Fin 2010, le dénommé Satoshi Nakamoto, créateur du Bitcoin, a cessé de donner signe de vie. S'il existe vraiment, il serait l'une des plus grandes fortunes mondiales. Depuis 2016, Craig Wright prétend être Nakamoto. Un procès lancé en Floride pourrait permettre d'en savoir plus sur ce mystère persistant.


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    Qui a créé le Bitcoin ? Nul ne le sait. Le mystère est entier et d'ailleurs ARTE TV, depuis hier, y consacre une série animée en six épisodes de dix minutes : Le mystère Satoshi. Il se trouve que, à ce jour, l'identité exacte du créateur du Bitcoin n'a jamais été révélée. Un dénommé Satoshi Nakamoto a posté son premier message sur un forum de cryptographie, 1er novembre 2008. Durant deux années, il a exposé ses idées, proposé le logiciel de création du Bitcoin, émis ses remarques sur les premières expériences. Et puis, son dernier message a été posté le 11 décembre 2010. Depuis, le dénommé Nakamoto a disparu.

    Dans le Top 20 des fortunes mondiales ?

    Autant le dire : ce mystère a soulevé bien des interrogations. Plusieurs magazines se sont livrés à des enquêtes pour tenter de retrouver qui pouvait bien se cacher derrière l'identité Satoshi Nakamoto. Une personne ? Un groupe ? On a évoqué la possibilité d'un homme de 37 ans qui vivait au Japon. Aucune de ces investigations n'a apporté une réponse. Il est possible que l'intéressé ait souhaité disparaître afin de laisser sa création prendre son envol. Ce qui est sûr, c'est que, si Nakamoto existe, il serait aujourd'hui dans le top 20 des fortunes mondiales (environ 60 milliards de dollars) du fait de la possession d'environ 1 million de BTC, collectés durant la 1re année de création de cette monnaie.

    Le tonitruant Craig Wright

    Et puis, en mai 2016, un expert en cryptographie australien, Craig WrightWright, se place sur le devant de la scène, et affirme, au travers d'une vaste campagne de relations publiques qu'il serait Satoshi Nakamoto. Dès le départ, l'individu ne peut qu'attirer le doute : vantard, bravache, il est très vite rejeté par la communauté crypto qui le désigne comme un imposteur - certains vont jusqu'à le comparer à Donald Trump. Plus sérieusement, les meilleurs analystes de la blockchain s'acharnent à démontrer qu'il n'aurait utilisé que des informations déjà publiques.

    Craig Wright réplique à sa façon : se disant victime de jalousie, il clame avoir déposé des dizaines de brevets relativement à la technologie du Bitcoin, suffisamment pour prétendre à la possession de certaines applicationsapplications. À l'entendre, il n'aurait pour seul défaut que d'avoir vu juste un peu trop tôt et l'avenir lui donnera raison.

    En avril 2018, lors d'une conférence où Wright avait été invité à s'exprimer, Vitalik Buterin, le créateur d'EthereumEthereum a exprimé publiquement son rejet, qualifiant Wright d'« escroc ». Pour sa part, Steven Wright a lancé de nombreux procès pour tenter de prouver qu'il détiendrait la propriété intellectuelle du Bitcoin.

    Les fans de Bitcoin ont tendance à penser que son véritable créateur a préféré se retirer et ne jamais toucher à ses avoirs afin d'aider à conserver une aura autour de son invention. © Leestat, Adobe Stock
    Les fans de Bitcoin ont tendance à penser que son véritable créateur a préféré se retirer et ne jamais toucher à ses avoirs afin d'aider à conserver une aura autour de son invention. © Leestat, Adobe Stock

    Le mystérieux Dave Kleinman

    En 2013, un certain David Kleinman a disparu. Or, ce dernier était un programmeur de Floride et il s'est avéré qu'il avait été en partenariat avec Craig Wright.

    À partir du moment où Wright a affirmé être le créateur du Bitcoin, la famille de Kleinman est montée au créneau. Leur motif : les deux hommes auraient travaillé ensemble sur le Bitcoin. Et s'il en est ainsi, Wright est redevable à Kleinman de la moitié de la fortune qu'il détiendrait de cette monnaie.

    Un procès a donc été lancé en Floride avec pour but de faire la lumièrelumière sur ce sujet : Craig Wright et David Kleinman auraient-ils été Satoshi Nakamoto ? Vel Freedman, l'avocatavocat de la famille Kleinman affirme qu'il disposerait des preuves montrant qu'il existait un partenariat entre les deux hommes pour « créer et exploiter plus d'un million de Bitcoin ».  Wright soutient qu'il n'en est rien.

    Clairement, ce procès a pour motivation essentielle d'essayer de récupérer quelques milliards de dollars. Il reste que le tribunal de Floride pourrait forcer Wright à produire des preuves de ses allégations comme quoi il serait le créateur du Bitcoin. Jusqu'alors, Craig Wright a affirmé qu'il aurait dévoilé de telles preuves en privé à quelques rares experts du domaine qui semblent d'ailleurs n'avoir pas été convaincus. Il avait ensuite déclaré qu'il n'était « pas prêt à fournir les preuves » de sa paternité du Bitcoin. Si le procès parvient à faire la lumière sur la question, un pas aura été franchi.