Au début 2014, la plateforme Mt. Gox gérait 70 % des transactions mondiales en Bitcoin. Et puis elle s'est effondré, laissant des dizaines de milliers de créanciers sans recours. La justice japonaise leur a enfin donné accès à ce qui représente à présent 9 milliards de dollars.


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    Depuis le 20 octobre, plus de 20.000 usagers de bitcoins, qui en avaient été dépossédés en 2014, peuvent soupirer. Ils vont pouvoir récupérer une petite partie de leurs avoirs. Avec une nuance : cette fraction a vu sa valeur se démultiplier entre temps.

    Apparu en 2009, le bitcoin nécessitait d'exécuter un programme sur son ordinateur, de préférence 24 heures sur 24. Seulement voilà : comment faisait-on pour l'échanger contre des dollars, des euros, bref de l’argent véritable, utilisable dans la vie de tous les jours. Et que faire si l'on souhaitait juste acquérir des BTC sans forcément en générer soi-même ? C'est pour fournir un tel service que, le 18 juillet 2010, Jeb McCaleb avait ouvert à Tokyo un exchange (place de marché) du Bitcoin : Mt.Gox.

    Chez Mt.Gox, l'argentargent « officiel » pouvait être échangé contre de la cryptomonnaie et vice-versa. McCaleb avait rapidement revendu son entreprise à Mark Karpeles, un Français qui s'était installé au Japon pour assouvir sa passion du jeu vidéo et des mangas.

    Le logo de Mt. Gox sur un smartphone. Jusqu'en 2014, Mt. Gox a été le 1<sup>er</sup> exchange (place de marché) de bitcoin au monde.© AdobeStock
    Le logo de Mt. Gox sur un smartphone. Jusqu'en 2014, Mt. Gox a été le 1er exchange (place de marché) de bitcoin au monde.© AdobeStock

    Quand la roue de la fortune tourne dans le mauvais sens

    Au cours des 3 années qui ont suivi, Mt.Gox est devenu le numéro 1 du secteur. Mieux encore, la plate-forme a fortement contribué au succès du bitcoin : dans la mesure où Mark Karpelès garantissait les échanges de bitcoin contre des devises, la valeur du bitcoin a augmenté.

    Pourtant, très vite, Mt. Gox attiré la convoitise. Dès juin 2011, des hackers ont réussi à s'emparer des serveurs de Mt.Gox et organisé des transactions fictives de bitcoin. Pour y remédier, Karpelès a dû fermer ses serveurs pendant sept jours. En avril 2013, cette fois, c'est l'afflux de demande qui a fait crasher les serveurs de Mt. Gox et, à nouveau, il s'en est suivi une chute du bitcoin. Puis, tout est reparti, en apparence sur des chapeaux de roue.

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    Et puis, à la fin février 2014, panique : le site annonce sa fermeture et dépose son bilan. Explication de Mark Karpelès : des hackers ont dérobé 740.000 BTC des serveurs de la société - soit l'équivalent de 450 millions de dollars. Peu après, on peut voir un piquet de protestataires se former devant les locaux de la société avec des panneaux : « Mt.Gox rends-nous notre argent ! »

    Qui perd gagne ? 

    La justice japonaise a lancé une enquête laborieuse. En août 2015, la police de Tokyo a invité la presse à assister à l'arrestation de Karpeles. Pourtant, l'intéressé n'a rien avoué et s'est contenté de plaider non coupable.

    Tout n'était pas perdu pourtant. Après la faillite, Mark Karpelès avait remis au liquidateur 200.000 BTC préservés du vol. Sur les 130.000 clients qu'avait Mt. Gox, 24.000 créanciers se sont fait connaître en vue de récupérer leurs BTC perdus. Il leur a fallu s'armer de patience.

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    Après plusieurs années d'attente, une lueur est apparue début janvier 2021. Nobuaki Kobayashi, le liquidateur de Mt.Gox a proposé aux anciens usagers de Mt. Gox de pouvoir se partager les 9/10e des bitcoins encore accessibles - Nobuaki les détenait dans un cold walletwallet (portefeuille physiquephysique). Toutefois, le plan de réhabilitation était assujetti à deux conditions :

    • une majorité de votants devaient approuver ce plan, avant le 8 octobre ;
    • une majorité des créanciers devaient participer au vote.

    Le verdict est finalement tombé : le 20 octobre, la Cour de Tokyo a annoncé que les victimes de Mt. Gox allaient se partager les fameux bitcoins encore sous la responsabilité de Kobayashi. La bonne nouvelle pour eux est que, à la suite de la récente hausse historique de cette monnaie, les intéressés vont se partager la coquette somme de 9 milliards de dollars environ !