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Jeudi, à l'occasion de l'ouverture de la Coupe du monde de football au Brésil, des millions de spectateurs à travers la planète vont assister à un événement inédit. Sanglée dans un exosqueletteexosquelette contrôlé par la pensée, une personne paraplégique s'avancera sur la pelouse de l'Arena Corinthians pour frapper le coup de pied d'ouverture de la compétition. On ignore encore l'identité de cette personne, qui sera choisie parmi dix adolescents qui s'entraînent depuis plusieurs mois pour ce grand jour.
Cette prouesse est le résultat d'un projet baptisé Walk Again et porté par une équipe internationale de 156 chercheurs menés par le professeur Miguel Nicolelis, de l'université Duke en Caroline du Nord. Ce spécialiste de neurologieneurologie travaille depuis le milieu des années 1980 sur des solutions susceptibles de rendre à des personnes paralysées l'usage de leurs membres. Cet exosquelette est l'aboutissement de nombreuses années de recherche et développement ponctuées de tests sur des rats puis des singes avant d'en arriver à l'Homme.
L’exosquelette BRA-Santos Dumont lors de l’un de ses tests en conditions réelles avec un pilote humain. Harnachée dans une impressionnante armure, la personne porte un casque EEG avec lequel elle transmet des commandes cérébrales exécutées par la machine. Un système de retour d’effet placé sur l’avant-bras transmet une sensation de pression à chaque pas, faisant en sorte que la personne puisse sentir qu’elle marche. © Miguel Nicolelis
La personne paralysée sent qu’elle marche avec l’exosquelette
L'équipement se compose donc d'un exosquelette robotisé nommé BRA-Santos Dumont. Il est stabilisé par des gyroscopes et alimenté par une batterie située dans un sac à dosdos. Munie d'un casque EEG (électroencéphalogrammeélectroencéphalogramme) qui détecte l'activité électrique du cerveaucerveau, la personne contrôle cet appareillage avec la pensée. Qui plus est, le système dispose d'un retour d'effet grâce auquel l'utilisateur peut sentir qu'il marche, ce qui est là une grande première. Cela est possible grâce à un capteurcapteur fabriqué en Allemagne qui transmet à chaque pas une sensation de pressionpression sur une peau artificielle placée sur l'avant-bras.
Dans un entretien accordé à Scientific American, Miguel Nicolelis explique que les patients ont tous ressenti une « sensation fantôme » similaire à celle qu'éprouvent les personnes amputées d'un membre. La démonstration qui sera faite pour la Coupe du monde a valeur de symbole pour des millions de personnes qui espèrent un jour pouvoir remarcher. « Avec suffisamment de volonté politique et d'investissement, nous pourrions rendre les fauteuils roulants obsolètes », assure Miguel Nicolelis. Sur sa page Facebook, le scientifique a publié de nombreuses photos et surtout des vidéos montrant l'exosquelette en action.