Depuis le début du conflit, la Russie et l'Ukraine s'affrontent avec un multiplicateur de force devenu incontournable : les drones. Longue-vue indispensable des artilleurs, destructeur ailé redoutable, de nombreux modèles hétéroclites sillonnent le ciel de l’est et du sud de l’Ukraine. Futura dresse leur portrait.


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    Depuis les débuts de la guerre en Ukraine, Futura évoque très régulièrement l'usage des drones. Utilisés à la fois par l'armée russe et l'armée ukrainienne, ce sont de redoutables multiplicateurs de force, que ce soit pour se renseigner sur les positions de l'ennemi ou le frapper de façon précise. Dans le ciel ukrainien, on trouve donc toute une panoplie de drones de toutes formes et de toutes tailles. C'est la première guerre à haute intensité où des drones militaires, et même issus du secteur civil, sont employés de façon aussi importante.

    Si les drones ont remplacé les avions de combat pour appuyer les troupes au sol ou l'artillerie, c'est aussi en raison des systèmes de défense aérienne et les armements d'épaule à longue portée et guidés par radar. Aucun des deux pays, et surtout la Russie, n'utilise abondamment son aviation par crainte de pertes massives. Plus furtifs, faciles à piloter, assez bon marché, les drones peuvent être manipulés directement par les fantassins pour le renseignement ou bien en tant qu'armes. On voit tous les jours sur les réseaux des images des frappes précises sur des blindés ou des troupes, réalisées par ces drones. Côté ukrainien, en plus de ces drones de renseignement, il y a aussi la terreur des cieux, le Bayraktar TB2, un aéronefaéronef turc qui a prouvé son efficacité pour ses frappes précises et destructives des blindés et des véhicules de logistique durant les premières semaines du conflit. La variété des appareils est telle qu'il est difficile de tous les décrire, mais Futura vous propose un panorama des drones les plus utilisés des deux côtés de ce conflit, qu'il s'agisse de drones à voilure tournante, de munitions rôdeuses, ou bien d'aéronefs dotés d'une voilure fixe.

    Des drones civils sont utilisés par les soldats sur le front pour l’observation. Ils peuvent être bricolés pour lancer des explosifs. © DJI
    Des drones civils sont utilisés par les soldats sur le front pour l’observation. Ils peuvent être bricolés pour lancer des explosifs. © DJI

    Du grand public qui peut faire mal

    Les drones multirotors commerciaux et notamment ceux produits par le constructeur chinois DJI sont employés chez les deux belligérants pour des missions d'observation à courte distance. Malgré leur faible autonomie, ils sont pratiques car ils peuvent rester quelques minutes en vol stationnairevol stationnaire pour examiner une position ou filmer une frappe et s'assurer de son efficacité. En les bricolant, les militaires parviennent à leur faire transporter des charges explosives légères ou des grenadesgrenades. C'est parfois artisanal, mais cela fonctionne. Les militaires utilisent aussi des imprimantes 3D pour créer des boîtiers spécifiques pour loger des munitions détournées de leur usage originel. Ces accessoires sont ingénieux, mais inquiètent les services de renseignement, car ils pourraient très bien être répliqués pour des actions terroristes partout sur la planète. Dans le Donbass, on trouve ainsi la gamme Mavic chez DJI et même sa version Mini qui pèse 250 grammes et peut se loger dans une poche de vêtement. Ce type de drone à courte portée est également utile pour les combats urbains afin de préparer des embuscades contre les blindés. Comme autre modèle prisé par les Ukrainiens, mais aussi les forces séparatistes, il y a aussi la marque américaine Autel et sa gamme Evo II. Selon les militaires ukrainiens, ils passeraient outre les systèmes de brouillage russes.

    Ces drones d'une autonomie maximale de 40 minutes peuvent être modifiés pour embarquer des petites grenades Vog-17 de 30 mm. En plus de ces drones détournés de leur usage civil, les Ukrainiens utilisent aussi des mini-drones spécialement conçus pour les applicationsapplications militaires. C'est le cas du Golden Eagle conçu aux États-Unis par Teal. L'autonomie passe à près d'une heure pour ce drone qui ressemble à un modèle grand public, mais qui dispose d'une liaison chiffrée et d'une navigation qui peut se passer de GPS. C'est aussi le cas des drones américains militarisés de la marque Skydio X2.

    L’Aerorozvidka : la force aérienne des drones ukrainiens

    Dans leur unité de télépilotes militaires de l’Aerorozvidka déjà évoquée par Futura, pour mener des attaques sur les blindés russes, les Ukrainiens utilisent un drone maison appelé R18. Il s'agit d'un gros drone doté de huit rotors pouvant emporter deux bombes antichars d'environ deux kilos. Ces drones sont une véritable plaie pour les blindés russes.

