Les États-Unis disposent-ils enfin d’une arme hypersonique opérationnelle ? L’US Air Force a réalisé dernièrement avec succès un test du missile AGM-183A ARRW conçu par Lockheed Martin. Ce serait le dernier essai du programme.


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    Alors qu'ils sont souvent à la pointe sur la plupart des technologies militaires, les États-Unis sont à la traîne sur le développement d'armes hypersoniques. Évoluant à des vitesses allant au-delà de Mach 5, ces armes sont suffisamment manœuvrables pour éviter les défenses aériennes de leur cible, ce qui en fait des dispositifs redoutables. En Chine, ces armes sont opérationnelles depuis plusieurs années et la Russie les utilise depuis 2022 en Ukraine. Un usage qui a d'ailleurs dévoilé leur manque d'efficacité. Outre leur imprécision, les missilesmissiles russes parviennent à être interceptés par des systèmes antiaériens datant de plusieurs dizaines d'années.

    Mais du côté des États-Unis, cette fois tout semble montrer que la superpuissance militaire vient de combler son retard en achevant les tests de son programme d'arme hypersonique. Le tir du missile AGM-183A ARRW pour AirAir-Launched Rapid Response Weapon (arme aérienne à réponse rapide) a été effectué le 17 mars 2024 à partir d'un bombardier stratégique B-52H. Comme il est de coutume, aucun élément technique n'a été dévoilé sur les capacités de ce missile et de son planeurplaneur. On sait seulement qu'il pourrait atteindre la vitesse de Mach 20.

    Des missiles hypersoniques opérationnels pour les États-Unis ?

    Conçu par Lockheed Martin, l'engin est constitué d'un missile-fuséefusée qui vient impulser une vitesse supérieure à Mach 5. La fusée s'ouvre pour larguer à cette vitesse un planeur baptisé Tactical Boost Glide (TBG). C'est ce planeur manœuvrable qui présente réellement le vecteur hypersonique. Après plusieurs échecs et d'autres tirs plus ou moins convaincants, le missile hypersonique aurait été testé cette fois avec succès et certaines pistes semblent montrer qu'il s'agirait de son essai final. Aucun autre test de l'AGM-183A ARRW n'est programmé et aucun financement supplémentaire n'a été débloqué par le Sénat américain pour de nouveaux tests.

    De son côté, Lockheed Martin a affirmé que le programme de test a été achevé et que l'arme est désormais qualifiée. Ces éléments suggèrent que les prochains missiles hypersoniques pourraient bien être déployés dans l'armée américaine. En plus de ce planeur ARRW, l'an dernier Lockheed Martin avait aussi réalisé un test final de son concept de missile hypersonique HAWC (Hypersonic Airbreathing Weapon Concept).


    Test réussi pour le missile hypersonique de l'US Air Force

    Article de Sylvain BigetSylvain Biget, publié le 18 mai 2022

    Après trois essais ratés, l'US Air Force vient de réaliser avec succès un test de son missile hypersonique AGM-183A. L'armée américaine n'a pas dévoilé de détails sur les performances de ce missile et de son planeur hypersonique pouvant atteindre la vitesse de pointe de Mach 20.

    Les missiles hypersoniques font de plus en plus parler d'eux et l'armée russe les exploite même sur les champs de bataille en Ukraine. En tout cas, plusieurs de ces missiles ont été identifiés sur le terrain. Par ailleurs, l'aviation russe ne manque pas de trouver des occasions pour les montrer ostensiblement sous les ailes de ses avions et notamment à Kaliningrad, l'enclave russe donnant sur la mer Baltiquemer Baltique. Capable de voler au-delà de Mach 5, l'arme hypersonique est plus difficile à détecter en raison de son évolution à des altitudes plus basses et de ses manœuvres en vol. Celles-ci rendent imprévisible la trajectoire du missile pour parvenir à l'intercepter. C'est bien pour cette raison que les armées se tournent vers des technologies à base de canon laser ou de railgun capables de tirer en rafales pour multiplier les chances de les atteindre. C'est d'ailleurs avec ce type d'équipement que le Japon compte protéger son territoire d'une attaque par missiles hypersoniques.

    Chez les Américains, jusqu'à ce que les troupes russes envahissent l'Ukraine, c'était la recherche qui prédominait plus que leur déploiement opérationnel. Le conflit a donné « un coup de boosterbooster » à l'US Air Force pour que ces armements soient prêts dans les meilleurs délais. C'est ainsi que ce 14 mai, l'armée de l'air américaine a lancé et testé avec succès son missile hypersonique AGM-183A à partir d'un B-52H Stratofortress du 419th Flight Test Squadron.

    Sous l’aile de ce B-52H, on peut voir le planeur hypersonique AGM-183A posé sur son lanceur. C’est avec lui qu’il va dépasser la vitesse de Mach 5. Il serait capable d’évoluer à Mach 20 selon son concepteur Lockheed Martin. © US Air Force
    Sous l’aile de ce B-52H, on peut voir le planeur hypersonique AGM-183A posé sur son lanceur. C’est avec lui qu’il va dépasser la vitesse de Mach 5. Il serait capable d’évoluer à Mach 20 selon son concepteur Lockheed Martin. © US Air Force

    La course à l’armement de pointe s’accélère

    Il s'agissait de larguer le missile conçu par Lockheed Martin depuis l'aile du B-52. Un lanceurlanceur a ensuite propulsé le missile au-delà de Mach 5. Pour le reste, l'US Air Force n'a délivré aucun autre détail sur la vitesse de pointe, ou encore l'altitude. Tout ce que l'on sait c'est que ce quatrième essai fut le bon, contrairement aux trois précédents. Il faut dire que sur le papier, l'AGM-183A, testé par les Américains, est conçu pour atteindre une vitesse maximale de Mach 20. Une vélocitévélocité qui signifie que les températures et les accélérations sont extrêmement élevées.

    Elles nécessitent donc de nouveaux matériaux et des systèmes électroniques embarqués, à la fois robustes et réactifsréactifs pour manœuvrer l'appareil. Ce succès devra être confirmé par plusieurs autres tests cette année, pour que l'arme soit déployée de façon opérationnelle en 2023. Le planeur hypersonique pourra être transporté par les bombardiers stratégiques B-52 et par des chasseurs bombardiers F-15. Entre le test démonstratif du fameux missile nucléaire Satan-2, les essais de missiles hypersoniques chinois, ou les tirs de missiles nord-coréens, cette accélération de la course à l'armement de pointe due au conflit en Ukraine vient renforcer l'ambiance anxiogène du moment.