« Un grand jour pour l’industrie française et européenne. » C’est par ces mots que le gouvernement qualifie l’ouverture dans le nord de la France d’une première gigafactory dédiée à la fabrication de batteries pour véhicules électriques. Une première brique pour contrer la masse chinoise, très en avance en la matière.


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    C'est l'événement du moment, l'inauguration de la toute première usine française géante de fabrication de batteries pour voitures électriques. Basée près de Lens, à Douvrin, celle que l'on nomme « gigafactory », selon l'appellation d'Elon MuskElon Musk, est une gigantesque usine de 100 mètres de large sur 644 mètres de long. Dès aujourd'hui, 350 employés y travaillent et ils devraient produire 13 GWh de batteries d'ici la fin 2024. Ce n'est que le début, puisqu'à l'horizon 2030 l'usine devrait générer une capacité de 40 GWh, soit l'équivalent de 800 000 batteries par an. Pour y parvenir elle devrait alors compter 2 000 employés. L'ambition de cette réindustrialisation locale de la production de batteries vise en premier lieu à réduire la dépendance à la Chine qui est très en avance.

    L'usine a été mise en place par un consortium qui a également tout intérêt à ce que cette dépendance se réduise. Il s'agit d'ACCACC (Automotive Cell Company) qui comprend TotalEnergies, Stellantis et Mercedes-Benz. L'usine est la première de cinq usines du même stylestyle qui devraient émerger avant la fin de la décennie. Avec de tels sites, la France compte devenir autonome face à la production des batteries de ses propres véhicules électriques dès 2027. Si la France se lance dans cette aventure avec un objectif de 5,7 millions de voitures électriques vendues en 2050, jusqu'à maintenant les marques nationales ont avancé les freins serrés sur l'électrification de leur gamme.

    Bruno Lemaire, le ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, annonce l’ouverture de la réindustrialisation du nord de la France avec cette gigafactory dédiée à la production massive de batteries. © Bruno Lemaire, Twitter

    Du lithium dans le sol français

    Le programme de location subventionné à 100 euros par mois leur a tordu le bras pour forcer le développement de citadines abordables, mais les marques chinoises avec leurs modèles à bas coût devraient débarquer massivement sur le marché européen. Qui dit fabrication locale de batteries, dit également approvisionnement de la matièrematière première de leur chimiechimie et notamment le lithiumlithium, ou encore le cobaltcobalt. Or, ces éléments sont également produits massivement par la Chine. Les usines françaises pourraient très bien se passer de ces matériaux en optant pour des chimies bon marché et disponibles en abondance, comme c'est le cas pour les batteries sodium. Mais, pour le moment, c'est trop tôt, car celles-ci ne sont encore pas maîtrisées technologiquement. Alors pour réduire la dépendance à la Chine, il y a bien les filières de recyclagerecyclage qui permettent d'aller très loin dans la revalorisation des batteries des véhicules électriques. Veolia, Renault et le chimiste Solvay se sont associés pour recycler les métauxmétaux en circuit fermé. Là encore, cela reste trop tôt, car il n'y a pas encore suffisamment de batteries usagées à recycler pour que cette filière soit économiquement viable. 

    Parmi les pistes de développement de la batterie française et européenne, il y a aussi la découverte de gisementsgisements de lithium directement sur notre territoire. Ainsi, selon une étude du Bureau français de recherches géologiques et minières, d'importants gisements seraient présents dans le Massif central et aussi en Alsace. Ces capacités seraient suffisamment importantes pour rendre la France largement autosuffisante. Ces gisements potentiels attirent déjà des sociétés étrangères à l'instar de la start-up australienne VulcanVulcan Energy qui compte s'implanterimplanter dans la région. Cette dernière a des investisseurs européens, comme Stellantis, Renault et Volkswagen.