Le secteur de l’aviation n’est pas celui qui émet le plus de gaz à effet de serre. Mais il est peut-être bien celui dont la croissance des émissions est la plus rapide au cours de ces dernières décennies. Les scientifiques travaillent à trouver une solution au problème. Aujourd’hui, ils proposent de produire le carburant nécessaire à alimenter nos avions à partir d’énergie solaire et de dioxyde de carbone (CO2).


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    Selon la manière utilisée pour le calculer, l'impact climatique du transport aérien varie de moins de 1 % à quelque 5 %. Mais ce qui est certain, c'est qu'il est essentiellement le résultat de la combustioncombustion du kérosènekérosène qui alimente les réacteurs de nos avions. Car le kérosène est produit par raffinageraffinage du pétrolepétrole, un combustiblecombustible fossilefossile. Sa combustion émet du dioxyde de carbonedioxyde de carbone (CO2), le principal gaz à effet de serre responsable du réchauffement climatiqueréchauffement climatique anthropique. Pour l'heure, malheureusement, il n'existe pas d'alternative propre qui permette d'envisager de maintenir le trafic des vols long-courriers à l'échelle mondiale.

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    Pour l'heure... parce que les scientifiques sont loin de s'avouer battus dans le domaine ! Parmi les pistes les plus prometteuses, celle de la production de combustibles dits solaires. L'idée est de produire un combustible de synthèse à partir d'énergieénergie solaire. C'est envisageable par voie photochimique, en activant des réactions grâce aux photonsphotons qui portent l'énergie solaire, ou par voie photobiologique, comprenez par photosynthèsephotosynthèse artificielle, par exemple. Mais aussi par voie thermochimique.

    C'est cette voie que des chercheurs de l’École polytechnique fédérale de Zurich (ETH, Suisse) ont choisi d'explorer. Ils présentent aujourd'hui un système de production de carburant qui, espèrent-ils, pourrait aider le secteur de l'aviation à devenir neutre en carbone. Une tour solaire qui produit du carburant pour avions à partir d'eau et de CO2.

    Le principe du dispositif de tour solaire imaginé par les chercheurs de l’École polytechnique fédérale de Zurich (ETH, Suisse). © École polytechnique fédérale de Zurich
    Le principe du dispositif de tour solaire imaginé par les chercheurs de l’École polytechnique fédérale de Zurich (ETH, Suisse). © École polytechnique fédérale de Zurich

    Cette tour se compose de 169 panneaux qui suivent la course du soleilsoleil en réfléchissant et en concentrant le rayonnement vers un réacteur situé au sommet. Cette énergie permet de déclencher ensuite des cycles de réactions d'oxydoréductionoxydoréduction sur la structure poreuse en oxyde de cériumcérium (CeO2) -- un composé qui n'est pas consommé dans l'opération -- pour transformer l'eau et le CO2 injectés dans le réacteur en gazgaz de synthèse qui sera ensuite transformé en kérosène.

    Une efficacité qui peut être améliorée

    Jusqu'à présent, les tentatives du genre en étaient restées au stade du laboratoire. Cette fois, les chercheurs sont parvenus à démontrer la faisabilité de l'intégralité de la chaîne sur leur démonstrateurdémonstrateur industriel. À partir de CO2, d'eau et de lumièrelumière du soleil, ils sont capables de produire du kérosène.

    Du kérosène ? Mais alors, les avions continueront à émettre tout autant de CO2 qu'avant. Oui. Mais la tour solaire mise au point par les chercheurs de l'ETH consomme autant de CO2 que les avions en émettent ensuite. De quoi rendre finalement le carburant neutre en carbone. Un peu plus même lorsqu'il pourra être produit à partir d'un CO2 capté directement dans l'airair.

    L'autre intérêt, c'est que le kérosène solaire est complètement compatible avec les infrastructures existantes. Les infrastructures de stockage, de distribution et d'utilisation. Au besoin, il peut être mélangé à du kérosène d'origine fossile.

    Seul bémol, finalement, l'efficacité énergétique de la tour solaire. Elle n'est aujourd'hui que d'environ 4 %. Mais les chercheurs ont déjà des pistes pour améliorer leur conception. Ils espèrent la porter à 15 %.