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Sur cette image, on voit apparaître en bleu translucide la trame qui délimite la zone sur laquelle on dépose des contenus virtuels pour les partager avec une autre personne utilisant Second Surface. © MIT
Si la réalité augmentée a commencé à se populariser avec les terminaux mobilesmobiles, il reste encore un vaste champ à explorer pour concevoir des usages qui trouvent leur utilité au quotidien. Google vient d'ouvrir la voie avec ses lunettes Glass qui seront commercialisées en fin d'année. L'un des développements importants serait de permettre à plusieurs personnes d'utiliser la même applicationapplication de réalité augmentée pour interagir. C'est précisément ce sur quoi a travaillé une équipe du Media Lab au Massachusetts Institute of Technology (MIT)). Ils ont développé une technologie collaborative baptisée Second Surface, qui permet à plusieurs personnes munies de tablettes tactilestablettes tactiles d'échanger en temps réel des contenus numériques (dessins en 3D, textes, photos) dans un espace virtuel. Celui-ci est intégré à un support dans le monde réel. « Nous pensons que notre système peut créer de nouvelles façons de communiquer dans les villes, les écoles et les foyers », assurent les chercheurs.
Avec leur application, n'importe quelle surface ou objet réel peut devenir un support d'échange. Dans l'une des démonstrations réalisées par les chercheurs, on voit par exemple deux personnes pointer la caméra de leurs tablettes tactiles vers le tronc d'un arbrearbre. Du bout du doigt, l'une d'elles dessine une forme sur l'écran qui vient se superposer à la surface du tronc. La deuxième personne voit la même forme s'afficher en temps réel sur sa tablette, dans la même position. Il leur est alors possible d'échanger des contenus virtuels à loisir.
Dans cette vidéo, les chercheurs du MIT qui ont créé l’application de réalité augmentée collaborative Second Surface en font la démonstration. Ils expliquent comment le système crée une trame invisible sur laquelle on peut placer des contenus virtuels qui se superposent au décor réel. La trame est accessible à tous les terminaux qui sont présents sur le lieu et pointés vers le même endroit. C’est ainsi que les utilisateurs peuvent s’échanger des contenus en temps réel. Il est par exemple possible de prendre des photos puis de les superposer à un décor réel. Les images sont sauvegardées sur des serveurs, de sorte que si la personne revient sur le lieu de la prise de vue et lance l’application, celle-ci affichera à nouveau les photos. © MIT
Bientôt des tags virtuels dans les rues ?
Lorsque l'on pointe la caméra de la tablette vers une surface ou un objet, le système reconnaît l'image réelle comme la cible support pour l'application de réalité augmentée. Pour permettre cela, Second Surface repose sur un dictionnaire de données qui contient les attributs de l'image réelle, un peu comme une empreinte digitaleempreinte digitale. Ce dictionnaire est hébergé sur un serveur auquel chaque tablette va accéder. Dès que l'objet réel est identifié, l'application de réalité augmentée s'enclenche. Second Surface délimite alors une trame invisible qu'elle superpose à l'objet réel sur laquelle on peut déposer les objets virtuels.
Les contenus ainsi partagés sont sauvegardés sur un serveur, de telle sorte qu'une personne qui revient sur les lieux qui ont été marqués virtuellement les verra automatiquement apparaître en pointant son terminal vers la zone cible. Et si ces contenus sont rendus accessibles à tous, n'importe quelle personne munie de l'application pourrait les découvrir. On peut imaginer des artistes de rue disséminer des dessins ou des tags n'importe où dans la ville sans dégainer leur bombe de peinture. Ou pourquoi pas un service lié à un réseau social qui permettrait aux membres de se laisser des messages cachés (vidéo, photo, dessin, etc.) à certains endroits ?
Second Surface, une surcouche virtuelle au réel
Dans leur document technique, les chercheurs expliquent que leur objectif avec Second Surface est de propulser dans le monde réel la même créativité et la même liberté d'expression que l'on trouve sur Internet. Ils pensent notamment aux réseaux sociauxréseaux sociaux, aux blogs ou encore à des plateformes de partage de vidéos comme YouTubeYouTube. « Des formes d'expression telles qu'un cœur gravé sur un arbre, la marque d'un gang dans un quartier ou l'art urbain lui-même devraient trouver leur place dans le réel sans être illégaux, estiment les créateurs de Second Surface. Nous pensons qu'un système de monde virtuel qui crée une seconde surface par-dessus la réalité, invisible à l'œilœil nu, pourrait créer une trame spatiale en temps réel sur laquelle tout le monde pourrait s'exprimer sans risquer d'être accusé de vandalisme. »
Reste que braver l'interdit fait intrinsèquement partie de l'art urbain qui cherche à s'exposer au plus grand nombre et, dans certains cas, à marquer son territoire. Pas sûr qu'un tel concept séduise tous les tagueurs en herbe avides de publicité... En revanche, Second Surface possède sans doute un gros potentiel pour un usage professionnel. On pense notamment à des architectesarchitectes qui pourraient organiser des réunions avec leurs clients et échanger avec eux en temps réel sur un projet de constructionconstruction. En résumé, le potentiel est là, mais il reste encore à imaginer des usages autres que ludiques.