Le fabricant d'origine suédoise Hasselblad s'est depuis très longtemps spécialisé dans le moyen format (6 x 6 centimètres), prisé des photographes professionnels, et propose depuis plusieurs années des dos numériques. Sur ces appareils, en effet, le boîtier contenant la pellicule de l'époque argentique est interchangeable et le catalogue comporte des dos contenant un capteur numérique de grande taille.
Celui du H4D-200MS (de type CCD), qui mesure 36,7 x 49,1 mm, comporte 50 millions de photosites (les photorécepteurs qui donneront un pixel sur l'image), fournissant une image de 6.132 x 8.176 pixels. Cette valeur a déjà de quoi faire l'admiration d'un utilisateur de compacts, mais elle n'est pas unique en son genre. Sigma, par exemple, vient de présenter le SD1, avec un capteur annoncé à 46 mégapixels de type Foveon (du nom d'une entreprise rachetée par Sigma). Ces capteurs particuliers enregistrent les trois couleurs primaires (rouge, vert, bleu) sur un seul photosite, qui comprend trois couches, alors que les capteurs traditionnels ne mesurent qu'une couleur par photosite. Chacun d'eux est en effet surmonté d'un filtre coloré et le logiciel se charge ensuite (en moyennant avec les photosites voisins) de reconstituer une teinte. C'est la raison pour laquelle ce capteur de 15 mégapixels (par couche) est annoncé par Sigma à 46.
Pour la photo d’art
Sur le H4D-200MS, Hasselblad utilise une autre astuce limitée aux scènes fixes : la prise de vue multiple avec décalage d'un pixel. Le capteur est monté sur un châssis mobile, qu'une mécanique de précision (piézo-électrique) peut positionner « à un demi-pixel près », selon le fabricant.
Dans le mode de fonctionnement « multi-shot », l'appareil prend quatre clichés en rafale, en déplaçant le capteur d'un pixel entre chaque prise. Chaque pixel de l'image est ainsi enregistré quatre fois, sous des filtres colorés différents. En somme, l'appareil prend quatre images, décalées d'un pixel, et le logiciel de bord les recompose pour former une image unique. Le résultat est une photo à 50 mégapixels mais nettement plus fidèle en couleurs, et évitant les effets de moirage, affirme le constructeur.
Dans un autre mode de fonctionnement, la rafale prend cette fois six clichés de suite. Entre deux prises, le châssis du capteur est déplacé par incréments d'un demi-pixel. Le logiciel parvient ainsi, explique Hasselblad, à simuler une définition de 200 mégapixels pour l'ensemble de l'image.
Bien sûr, là encore, le principe ne convient qu'à des prises de vue de scènes fixes. Les professionnels de la photo d'art ou publicitaire. Ils devront y consacrer un joli budget, le boîtier H4D-200 MS vaut en effet 32.000 euros hors taxes...