La cuisine française, réputée mondialement, regorge de mythes et légendes qui ont façonné son histoire. Mais que reste-t-il de ces récits quand un historien les passe au crible ? Des inventions culinaires attribuées à tort à des personnages célèbres aux croyances sur les aliments aphrodisiaques, plongeons dans les secrets de notre patrimoine gastronomique. Préparez-vous à être surpris par la réalité derrière ces savoureuses histoires !
 


au sommaire


    L'histoire de la gastronomie française est parsemée d'anecdotes savoureuses et de légendes alléchantes. Pourtant, bon nombre de ces récits ne résistent pas à l'examen minutieux des historienshistoriens. Tout au long de cet article, nous allons chercher quelques-uns des mythes les plus tenaces de notre patrimoine culinaire, en démêlant le vrai du faux. Des origines de certains plats emblématiques aux habitudes alimentaires de nos ancêtres, préparez-vous à un voyage gustatifgustatif et historique surprenant.

    Des inventions culinaires aux origines surprenantes

    Contrairement à la croyance populaire, Nostradamus n'a pas inventé la confiture. Bien que l'astrologue ait publié un ouvrage sur le sujet en 1555, cette délicieuse préparation existait bien avant lui. En réalité, son livre témoigne d'un art déjà bien développé dans le royaume de France, mentionnant des régions renommées pour leurs confitures comme Toulouse et Bordeaux.

    De même, le croissant n'est pas une invention liée aux Turcs. Les légendes associant cette viennoiserie aux sièges de Vienne ou de Budapest au XVIIe siècle sont infondées. En fait, des gâteaux en forme de croissant étaient déjà servis à Catherine de Médicis en 1549. La recette feuilletée que nous connaissons aujourd'hui n'est apparue qu'à la Belle Époque.

    Quant au baba au rhum, il n'a pas été inventé par le roi Stanislas. Si le monarque a probablement introduit en France une version du gâteau polonais appelé « baba », c'est bien plus tard, vers les années 1830, que des pâtissiers parisiens eurent l'idée de l'imbiber de rhum pour pallier sa tendance à se dessécher rapidement.

    Croissant, chocolat, aphrodisiaques : derrière la grande Histoire se cache la petite histoire de vos plaisirs gourmands et des idées reçues sur la gastronomie. © RossHelen, iStock
    Croissant, chocolat, aphrodisiaques : derrière la grande Histoire se cache la petite histoire de vos plaisirs gourmands et des idées reçues sur la gastronomie. © RossHelen, iStock

    Croyances et pratiques alimentaires d'antan

    Nos ancêtres avaient parfois des croyances étonnantes concernant certains aliments. Par exemple, l'huître est considérée comme aphrodisiaqueaphrodisiaque depuis le XVIe siècle. Des médecins de l'époque, comme Laurent Joubert, débattaient même du meilleur moment pour les consommer afin d'en tirer les effets désirés sur la libido.

    Au XVIIe siècle, le chocolat suscitait la méfiance de certaines dames de la cour. La marquise de Sévigné, dans ses lettres de 1671, mettait en garde sa fille enceinte contre sa consommation, craignant qu'il ne change la couleur de peau du bébé. Cette anecdote illustre les superstitions qui entouraient alors les aliments exotiquesexotiques nouvellement introduits en Europe.

    Voici un tableau résumant quelques mythes culinaires et leur réalité :

    Mythe

    Réalité

    Nostradamus a inventé la confiture

    Faux : la confiture existait bien avant lui

    Le croissant est lié aux Turcs

    Faux : son origine est bien antérieure

    L'huître est aphrodisiaque

    Vrai : cette croyance date du XVIe siècle

    Le chocolat change la couleur du bébé

    Faux : simple superstition du XVIIe siècle

    Traditions culinaires et événements historiques

    L'histoire de la gastronomie française est également marquée par des événements historiques qui ont influencé nos habitudes alimentaires. Par exemple, pendant le siège de Paris en 1870-1871, la pénurie a poussé les Parisiens à consommer des viandes inhabituelles. On trouve par voie de conséquence dans les menus de l'époque des mets surprenants comme du filet de lamalama ou des pieds d'éléphant à la poulette.

    Contrairement à une idée reçue, l'Église n'a pas toujours interdit le beurre les jours maigres. Dès la fin du Moyen Âge, les autorités ecclésiastiques ont autorisé sa consommation en période de jeûne, particulièrement dans les régions « beurrières » comme la Bretagne et la Normandie. Cette dispense a contribué à l'essor du beurre dans la cuisine française.

    L'organisation des cuisines a également évolué au fil du temps. Si l'on attribue souvent à Auguste Escoffier l'invention des brigades de cuisine, cette organisation existait déjà depuis le Moyen Âge. Escoffier a néanmoins modernisé ce système en l'adaptant aux grands hôtels de la Belle Époque, rationalisant le travail pour répondre aux exigences d'une clientèle pressée.

    Vérité historique derrière les légendes culinaires

    Certaines anecdotes culinaires, bien que surprenantes, sont pourtant véridiques. C'est le cas de François Vatel, maître d'hôtel du Grand Siècle, qui s'est effectivement donné la mort lors d'un banquet pour Louis XIV. D'un autre côté, contrairement à la légende, ce n'est pas uniquement le manque de poissonpoisson qui l'a poussé à cet acte désespéré, mais une accumulation de contrariétés et la crainte de perdre son honneur.

    L'histoire de la fourchette en France est également sujette à des mythes. Catherine de Médicis n'a pas imposé son usage à la cour de France, comme on le prétend souvent. En réalité, cet ustensile était déjà connu depuis l'époque gallo-romaine, mais son utilisation ne s'est généralisée qu'au Siècle des Lumières.

    Ces exemples illustrent la complexité de l'histoire culinaire française, où réalité et fiction s'entremêlent souvent. Ils nous rappellent l'importance de l'analyse historique pour comprendre l'évolution de nos traditions gastronomiques.