En mars dernier, lors des tensions entre Israël et le Territoire palestinien, Tsahal aurait employé des essaims de drones épaulés par une IA pour identifier les cibles et organiser ses frappes avec plus de rapidité et de précision.


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    Voici la première guerre de l'intelligence artificielle, si toutefois l'idée de la guerre peut être associée à celle de l'intelligence. Son champ de bataille est celui des tensions entre Israël et le Territoire palestinien occupé. Selon NewScientist, en mai dernier, les Forces de défense israéliennes affirment avoir utilisé une IA et des supercalculateurs pour identifier les cibles des frappes. C'est un essaim de drones guidés par cette IA qui aurait identifié de nouvelles cibles dans la bande de Gaza après que les supercalculateurs ont passé au peigne fin les données collectées par des satellites, des aéronefsaéronefs et des troupes au sol.

    C'est l'Unité 8200 du Corps du Renseignement de Tsahal (acronyme pour désigner l'Armée de défense d'Israël) qui est à l'origine de cette IA et de ses puissants algorithmes ; elle serait d'ailleurs utilisée depuis maintenant deux ans. Pour plus de précisions et apporter de la prédiction sur les horaires et lieux des attaques ennemies, l'IA se nourrit des archives des données collectées depuis des années sur le terrain ou dans les airsairs.

    Les Forces israéliennes ne donnent pas de détails sur les caractéristiques de leur essaim de drones, mais elles affirment que l'IA apporte une réduction considérable de la duréedurée des combats, car elle permet de traiter de très nombreuses informations très rapidement et d'y voir plus clair pour prendre une décision stratégique éclairée.

    Un drone MQ-9 Reaper de l’armée française, situé sur la BA-709 de Cognac. Contrairement aux petits drones évoluant en essaims, il n’est absolument pas autonome et nécessite un équipage de quatre aviateurs au sol. © Sylvain Biget
    Un drone MQ-9 Reaper de l’armée française, situé sur la BA-709 de Cognac. Contrairement aux petits drones évoluant en essaims, il n’est absolument pas autonome et nécessite un équipage de quatre aviateurs au sol. © Sylvain Biget

    Des essaims de drones suicides pour l’armée française ?

    À chaque fois que l'on évoque l'IA et l'autonomie des drones, on pense aux robots tueurs et, dans ce domaine, la fiction pourrait bien laisser place à la réalité d'ici peu. Cette autonomie des robots armés, c'est justement ce qui inquiète le Conseil de sécurité de l'ONU et Humans Rights Watch. La question de l'interdiction du développement de ce type d'armes fait actuellement débat avec la multiplication de drones « consommables » bardés de technologies et capables d'assurer leur mission de façon autonome. D'ailleurs, Futura évoquait dernièrement l'attaque d'un drone armé autonome en Libye contre des soldats affiliésaffiliés au général Haftar. Pour la première fois, un drone Kargu-2 turc guidé par IA a identifié et peut-être attaqué tout seul des cibles humaines sans le contrôle d'un opérateur.

    L’Armée française ne dispose pas de véritable défense contre de tels essaims de drones qui passent au travers des radars

    La question de l'utilisation de tels drones mais également de s'en protéger fait aussi débat en France. Demain, 7 juillet, des députés vont d'ailleurs travailler sur les conclusions d'une mission d'information dédiée à l'utilisation des drones sur les champs de bataille. Le Sénat présentera dans la foulée un rapport sur l'exploitation de ces aéronefs dans les armées. Il en ressort déjà que l'Armée française ne dispose pas de véritable défense contre de tels essaims de drones qui passent au travers des radars. Les militaires sont certes équipés de quelques fusils brouilleurs et développent d'autres systèmes de lutte anti-drone, mais rien n'est vraiment opérationnel.

    Pour le côté offensif, en plus des 12 « gros » drones MQ-9 Reaper dont dispose l'Armée de l'air française et qui sont à l'origine de 58 % des frappes au Sahel, les sénateurs suggèrent aux forces armées de se doter de drones pouvant être sacrifiés lors des combats. Il s'agirait, autrement dit, de drones suicides servant, au choix, de leurres ou d'essaims offensifs pour saturer les défenses ennemies. Ils pourraient également être utilisés pour pénétrer discrètement sur le territoire ennemi en passant entre les mailles du filet des systèmes de défense.