Elle aurait pu s'en tenir là. Après avoir lancé toutes les cabines Mercury, Atlas fut remplacée pour les missions de vols habités par la Titan, elle aussi dérivée d'un modèle militaire, puis par la célèbre famille des Saturne exclusivement civiles. Mais alors que ces lanceurs de nouvelle génération étaient justifiés par un besoin de performances toujours accru, Atlas continuait son petit bonhomme de chemin...
- Atlas 3
Ce lanceur marque une véritable rupture avec le passé puisque le lanceur "historique" américain est le tout premier à être équipe d'un moteur russe. Ce moteur, le RD-180, est dérivé du RD-170-171 qui équipe le premier étage de la fusée Zenith utilisée par Sea Launch, mais aussi les boosters à carburant liquide qui servirent au lancement de la navette spatiale soviétique Bourane.
Atlas 3 mesure 52,8 mètres de hauteur, pour 3,1 mètres de diamètre et un poids au décollage de 225 tonnes. Sa capacité d'emport est de 10,7 tonnes sur orbite basse ou 4,5 tonnes en GEO (orbite géostationnaire). Le premier vol du lanceur, le 24 mai 2000, sera un succès.
- Atlas V
Sous cette nouvelle dénomination, c'est toute une nouvelle famille de lanceurs qui voit le jour, autour de son premier étage et de son moteur RD-180, de l'étage Centaur et de ses propulseurs d'appoint à poudre.
Atlas adopte dorénavant une dénomination à trois chiffres, comme Atlas V301, 401, 541... Dans cette codification, le premier chiffre indique le diamètre de la coiffe abritant la charge utile (satellite) : 3, 4 ou 5 mètres. Le deuxième chiffre indique le nombre de propulseurs à poudre utilisés lors du décollage (entre 0 et 5), et le troisième chiffre indique le nombre de moteurs RL-10 équipant l'étage Centaur : 1 ou 2. Le lanceur dans sa version de base, sans propulseur d'appoint, mesure 58,3 mètres pour un poids au décollage de 333,3 tonnes.
Caractéristiques d'emport en orbite de transfert géosynchrone du lanceur Atlas 5 :
Atlas 401 > 4,9 tonnes
Atlas 431 > 7,6 tonnes
Atlas 501 > 3,9 tonnes (*)
Atlas 551 > 8,7 tonnes
Bien entendu, ces chiffres sont à comparer à ceux de la fusée européenne Ariane 5 :
Ariane 5 actuelle > 6,8 tonnes (*)
Ariane 5 "versatile" > 7,3 - 8,0 tonnes
Ariane 5 ESC-A > 10,0 tonnes
Ariane 5 ESC-B > 12,0 tonnes
(*) ont déjà volé.
Comme on le voit, les capacités de l'Europe en matière de transport spatial ne sont pas réellement menacées en matière de lancements de satellites, la comparaison étant actuellement largement en faveur du lanceur lourd européen. Cependant la dernière étape pourrait se jouer dans domaine des coûts, mais là, c'est une autre histoire... Cette Histoire, avec un grand H celle-là, qui retiendra probablement qu'en ce 21 août 2002, avec le tir réussi de son nouveau lanceur lourd Atlas 5, la Nasa accomplissait un effort en vue de se maintenir à niveau dans le marché extrêmement concurrentiel des lanceurs commerciaux de satellites, aux côtés de l'Europe, de la Russie, du Japon, de la Chine, et même du Brésil ou de sociétés privées comme Orbital Science (lanceur Pegasus) ou Sea Launch (lanceur Zenit).