Mission accomplie. Le premier vol de démonstration du véhicule Shenzhou NG s’est posé avec succès après une mission qui aura duré moins de trois jours. Ce véhicule sera utilisé pour les rotations des équipages à bord de la future station spatiale chinoise et des missions habitées à destination de la Lune.


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    Après plusieurs orbites autour de la Terre, la capsule ShenzhouShenzhou NG, dont c'était le premier vol d'essai, est retournée se poser sur la terre ferme le 8 mai. Un succès pour l'agence spatiale chinoise qui a la Lune en point de mire. En effet, cette capsule réutilisable 10 fois doit servir de véhicule d'exploration pour des missions habitées à destination de la Lune et au-delà.

    La mission, du décollage au retour sur Terre, a duré 67 heures. Lors de ce vol de démonstration, le véhicule Shenzhou NG a atteint un apogée d'environ 8.000 kilomètres. Un profil de mission qui n'est pas sans rappeler celui du vol d'essai de la capsule OrionOrion de la Nasa Exploration Flight Test-1, réalisé en décembre 2014. Lors de ce vol, la capsule américaine avait atteint une altitude de 5.800 kilomètres, ce qui lui avait permis d'effectuer une rentrée atmosphérique à plus de 32.000 kilomètres par heure.

    Le saviez-vous ?

    Lors de cette mission, une seconde capsule de plus petite taille était du voyage. Munie d’un bouclier thermique gonflable, elle devait le tester lors de sa rentrée atmosphérique. Mais, le responsable de la mission a reconnu qu'une « anomalie s'est produite aujourd'hui lors du retour », provoquant la perte de la capsule. Une déception, mais évidemment rien d’alarmant. Aucune agence spatiale ne maîtrise cette technologique bien qu’Européens et Américains s’y emploient. L’intérêt majeur d’un bouclier gonflable est le gain de masse qu’il permet.

    La capsule Shenzhou NG de retour d'orbite après son premier vol de démonstration. Les techniciens chinois présents sur le site permettent de se rendre compte de la taille et du volume de la capsule. © CASC
    La capsule Shenzhou NG de retour d'orbite après son premier vol de démonstration. Les techniciens chinois présents sur le site permettent de se rendre compte de la taille et du volume de la capsule. © CASC

    Simuler les conditions d’un retour depuis la Lune

    L'agence spatiale chinoise a indiqué que la capsule était rentrée dans l'atmosphèreatmosphère à plus 32.100 kilomètres-heure, une vitesse élevée mais nécessaire pour simuler les conditions thermiques et aérodynamiques auxquelles sera exposée la capsule chinoise lors d'un retour depuis la Lune. Le principal objectif de ce vol de démonstration était de recueillir des données sur les performances du bouclier thermique et vérifier si la forme aérodynamique de la capsule (la géométrie) avait été correctement dimensionnée, de façon à garantir une certaine stabilité de l'engin lors de son freinage pendant toute la traversée de l'atmosphère terrestre.

    À la différence de la capsule de génération précédente qui n'utilisait qu'un seul parachuteparachute, Shenzhou NG a déployé trois parachutes et des coussins gonflables pour garantir un atterrissage en douceur et à « l'endroit », contrairement aux capsules russes SoyouzSoyouz dont l'atterrissage peut être très mouvementé, voire chaotique.


    La Chine teste un nouveau lanceur et véhicule spatial

    Article de Rémy DecourtRémy Decourt publié le 05/05/2020

    Aujourd'hui, aux alentours de midi, la Chine lancera depuis la base de lancement de Wenchang, située sur de l'île de Hainan, un tout nouveau système de transport spatial habité. Il comprend le lanceurlanceur Long March 5B (CZ-5B) et le véhicule Shenzhou de nouvelle génération. Ce lanceur sera utilisé pour assembler et construire la station spatiale chinoisestation spatiale chinoise tandis que le véhicule Shenzhou servira aux missions habitées à destination de la Lune.

