Lin-Chan, Kirobo Mini, RoBoHon, Robopin. Ces noms ne vous disent rien ? Ce sont quelques-uns des robots compagnons dévoilés cette semaine au salon Ceatec de Tokyo (Japon). Si beaucoup ressemblent à des jouets sortis tout droit d’un manga, ils vantent un recours à l’intelligence artificielle qui leur permettrait d’être plus proches de nous. Mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir…

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    Le salon de l'électronique japonais Ceatec est cette année peuplé de mini-créatures appelées robots même si parfois elles s'apparentent plus à des figurines animées dont l'intelligenceintelligence est ailleurs, dans un nuagenuage informatique ou le cerveaucerveau humain.

    « LinLin-Chan (prénom d'un robot assistant de Sharp) est capable par exemple d'allumer l'air conditionnéair conditionné si on lui dit qu'on a trop chaud ou bien de nous glisser des mots apaisants si on lui dit qu'on est fatigué », explique un de ses concepteurs, Masaki Takeuchi.

    Lin-Chan de Sharp se souvient des prénoms

    Lin-Chan se souvient en outre du prénom de chacun. Mais en fait, « tout repose sur les services contenus sur des serveurs distants (cloud computing, informatique en nuageinformatique en nuage) qui eux ont des fonctions d'intelligence artificielle », précise le chercheur. 

    « Nous avons opté pour cette taille (environ 15 cm) et cette forme (une boule) afin que ce petit assistant-robot soit certes visible dans la maison mais n'ait pas une présence si importante qu'elle en deviendrait gênante », ajoute-t-il.

    Le Kirobo Mini de Toyota vous accompagne en voiture

    Toyota le reconnaît aussi d'emblée, son petit personnage Kirobo Mini, inspiré de son aîné Kirobo envoyé dans l'espace, n'est pas intelligent. S'il est capable de converser avec son maître ou de lui donner des informations, c'est qu'il est surtout doté de fonctions de télécommunications sans fil avec un serveur qui, lui, concentre toutes les données et algorithmes pour analyser et répondre.

    À l'instar de Sony (absent du salon), qui veut de nouveau créer des robots qui n'aient pas forcément l'apparence de robots, Fujitsu, concepteur de Robopin, explique que « l'intelligence artificielle n'est pas seulement applicable à ces créatures » qui singent plus ou moins l'homme ou l'animal, « mais à tous les appareils du quotidien ». Fujitsu imagine par exemple introduire une dose d'intelligence artificielle dans des distributeurs d'argentargent. Sharp, lui, en dote aussi un robot aspirateur ou un four à micro-ondesfour à micro-ondes.

    Le sigle IA (intelligence artificielle) apparaît souvent pour vanter les capacités intellectuelles d'objets qui seraient de la sorte plus proches des humains, voire les surpasseraient. Si cela peut être vrai sur une tâche donnée (jeu d'échecs avec calcul par anticipation de tous les coups possibles, tri de boîtes de médicaments pour un robot industriel), la faculté de jugement au cas par cas en fonction d'un nombre incommensurable de paramètres pris en compte par le cerveau humain est encore loin d'être égalée par la machine, selon le roboticien Katsumori Sakakibara.

    Le RoBoHon de Sharp peut notamment se déplacer, danser, prendre des photos et les projeter sur n’importe quelle surface. © Toru Yamanaka/AFP

    Le RoBoHon de Sharp peut notamment se déplacer, danser, prendre des photos et les projeter sur n’importe quelle surface. © Toru Yamanaka/AFP

    Une intelligence artificielle encore bien loin de celle de l’Homme

    « Prenez l'exemple d'un robot androïde capable de faire le ménage chez vous. Il trouve sur le sol un boulon faisant partie d'une maquette de votre enfant. Il va d'abord penser à le jeter, puis peut-être se raviser en le reconnaissant, mais ira-t-il jusqu'à penser qu'il peut le jeter quand même en se souvenant que l'enfant a décidé la veille de mettre sa maquette à la poubelle ? Un humain peut faire ce raisonnement en quelques secondes, mais pour qu'un robot y parvienne il faudra encore du temps », insiste cet ingénieur.

    Pour lui, rien ne vaut encore l'intelligence et la communication humaines, et c'est la raison pour laquelle son robot Caiba n'est pas intelligent, il est juste mobilemobile et capable de répliquer les gestes d'un humain ou de retransmettre sa parole.

    Caiba est en effet piloté à distance par une personne qui, en outre, écoute ce que le robot capte avec ses micros et voit sur un écran (ou un casque-écran) ce que le robot saisit avec ses yeuxyeux-caméras. Quand l'instructeur bouge les bras, le robot fait de même, quand il tourne la tête, l'automate l'imite presque en temps réel.

    « On peut placer de tels robots en plusieurs points d'un aéroport et une seule personne aux commandes dans un espace distant, même très éloigné, ce qui permet à cet unique pilote d'être virtuellement présent à plusieurs endroits et de répondre aux demandes successives des voyageurs sans même devoir se déplacer, juste en prenant la commande de chaque robot sollicité par quelqu'un », explique-t-il. Et de conclure que « l'IA parfaite, c'est encore le cerveau humain ».