    Les drones d'assistance à l'artillerie sont également employés par les deux armées. Ils permettent de parcourir plusieurs dizaines de kilomètres pour faciliter le ciblage des positions ennemies. Plutôt que des modèles à voilure tournante, il s'agit de drones dotés d'ailes qui se comportent comme des petits avions. Chez les Russes, l’Orlan-10 est quasiment en permanence dans le ciel du Donbass pour affiner les réglages des tirs d'artillerie. Futura avait expliqué le côté artisanal de ce drone qui est souvent abattu par les forces ukrainiennes. Sa version Orlan-30 modernisée est aussi présente sur les champs de bataille.

    L’Orlan-10 enferme des composants rudimentaires et son assemblage semble artisanal. © Forces armées ukrainiennes
    L’Orlan-10 enferme des composants rudimentaires et son assemblage semble artisanal. © Forces armées ukrainiennes

    L'armée ukrainienne dispose aussi du PD-1, autrement baptisé « drone du peuple ». Il peut être lancé à partir d'une catapulte, décoller d'une piste ou verticalement. Il est employé pour diriger les tirs d'artillerie et suivre les mouvementsmouvements des forces russes. En plus du Bayraktar TB2, la Turquie a fourni à l'Ukraine, son petit frère, le mini-Bayraktar. Il est doté d'optiques de jour ou de nuit et sert à la surveillance. Enfin, le Leleka-100 dit Stork est petit drone très actif dans le Donbass où il effectue des milliers de sortie de reconnaissance.

    Des munitions rôdeuses

    Au niveau des munitions rôdeuses, c'est-à-dire des drones enfermant une charge explosive et qui viennent s'écraser sur une cible pour la frapper, l'armée ukrainienne est équipée d'une majorité de Switchblade 300 et de quelques Switchblade 600 américains. Ces drones suicides sont tirés dans le ciel, via un tube de lancement. Leurs ailes se déploient et ils vont aller chercher leur cible. Une fois détectée, ils piquent dessus. Le modèle 300 est moins puissant que la version 600 et ne parviendra pas à détruire un char lourd. Six fois plus lourd, le Switchblade 600 emporte une charge équivalente à celle d'un missilemissile antichar. Pour le moment, il ne semble pas encore avoir été utilisé sur le terrain. Enfin, comme Futura l'avait expliqué, l'Américain Aevex Aerospace a modifié son drone suicide Phoenix Ghost pour qu'il corresponde aux attentes des militaires ukrainiens. Plus de 120 unités devraient arriver sur le terrain. Son atout, c'est qu'il peut rester durant six heures en l'airair. Si sa munition ne perce pas le blindage d'un char lourd, elle pourra servir à neutraliser l'artillerie russe. Chez les Russes, le Zala KYB peut être utilisé à la fois pour la reconnaissance ou comme drone suicide. Le drone peut fonctionner de façon autonome avec son IAIA pour se verrouiller sur sa cible et l'attaquer.

    Le Switchblade 300 est un drone suicide qui peut servir à l’observation s’il n’est pas utilisé pour frapper une cible. © AeroVironment Inc.
    Le Switchblade 300 est un drone suicide qui peut servir à l’observation s’il n’est pas utilisé pour frapper une cible. © AeroVironment Inc.

    La vedette Bayraktar TB2

    Les ténors des drones sont les aéronefs à voilure fixe de grande taille, dotés d'une autonomie conséquente, capables de voler haut et pouvant embarquer de véritables missiles. Chez les Russes, c'est l'OrionOrion, un drone capable de voler 24 heures qui est utilisé pour des missions de reconnaissance et de frappe. Du côté ukrainien, la star est sans conteste le Bayraktar TB2 turc. Ce drone a été remarqué pour son prix abordable pour une armée, ses performances et sa capacité de destruction avec ses quatre missiles antichar à guidage laserlaser. Le Bayraktar TB2 a même eu droit à une chanson populaire dans le pays. Depuis, c'est la guerre des chiffres. Les Russes indiquent qu'ils en ont abattu 39 alors que l'Ukraine n'en possède que 36. Quelques clichés de TB2 détruits ont toutefois circulé sur les réseaux sociauxréseaux sociaux. En plus de ce drone, l'armée ukrainienne exploite son UJ-22 fait maison. L'aéronef est essentiellement utilisé pour le renseignement et comme soutien à l'artillerie. Il peut cependant emporter des munitions. De dimensions beaucoup plus petites, il y a aussi le Punisher fabriqué là aussi par Kyiv. Le drone sert à la frappe aérienne avec sa bombe de 75 mm. Souple, il peut également être équipé de plusieurs autres types d'explosifs.

    Le Punisher est un drone de petite taille capable de lancer une bombe antichar. © UA Dynamic
    Le Punisher est un drone de petite taille capable de lancer une bombe antichar. © UA Dynamic