Dans la saga des études scientifiques pour intégrer les robots dans le monde des Hommes, voici Keepon, une marionnette molle qui danse spontanément quand ça swingue autour d’elle. Les enfants adorent, semble-t-il.

au sommaire


    Keepon, petite tête toute molle, a quatre degrés de liberté et le sens du rythme…© H. Kojima/M. Michalowski/S. Sabanovic

    Keepon, petite tête toute molle, a quatre degrés de liberté et le sens du rythme…© H. Kojima/M. Michalowski/S. Sabanovic

    On croirait à un gadget imaginé par l'équipe marketing d'un fabricant de jeu préparant les fêtes de Noël. Mais non, ce double globuleglobule mou frétillant au son de la moindre musique, baptisé Keepon, est le fruit du travail de scientifiques très sérieux. Imaginé par le Japonais Hideki Kojima (Computational Neuroscience Laboratories, Kyoto) et les Américains Marek Michalowski (université de Carnegie Mellon) et Selma Sabanovic (Institut polytechnique Rensselaer), Keepon fait partie du projet Infanoid, destiné à mieux faire accepter les robots par les enfants...

    Au mois de septembre, il sera présenté à l'exposition WiredNextFest, organisée à Los Angeles par un magazine américain, Wired, spécialisé dans la hi-tech. D'ores et déjà, Keepon est devenu une célébrité sur le Web, faisant la preuve que la danse est effectivement un bon moyen pour plaire aux humains, même adultes.

    Keepon est posé sur un socle noir, qui contient toute la mécanique faisant bouger la double sphère de siliconesilicone jaune citron selon quatre axes : elle pivote à droite et à gauche, se penche en avant et en arrière ou de gauche à droite et peut s'étendre vers le haut ou se contracter vers le bas. Son mignon visage est formé de deux yeuxyeux, qui sont de vraies caméras, agrémentés d'un neznez et d'une bouche dessinés en noir et flanqués de deux microphones latéraux.

    Danse avec les robots

    Sensible à son environnement, Keepon est programmé pour un unique comportement : avoir le sens du rythme. Le logiciel interne analyse l'environnement sonore mais aussi visuel, repérant des sons et des mouvementsmouvements rythmés - par exemple de la musique ou un danseur humain remuant devant les yeux du robot. Pour démontrer les capacités de leur création, les chercheurs l'ont filmé réagissant à la musique d'un groupe de rock américain, Spoon, interprétant une de leurs chansons, « I turn my camera on ».

    Diffusées sur le Web, ces images ont rencontré un succès énorme et le groupe Spoon, séduit par ce fan original, l'a même inclus dans un clip vidéo. On peut désormais admirer Keepon en train de danser avec d’autres petits robots...

    Sur un plan plus scientifique, Keepon a été placé en situation réelle, pour tester la manière dont les enfants réagissent à ce robot danseur. Installé au National Institute of Information and Communications Technology dans un lieu ouvert au public, Keepon a vu défiler, en deux expériences, plusieurs centaines d'enfants, dont les réactions ont été filmées. La musique d'ambiance comprenait une sélection de morceaux choisis pour leur succès auprès des pré-adolescents.

    Durant la première phase, un tiers d'entre eux ont spontanément dansé avec Keepon. Dans la seconde expérience, 209 enfants ont vraiment interagi avec le robot, avec un léger avantage aux filles (113 contre 96 garçons) mais l'âge n'est pas apparu avoir une influence quelconque. En revanche, les interactions ont été plus nombreuses chez les enfants visitant le site en groupes et plus nombreuses également quand Keepon était en train de danser que lorsqu'il restait immobile. Mais les enfants dansaient plus volontiers lorsque Keepon était en rythme avec la musique ambiante que lorsqu'il semblait s'agiter inconsidérément.

    Observant le comportement vis-à-vis du robot lui-même, les chercheurs en ont noté deux types. Certains enfants considèrent la marionnette comme un jouet intrigant et tentent d'en comprendre le mécanisme en le regardant de près, en écoutant le bruit des rouages internes ou en le palpant. D'autres, au contraire, se comportent avec lui comme on le ferait avec un animal de compagnie, essayant de provoquer des réactions de la part du robot.

    Satisfaits de leur expérience, les scientifiques veulent continuer dans cette voie. Pour eux, l'avenir des robots de compagnie est conditionné à leur humanisation simulée. La communication non verbale en fait partie, comme le pensent d'autres équipes qui travaillent sur les expressions faciales ou la compréhension des jeux de mots. Et comme la musique adoucit les mœurs, pourquoi ne pas l'ajouter à la liste...