lieu sûr pour assembler les morceaux de ses numérisations pour parvenir à une reproduction la plus fidèle qu'il soit.  « Cela permet de fixer dans l'histoire la situation physiquephysique du bâtiment, poursuit-il. Cela peut servir pour voir ce qui a bougé pour la sécurité. Pour aider à voir ce que l'on peut restaurer ou non, mais aussi pour des aspects muséographiques ou historiques. On a la vraie scène du dommage provoqué par le missilemissile et une réplique exacte de ce qu'était le bâtiment ».

    Il ne s'agit donc pas, comme en Syrie ou en Irak, de ressusciter en 3D Mossoul, Alep et Palmyre le temps d'une exposition, mais plutôt de préparer la reconstruction, de sonder la structure, mais aussi d'utiliser ces relevés comme des preuves de massacres et de crimes de guerre. Les dégâts sont considérables dans beaucoup de régions où les Russes frappent sans discontinuer et sans discernement.

    Un exemple de bâtiment reconstitué à partir d'un nuage de points. © Scanphase 
    Un exemple de bâtiment reconstitué à partir d'un nuage de points. © Scanphase 

    Près de 400 « crimes de guerre culturels »

    Selon le journaliste Stéphan Siohan, le ministère de la Culture ukrainien dénombre après trois mois, 367 « crimes de guerre culturels » avec la destruction de 29 musées, 133 églises, 66 théâtres et librairies, et même un cimetière juif. Pour le gouvernement ukrainien et les historiens, la Russie est dans une stratégie de « génocide culturel ».

    « L'enregistrement des dommages servira aussi pour des procès criminels. À travers tout le pays, on voit de sérieux dommages à notre patrimoine. C'est un génocide du peuple ukrainien et un génocide de la culture ukrainienne », estime l'architectearchitecte Kateryna Kouplytska, membre de la commission chargée de recenser les sites historiques endommagés.

    À Kharkiv, les autorités ukrainiennes recensent les édifices endommagés avec des technologies de pointe. © TV5 Monde