    Contrairement à la Nasa, omniprésente dans les médias et les réseaux sociauxréseaux sociaux, et l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne, qui n'hésite pas à communiquer sur l'état d'avancement de chacun de ses projets, la Chine est étonnamment très discrète sur ses activités spatiales. C'est dommage car ce pays s'affirme comme un des principaux acteurs mondiaux des activités spatiales, notamment dans le domaine des vols habitésvols habités. Son agence spatiale, la CNSA, est classée comme troisième puissance spatiale, derrière l'Agence spatiale européenne et devant Roscosmos.

    Ce matin, la Chine devait tester lors d'un premier vol son nouveau système de transport spatial nécessaire à ses activités humaines en orbite basse et ses futures missions habitées à destination de la Lune. Ce système de lancement comprend le lanceur Long March 5B (CZ-5B) et le véhicule spatial Shenzhou de nouvelle génération (Shenzhou NG). Ce lanceur à deux étages est une version dérivée du Long March 5 (3 étages). Ces deux lanceurs ont en commun le même composite inférieur composé d'un étage principal de 5 mètres de diamètre et de 4 boostersboosters de 3,5 mètres de diamètre.

    Le lanceur CZ-5B transféré sur son pas de tir du Centre spatial de lors de son premier vol. © CASC
    Le lanceur CZ-5B transféré sur son pas de tir du Centre spatial de lors de son premier vol. © CASC

    Avec une massemasse au lancement de près de 840 tonnes, la CZ-5B sera capable de lancer environ 23 tonnes en orbite basse. Quant à Shenzhou NG, long de 8,8 mètres et avec un poids au décollage de 21,6 tonnes, il sera très différent du véhicule précédent qui s'inspirait fortement des capsules Soyouz. Il utilisera un module de service (et non plus un module orbital) qui lui donnera une autonomieautonomie de 21 jours en orbite. Il pourra rester amarré à la station spatiale chinoise pendant deux années.

    Le volumevolume de sa cabine sera plus grand que celui du Shenzhou précédent, ce qui lui permettra de transporter 6 astronautesastronautes ou, selon la configuration retenue, un mixte de taïkonautestaïkonautes et de fret. Par exemple, il pourra embarquer un équipage de trois personnes et jusqu'à 500 kilogrammeskilogrammes de fret. Ce nouveau système de transport sera utilisé pour les missions d'assemblage et les rotations des équipages de la future station spatiale chinoise.

    À la différence du Shenzhou de génération précédente, Shenzhou NG sera modulaire, c'est-à-dire doté d'une certaine polyvalence par l'ajout d'un module de service supplémentaire de façon à effectuer des missions au-delà de l'orbite basse, notamment à destination de la Lune. Notez que des astronautes européens se sont entraînés pour voler à bord et séjourner dans la station spatiale chinoise.

    Voir aussi

    Des astronautes européens s'entraînent pour voler à bord de la station spatiale chinoise

    Ce premier vol de démonstration, se fera sans équipage. Cette mission a pour but de qualifier toutes les étapes d'un vol habité, du lancement au retour sur Terre de la capsule et de la séparationséparation du véhicule à ses premiers « pas » dans l'espace. Ce vol d'essai durera quelques heures avec un point haut à plus ou moins 8.000 kilomètres.

    En cas de succès, le lancement du Tianhe, élément central et principal de cette station spatiale, pourrait avoir lieu dès le début de 2021. D'une masse de 20 tonnes, Tianhe servira à contrôler la navigation de la station (correction de trajectoire, d'attitude...) et ses différentes servitudes. Il servira de lieu de vie pour les taïkonautes chinois. Une dizaine de lancements serait suffisante pour assembler ce complexe orbital en seulement quelques années.

    Le succès de ce vol est aussi un impératif pour autoriser le lancement de la mission martienne Tianwen-1 prévu en juillet et, en fin d'année, la mission de retour d’échantillons lunaires Change 5. Ces deux missions robotiquesrobotiques seront lancées à bord d'un lanceur Long March 5.