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    Avec l'apparition du concept d'« hominisation », on comprend qu'un processus évolutif a transformé certains primatesprimates en humains. Cela s'est fait progressivement. Et avant cela, il y eut l'apparition des mammifèresmammifères, des primates, des hominidéshominidés...

    Des erreurs sont fréquentes à propos de la place de l'Homme par rapport aux autres espècesespèces. Alors, non, l'Homme n'est pas au sommet de la pyramide de l'évolution. Et non, l'espèce humaine n'est pas plus évoluée que les autres animaux.

    Avant l'hominisation, il y a d'abord eu l'apparition des mammifères, puis celle des primates, puis celle des hominidés… Ici, deux petits singes. © TheDigitalArtist, Pixabay, DP

    Avant l'hominisation, il y a d'abord eu l'apparition des mammifères, puis celle des primates, puis celle des hominidés… Ici, deux petits singes. © TheDigitalArtist, Pixabay, DP

    Histoire : naissance du concept d'« hominisation » (Vanini, Darwin…)

    En 1619, Lucilio Vanini est brûlé vif à Toulouse après avoir eu la langue coupée pour avoir osé comparer l'Homme aux animaux.

    Lorsque Darwin énonce sa théorie de l'évolutionthéorie de l'évolution, à la fin du XIXe siècle, c'est un choc pour les consciences, notamment pour les personnes attachées à la religion et à la création divine. Prudent, il revient d'ailleurs sur ses affirmations concernant l'Homme, mais contre son gré et pour ménager les susceptibilités.

    Charles Darwin (1809-1882). © DR

    Charles Darwin (1809-1882). © DR

    L'Homme, dans la société actuelle, semble encore garder une place à part : ce serait un « super-animal ». Il serait sorti de son animalité grâce à l'outil, à l'art, à la philosophie... Pourtant, remettre l'Homme à sa place dans la nature n'a rien de péjoratif. Cela ne nie pas ce qui fait sa spécificité. Spécificité, pas supériorité !

    De la même manière, nombreux sont ceux qui voient l'hominisation comme une échelle sur laquelle les générations successives d'hominidés n'auraient fait que gravir des échelons pour arriver au sommet que constitue l'Homme. Or, l'Homme n'est pas au sommet !

    Historiquement, l'Homme a eu du mal à admettre qu'il partage de nombreux points communs avec le chimpanzéchimpanzé, notamment presque tous ses gènesgènes.

    Au XXe siècle, la systématique moléculaire se préoccupe d'établir des relations de parenté entre espèces, puis de reconstituer l'histoire évolutive de celles-ci. Elle conduit à abandonner toute considération hiérarchique des relations entre les espèces.

    Autrement dit, l'Homme n'est pas en haut d'une échelle ou d'une pyramide, mais sur une des nombreuses branches de l'arbrearbre du vivant. Aucune espèce actuelle ne se révèle plus ou moins archaïque ou évoluée que la nôtre. Aucune n'est restée en panne ; chacune est parfaitement adaptée à son milieu, sinon elle ne serait pas là !

    Schéma de l'hominisation. © DR

    Schéma de l'hominisation. © DR

    Apparition des mammifères

    Les premiers mammifères apparaissent au début du MésozoïqueMésozoïque ; ils sont peu diversifiés pendant le règne des dinosauresdinosaures. Ils ressemblent à quelque chose comme une musaraigne à ce moment-là. C'est après la crise CrétacéCrétacé-Tertiaire qu'ils vont proliférer et dominer le monde animal.

    Les mammifères sont une classe de vertébrésvertébrés comprenant environ 4.500 espèces. (Rappelons quand même que les arthropodesarthropodes, dont les insectesinsectes, représentent à eux seuls 80 % du monde animal, avec plus d'un million d'espèces, et que les mollusquesmollusques viennent ensuite, avec plus de 200.000 espèces.)

    Rappelons encore que l'ordre des rongeursrongeurs (les souris par exemple) représente la moitié des espèces de mammifères et que celui des chéiroptères (chauves-sourischauves-souris) représente, lui, le quart des espèces de mammifères ; il ne reste donc qu'un millier d'espèces de mammifères environ pour tous les autres : lionlion, chèvre, loup, ours, vachevache...

    Les mammifères, dont on parle beaucoup mais qui ne sont pas nombreux donc, se caractérisent entre autres par :

    • une température corporelletempérature corporelle constante ;
    • la possession de poils ;
    • la respiration pulmonaire ;
    • l'allaitementallaitement des petits ;
    • la présence d'une demi-mâchoire inférieure formée d'un seul os.

    Apparition des primates

    Les primates apparaissent à la fin du Mésozoïque, il y a environ 70 millions d'années. Il faudra attendre la dernière partie du Tertiaire pour que des primates marchent debout.


    Menacé par la perte de son habitat, l’orang-outan de Bornéo, endémique à cette île, est en voie de disparition. Le Fonds mondial pour la nature (WWF) travaille au quotidien à sa sauvegarde et sa protection grâce à divers projets. Au cours de cette vidéo, il est possible de voir évoluer l’espèce dans les derniers bastions de son milieu naturel. © WWF

    Les primates figurent parmi les 18 ordres de mammifères. Ils sont caractérisés par :

    • des yeuxyeux frontaux permettant une vision binoculaire, à mettre en rapport avec un développement important des aires visuelles cérébrales ;
    • des membres à 5 doigts terminés par un ongleongle plat ;
    • des mains préhensilespréhensiles avec les pouces opposables.

