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    Saqqara, les fouilles près de la pyramide à degrés

    Saqqara, les fouilles près de la pyramide à degrés

    À 40 km au sud-est du Caire s'élève la pyramide à degrés de Saqqara. C'est la plus ancienne des pyramides d'Égypte. Elle fut bâtie pour le roi Djéser vers 2700 avant J.-C. La concession de fouilles accordée à Christiane ZieglerChristiane Ziegler par le Service des antiquités de l'Égypte est située à quelques centaines de mètres de ce prestigieux monument.

    Les fouilles de Christiane Ziegler se situent proches de la pyramide à degrés de Saqqara. Ici, statue du dignitaire Akhethetep (Ancien Empire) mastaba d’Akhethetep. © Photos Christian Décamps / Mission archéologique du Louvre à Saqqara

    Les fouilles de Christiane Ziegler se situent proches de la pyramide à degrés de Saqqara. Ici, statue du dignitaire Akhethetep (Ancien Empire) mastaba d’Akhethetep. © Photos Christian Décamps / Mission archéologique du Louvre à Saqqara

    Les recherches sont centrées sur la zone du mastaba (tombe) d'Akhethetep dont la chapelle richement décorée fut vendue au Louvre en 1903 par le gouvernement égyptien. Elles éclairent la connaissance d'un secteur jusque-là inexploré de Saqqara, précisant son occupation humaine sur une période qui va de l'Ancien Empire (2500 avant J.-C.) jusqu'à l'époque arabe (IXe siècle après J.-C.).

    La mission contribue à l'établissement d'une carte archéologique de Saqqara, qui fait jusqu'à présent cruellement défaut, en compagnie de partenaires prestigieux :

    • zone sud de la chaussée d'Ounas cartographiée par l'Institut français d'archéologie orientale du Caire et la mission anglo-hollandaise ;
    • prospection électromagnétique dans le cadre du Saqqara Survey Project ;
    • zone occidentale du complexe de Djéser pris en charge par la mission du Centre polonais d'archéologie méditerranéenne de l'université de Varsovie ;
    • Saqqara Nord-Abousir étudiée par la mission tchèque de l'université de Prague.

    Les découvertes en paléographie et céramologie

    Dans le domaine de la paléographie, les inscriptions d'Ancien Empire étudiées par les chercheurs de la mission sont un apport non négligeable pour le nouveau programme de recherches paléographiques mené par l'Institut français d'archéologie orientale du Caire. Un très rare sauf-conduit, rédigé en arabe et précisément daté, éclaire d'une façon nouvelle les relations entre la communauté copte et les nouveaux conquérants arabes.

    Dans le domaine de la céramologie, une étude fine, menée depuis plusieurs années par G. Lécuyot est enrichie par la découverte en contexte de vases grecs très bien datés. D'autres documents d'origine étrangère, comme des textes bilingues en égyptien et araméen, des vases et des faïencesfaïences fabriqués au Proche Orient illustrent à quel point, au premier millénaire avant notre ère, Saqqara s'inscrivait dans un contexte multiculturel et méditerranéen.

    Masque de sarcophage (IV<sup>e</sup> siècle avant J.-C.) secteur ouest. © Photos Christian Décamps / Mission archéologique du Louvre à Saqqara

    Masque de sarcophage (IVe siècle avant J.-C.) secteur ouest. © Photos Christian Décamps / Mission archéologique du Louvre à Saqqara

    Les momies au service de la chronologie égyptienne

    Dans le domaine de la chronologie égyptienne, les datations au carbone 14 à partir d'échantillons pour lesquels le Conseil supérieur des antiquités de l'Égypte a donné une autorisation d'exportation, constituent une nouveauté tout à fait exceptionnelle. L'ampleur du matériel et son excellent état de conservation ont permis de mener de vastes campagnes d'analyses concernant les matériaux et les techniques des Anciens Égyptiens : S. Pagès-Camagna a étudié les enduits et les pigments du décor peint des sarcophages, V. Asensi les végétaux (boisbois, vanneries...), R. Cortopassi les textiles (bandelettes, linceuls, cartonnages de momie).

    L'étude radiographique d'une cinquantaine de momies effectuée par le Dr R. Lichtenberg a précisé l'âge, le sexe et l'état sanitaire des défunts. Enfin les recherches sur les momies menées par le Dr F.Janot ont abouti à des résultats novateurs qui ont été diffusés dans la communauté scientifique médicale : elles portent sur le domaine de la momification, les baumesbaumes, l'anthropologie et la paléopathologie.

    Momie de Bastetirdis dans son sarcophage (VI<sup>e</sup>-IV<sup>e</sup> siècle avant J.-C.), galerie A. © Photos Christian Décamps / Mission archéologique du Louvre à Saqqara

    Momie de Bastetirdis dans son sarcophage (VIe-IVe siècle avant J.-C.), galerie A. © Photos Christian Décamps / Mission archéologique du Louvre à Saqqara

    À la recherche du mastaba d’Akhethetep

    Rappelons maintenant les raisons qui ont amené Christiane Ziegler à conduire une fouille à Saqqara : il s'agissait de retrouver l'emplacement originel du mastaba d'Akhethetep dont la publication était programmée par le musée. En effet, sa chapelle magnifiquement décorée, vendue en 1903 par le gouvernement égyptien, avait été démontée puis transportée au musée du Louvre ; depuis, elle y illustre pour le public occidental un des temps forts de l'art égyptien, celui de l'époque des pyramides. Elle date sans doute du règne de Niouserrê (vers 2453-2420 avant J.-C.).

    Aujourd'hui le premier objectif a été atteint : le mastaba dans lequel s'insérait la chapelle décorée du Louvre a été localisé et suffisamment dégagé pour qu'un plan d'ensemble soit dorénavant dressé. La zone actuellement fouillée mesure environ 7.000 m2 et, en plusieurs points, le dénivelé atteint entre le niveau du sol actuel et le niveau de l'Ancien Empire est de 10 mètres.

    L'étude du mastaba du Louvre a commencé en 1991. Lorsque les archéologues arrivèrent sur le site, ils commencèrent à dégager un vaste secteur bouleversé par des fouilles antérieures. Une épaisse couche de sablesable, charrié par le ventvent du désertdésert, avait recouvert tout ce qui était demeuré en place. D'année en année, différents niveaux d'occupation humaine ont été dégagés et étudiés, révélant sur une hauteur de près de 10 mètres, l'histoire de ce secteur durant 3000 ans.

    En dépit des destructions, les niveaux supérieurs plus récents, ont conservé un intérêt archéologique et historique assez important pour ne pas être négligés, comme l'avaient fait les fouilleurs du XIXe siècle, à une époque où les fouilles se concentraient essentiellement sur les monuments de l'époque pharaonique.