La bataille de Normandie qui débute par le débarquement allié le 6 juin 1944 sur les plages du Calvados et du Cotentin est connue sous le nom de code « Opération Overlord ». Mais pourquoi un tel choix, et que cache ce terme à la résonance imposante ?
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Ce choix n'est pas anodin : il reflète l'ambition des Alliés de reprendre le contrôle sur l'Europe occupée par les nazis et d'ouvrir une nouvelle percée vers le coeur de l'Allemagne face à la lenteur de la progression des forces alliées en Italie. Pour cela, une logistique sans précédent et des moyens humains colossaux sont mis en oeuvre : ce sont 150 000 soldats qui débarquent au cours de la seule journée du 6 juin sur les plages du Calvados et du Cotentin, ce ne sont pas moins de 3 millions de soldats des forces alliées qui débarquent au total entre le début de l'opération le 6 juin et la fin, le 25 août 1944 avec la prise de Paris. Les moyens logistiques sont également hors norme : le débarquement mobilise 1 213 bateaux de guerre, 736 navires de soutien, 864 cargos et 4 126 engins et péniches qui font débarquer 20 000 véhicules. 12 000 avions viennent en renfortrenfort pour soutenir les forces terrestres. Winston Churchill et l'état-major allié veulent un nom qui incarne la puissance de cette opération militaire sans précédent.
Le processus de sélection du nom
Le terme "Overlord", qui signifie littéralement "suzerain" ou "seigneur suprême", porteporte une connotation de domination et de pouvoir. Ce choix reflète l'ambition de l'opération : elle vise à ouvrir un nouveau front en Europe de l'ouest pour diviser les armées du Troisième Reich et à établir une supériorité militaire totale sur les forces nazies en Europe occidentale. En attribuant ce nom, les stratèges alliés soulignent le caractère monumental de l'offensive, qui a vocation à modifier le cours de la guerre. Cependant, cette désignation reste suffisamment abstraite pour ne pas révéler la nature ou l'objectif de l'opération en cas de fuite d'information. Aucun indice ne permet de deviner qu'il s'agissait du débarquement en Normandie.

Les noms de code militaires sont une tradition solidement ancrée dans l'histoire des conflits modernes. La pratique des noms de code se développe particulièrement pendant la Première Guerre mondiale, mais c'est lors de la Seconde Guerre mondiale qu'elle atteint une organisation systématique. Les archives militaires britanniques, notamment les documents du War Office conservés aux National Archives de Kew, révèlent que le processus de sélection des noms de code suit des protocolesprotocoles stricts établis dès 1941 sous la direction du Inter-Services Security Board (ISSB). Les documents déclassifiés du Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force (SHAEF) montrent que le nom "Overlord" est choisi lors d'une réunion du Combined Chiefs of Staff en décembre 1943. Le lieutenant-général Frederick Morgan, alors COSSAC (Chief of Staff to the Supreme Allied Commander) détient un rôle pivot dans la phase critique de planification initiale d'Overlord : il préside le comité de sécurité qui doit approuver tous les noms de code et a la responsabilité du registre central des noms de code, document crucial qui permet d'éviter les duplications et les confusions. Ce registre, tenu dans son bureau de Norfolk House à Londres, est l'outil principal de gestion des noms d'opérations. Mais il n'est pas le seul à choisir les noms de codes qui sont sélectionnés lors de l'assemblée du Combined Chiefs of Staff. Les archives révèlent que plusieurs autres noms sont considérés pour cette opération de grande envergure, dont Roundup et Sledgehammer, initialement prévus pour des plans antérieurs.
Les différentes phases de l'opération Overlord
Il serait réducteur de limiter l'opération Overlord au débarquement du 6 juin 1944, bien que celui-ci en soit l'événement central. L'opération se déroule en plusieurs phases à savoir :
L'opération NeptuneNeptune qui désigne la phase maritime en amont du débarquement avec l'acheminementacheminement des troupes, des équipements et le bombardement naval préliminaire. Cette opération amphibie mobilise en tout plus de 5 000 navires.

L'opération Bodyguard consiste en un vaste plan de désinformation orchestré pour tromper les Allemands. Par exemple, de faux renseignements suggèrent que le débarquement aurait lieu dans le Pas-de-Calais, afin de détourner les forces ennemies.
Dans ce cadre, les Alliés mettent en place une armée factice équipée de tanks gonflables et diffusèrent de fausses communications radio, sous le nom de code opération Fortitude. Cette illusion permet de maintenir les troupes allemandes à distance des plages normandes.
La préparation de l'opération Overlord est appuyée par les actions de la Résistance française. Les réseaux de la RésistanceRésistance sabotent les voies ferrées et coupent les lignes téléphoniques. Ces actions contribuent à ralentir les renforts allemands.
L'opération britannique Tonga et celle américaine Albany et Boston entraîne le parachutage des britanniques et américaines le 6 juin à 1h du matin. Certains parachutistes alliés, désorientés, utilisent alors des jouets sonores pour se réunir discrètement dans l'obscurité.