    Les primates ont, en plus, les caractéristiques suivantes :

    1. Caractères anciens conservés :
      • claviculesclavicules et membres à 5 doigts ;
      • denture complète non spécialisée.
    2. Caractères évolués :
      • os du bras mobilesmobiles : radius et cubituscubitus ;
      • os de la jambe séparés : tibiatibia et péronépéroné ;
      • pouces opposables et ongles plats (au lieu de griffes) ;
      • coussinets tactiles ridés au bout des doigts (dermatoglyphes) ;
      • calcanéum allongé dans sa partie distale ;
      • bulle tympanique formée à partir de l'os pétreux (ou rocher) ;
      • réduction du museau et de l'olfactionolfaction ;
      • masse cérébrale relativement élevée chez les nouveau-nés et les fœtusfœtus ;
      • présence d'une barre post-orbitaire (jonction des os frontalfrontal et zygomatique) ;
      • orientation frontale des orbites : vision binoculaire ;
      • développement de l'encéphaleencéphale à circonvolutionscirconvolutions de surface (gyrencéphales) ;
      • inclusion des testiculestesticules dans le scrotum ;
      • urètreurètre et vaginvagin complètement séparés chez les femelles ;
      • gestationgestation relativement longue et vie postnatale prolongée ;
      • une seule paire de mamelles.

    Cependant, la classification varie un peu suivant les auteurs ; le tableau ci-dessous diffère quelque peu du texte qui suit ; c'est assez général malheureusement et ça ne facilite pas l'apprentissage quand il est nécessaire !

    Classification des primates. © DR

    Classification des primates. © DR

    Parmi les primates, le groupe des catarhiniens

    Voici les principaux caractères supplémentaires du groupe des catarhiniens :

    • cloison nasale étroite, aux narinesnarines rapprochées s'ouvrant vers le bas ;
    • 2 prémolaires ;
    • placentaplacenta discoïde, cycle ovulatoire de 28 jours ;
    • queue non préhensile ;
    • grand dimorphisme sexueldimorphisme sexuel ;
    • chromosomeschromosomes : translocationstranslocations robertsoniennes et autre translocations, réarrangement complexe, inversions péricentriques...

    Ce groupe présente deux taxonstaxons :

    1. La super-famille des cercopithécidés (macaques, mandrillsmandrills) :
      • molairesmolaires à 4 tuberculestubercules reliées 2 à 2 par des crêtes ;
      • éctotympanique en anneau ;
      • chromosomes : inversions péricentriques et autres.
    2. La super-famille des hominoïdeshominoïdes :
      • disparition totale de la queue externe ;
      • éctotympanique en tube ;
      • maxillairemaxillaire saillant ;
      • nette séparationséparation du pouce et de l'index ;
      • chromosomes : inversions péricentriques et autres.

    Caractéristiques des hominoïdes

    Les hominoïdes sont caractérisés, en plus, par :

    • disparition totale de la queue externe ;
    • maxillaire saillant ;
    • nette séparation du pouce et de l'index ;
    • larges épaules et poitrine plus large qu'épaisse : omoplatesomoplates vers l'arrière et colonne vertébralecolonne vertébrale rapprochée du sternumsternum ;
    • sternum élargi et devenant rigide par la fusion des segments intercostaux ;
    • nombre des vertèbres thoraciquesvertèbres thoraciques réduit (19 à moins de 17) ;
    • nombre des vertèbres sacrées augmenté ;
    • cerveaucerveau plus important à structure plus complexe ;
    • période de gestation et développement des jeunes très longs ;
    • un appendice entre les intestins gros et grêle.

    Dans ces hominoïdes, il y a 3 taxons :

    • les hominidés ;
    • les pongidés (orang-outan) ;
    • les hylobatidés (gibbons et siamangs).
    Orang-outan. © DR

    Orang-outan. © DR

    Les homininés (Pan et Homo), des hominidés

    Les hominidés se répartissent en deux sous-familles :

    Buste de gorille. © DR

    Buste de gorille. © DR
    • les homininéshomininés, avec deux genres :
      • Pan, avec deux espèces encore existantes aujourd'hui :
        • le bonobo (Pan paniscusPan paniscus) ;
        • le chimpanzé (Pan troglodydes) ;
      • HomoHomo, avec une espèce encore existante aujourd'hui : l'Homme.

    Voir aussi

    De fascinants portraits de gorilles


    Exercice difficile, déterminer l’origine de l’Homme impose de définir ce qui fait l'identité humaine. L’Homme est-il Homme par sa capacité à marcher ? à parler ? à fabriquer des outils ? Futura a posé la question à Silvana Condemi, paléoanthropologue. Découvrez sa réponse en vidéo. © Futura

    Disparition des australopithèques

    Les australopithèquesaustralopithèques (étymologiquement « singes du Sud », car présents uniquement en Afrique) ont disparu. Ils se répartissaient en plusieurs groupes :

    • Australopithecus afarensis (de plus de 3 millions d'années) comme LucyLucy ;
    • Australopithecus africanus (gracile) a vécu entre 3 et 1,2 millions d'années (Ma). Ils sont plus grands (1,25 m au moins) et ont un cerveau de 500 cm3. Ils ont vécu aux côtés des autres australopithèques et des premiers Hommes.
    • Australopithecus robustus vivait entre 2,5 et 1 Ma. Il était de plus grande taille encore (1,40 m environ).
    Restes de l'australopithèque Lucy. © DR

    Restes de l'australopithèque Lucy. © DR

    En résumé donc, le chimpanzé, le gorille et l'Homme sont sur la même branche. Et l'Homme ne descend pas du singe : Hommes et singes sont « cousins » !