Le Kremlin a sorti de son hangar l’un de ses Iliouchine Il-80 pour le faire voler en banlieue de Moscou. Un vol sans doute préparatoire pour la parade de la fête de la grande guerre patriotique du 9 mai. L’appareil est conçu pour être utilisé comme poste de commandement pour les autorités du pays en cas d’attaque nucléaire.


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    Depuis quelques jours, les médias russes montrent ostensiblement les préparatifs à la parade de la fête de la victoire de la grande guerre patriotique du 9 mai. Il s'agit d'un défilé militaire géant qui se déroule à Moscou et qui est l'occasion pour le Kremlin de montrer à l'Occident les joyaux de son funeste arsenal militaire. Cette année, invasion de l'Ukraine oblige, il devrait y en avoir un peu moins que d'habitude, mais il semble déjà clair que les missiles balistiques à capacité nucléaire se trouveront en tête du cortège, histoire d'ajouter un coup de pressionpression sur les populations occidentales quant à la menace d'une offensive nucléaire. Il faut rappeler qu'une semaine après le tir du fameux missilemissile RS-28 Sarmat, rebaptisé SatanSatan-2 par l'Occident, Vladimir Poutine avait réitéré à demi-mots la menace d'utilisation de l'arme nucléaire en cas d'intervention occidentale dans le conflit en cours en Ukraine.

    Outre la diffusiondiffusion par la chaîne de TV russe la plus populaire, d'images simulant le tir de missiles Satan-2 sur Paris, Londres ou Berlin, parmi les gadgets tournant autour de la menace nucléaire, la Russie vient de sortir de sa réserve son vieil Iliouchine II-80. Issu de la Guerre froide, l'aéronefaéronef géant, dont le nom de code russe est Aimak, est censé être un bunker volant permettant de protéger les hauts responsables du Kremlin en cas d'attaque nucléaire. Il s'agit précisément d'un centre de commandement volant. Il est très rare que l'on puisse voir ce II-80 en dehors de son hangar. La dernière fois, ce fut il y a 12 ans. Il vient pourtant de réaliser un très symbolique petit tour de chauffe avant la cérémonie du 9 mai autour de Moscou.

    Sous les ailes de l’avion, se trouvent deux modules qui sont en réalité des générateurs électriques. L’appareil peut être ravitaillé en vol grâce à une perche placée à gauche du nez et dont la conduite alimente directement les réservoirs dans les ailes. © Globalsecurity.org
    Sous les ailes de l’avion, se trouvent deux modules qui sont en réalité des générateurs électriques. L’appareil peut être ravitaillé en vol grâce à une perche placée à gauche du nez et dont la conduite alimente directement les réservoirs dans les ailes. © Globalsecurity.org

    Un vol d’appareils de communication radio en 2020

    Basé sur un Iliouchine II-86 civil, l'aéronef propulsé par quatre réacteurs dispose d'un blindage spécial et est dénué de hublots pour les passagers afin de les protéger des conséquences d'une explosion nucléaire et de conserver la fonctionnalité des systèmes radios de l'aéronef. L'appareil n'est doté que d'une seule porteporte d'embarquement. Sa bosse au-dessus de la carlingue enferme un équipement de communication satellite et des liaisons radio. L'avion a été produit en quatre exemplaires à la fin des années 80. Il serait en cours de modernisation. En 2020, alors que l'un d'eux était en maintenance, certains de ses appareils de communication ont été volés.

    Le Kremlin n'est pas le seul à disposer d'un tel appareil. Les États-Unis sont aussi équipés d'un appareil équivalent avec le Boeing E-4B Noac. Il repose également sur une base d'avion civil, le Boeing 747-200F propulsé par quatre moteurs. L'avion américain est, lui aussi, dénué de hublots et possède également un dôme abritant son système de communication. Ce Boeing a aussi été produit en quatre exemplaires et est utilisé périodiquement pour gérer les situations d'urgence lors de catastrophes naturelles. Les militaires américains lui ont donné le surnom de l'avion du « jugement dernier ». Une appellation que le Kremlin aimerait sans doute que l'on attribue à son propre II-80 pour renforcer cette crainte d'une escalade nucléaire.

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