XMM-2599, c’est un peu à notre Univers ce que James Dean a été au cinéma. Un monstre de galaxie qui a vécu intensément avant de mourir dans la fleur de l’âge ! Pourquoi ? Les astronomes ne l’expliquent pas encore.


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    L'observatoire W.M. Keck est situé sur le mont Mauna Kea, à Hawaï. Il est équipé d'un puissant spectrographe infrarouge surnommé Mosfire pour Multi-Object Spectrograph for Infrared Exploration. C'est grâce à lui que des astronomes ont découvert, à environ 12 milliards d'années-lumière de notre Terre, une galaxie monstre inhabituelle : XMM-2599.

    Cette galaxie a frénétiquement formé des étoiles puis est devenue inactive avant même que l’Univers atteigne 1,8 milliard d’années

    « Avant même que notre univers ait atteint les 2 milliards d'années, XMM-2599 avait déjà formé une massemasse de plus de 300 milliards de SoleilsSoleils. De quoi la classer parmi les galaxies “ultra-massives” », explique Benjamin Forest, chercheur, dans un communiqué de l’université de Californie à Riverside (États-Unis). « Plus remarquable encore, nous montrons que cette galaxie a frénétiquement formé des étoilesétoiles lorsque l'univers avait moins de 1 milliard d'années pour devenir totalement inactive avant même qu'il ait atteint 1,8 milliard d'années. »

    Au cours de son pic d'activité, la galaxie monstre XMM-2599 formait ainsi plus de 1.000 masses solaires par an. La Voie lactéeVoie lactée ne forme pas plus d'une étoile par an. Et bien que ce type de galaxie « ultra-massive » soit rare, les modèles prédisent leur existence. Mais ils prédisent aussi qu'à cette époque de la vie de notre Univers, elles devraient encore être activement en train de former des étoiles. Pourquoi XMM-2599 a cessé de donner naissance à des étoiles aussi tôt reste donc un mystère.

    De gauche à droite, l’évolution de la galaxie monstre XMM-2599 telle que l’imaginent les astronomes de l’université de Californie à Riverside (États-Unis) : une galaxie poussiéreuse qui se transforme en galaxie morte avant de peut-être finir comme la galaxie la plus brillante d’un amas. © NRAO/AUI/NSF/B. Saxton ; Nasa/ESA/R. Foley ; Nasa/StScI.
    De gauche à droite, l’évolution de la galaxie monstre XMM-2599 telle que l’imaginent les astronomes de l’université de Californie à Riverside (États-Unis) : une galaxie poussiéreuse qui se transforme en galaxie morte avant de peut-être finir comme la galaxie la plus brillante d’un amas. © NRAO/AUI/NSF/B. Saxton ; Nasa/ESA/R. Foley ; Nasa/StScI.

    En apprendre plus sur l’évolution de cette galaxie « super-massive »

    Pour les astronomesastronomes de l'université de Californie, la galaxie monstre pourrait être la descendante d'une population de galaxies poussiéreuses. Des galaxies récemment découvertes par les derniers télescopestélescopes infrarouges, extrêmement lointaines - et anciennes - et qui forment des étoiles à un rythme effréné.

    Les astronomes de l'université de Californie ont observé XMM-2599 dans sa phase inactive et ils ignorent ce qu'elle a pu devenir depuis. Mais ils imaginent assez bien qu'elle constitue aujourd'hui l'élément central de l'un des  amas de galaxies les plus brillants et les plus massifs de l'univers local. Même si elle a aussi pu continuer à évoluer toute seule. Ou que la réalité se place peut-être quelque part entre ces deux extrêmes.

    Pour répondre à ces questions laissées en suspens, les chercheurs de l'université de Californie ont obtenu un peu plus de temps d'observation avec Mosfire. Un temps qu'ils comptent mettre à profit pour enfin comprendre comment les galaxies monstres se forment puis meurent.


    Découverte par hasard, cette énorme galaxie pourrait être le chaînon manquant dans l’évolution des galaxies

    L'univers primitif était rempli de galaxies monstres. C'est du moins la conclusion à laquelle arrivent des astronomes après avoir découvert une galaxie géante en formation située à quelque 12,5 milliards d'années-lumière de notre Terre. Une sorte de yéti de l'espace...

    Article de Nathalie MayerNathalie Mayer paru le 25/10/2019

    De nouvelles données de l’<em>Atacama Large Millimeter/submillimeter Array</em> (ALMA) ont révélé la présence d’une galaxie géante à 12,5 milliards d'années-lumière de notre Terre. © James Josephides, Université de l’Arizona
    De nouvelles données de l’Atacama Large Millimeter/submillimeter Array (ALMA) ont révélé la présence d’une galaxie géante à 12,5 milliards d'années-lumière de notre Terre. © James Josephides, Université de l’Arizona

    La légende raconte qu'une créature anthropomorphe vit quelque part dans l'Himalaya. Un abominable homme des neiges. Le yéti. Et c'est en quelque sorte du yéti du cosmoscosmos que des chercheurs de l'université de l’Arizona (États-Unis) nous offrent aujourd'hui la toute première image. Celle d'une gigantesque galaxie en formation. Un type de galaxies qui -- un peu comme l'abominable homme des neiges -- avait jusqu'alors échappé à toutes les observations directes.

    C'est en étudiant de nouvelles données issues d'Alma, l'Atacama Large Millimeter/submillimeter Array, ce réseau de 66 radiotélescopesradiotélescopes perdu dans le désertdésert du Chili, que Christina Williams a perçu, tout à fait par hasard, comme une tache de lumière, signature potentielle d'une galaxie. Jusque-là, rien d'extraordinaire. Sauf que cette tache brillait dans une région du ciel dépourvu de toute galaxie connue. « Lorsque j'ai découvert que cette galaxie était invisible à toutes les autres longueurs d'ondelongueurs d'onde, j'ai été très excitée. Cela ne pouvait que signifier que cette galaxie était très éloignée et cachée par des nuagesnuages de poussière », raconte l'astronome.

    Les chercheurs estiment aujourd'hui que la lumière observée par Christina Williams a mis pas moins de 12,5 milliards d'années à parvenir jusqu'à nous. Comme un témoin des premiers instants de notre univers. Selon les astronomes, l'émissionémission observée est causée par la lueur chaude des particules de poussière chauffées par les étoiles en formation au cœur de cette jeune galaxie. Mais comme ces nuages de poussière cachent la lumière des étoiles elles-mêmes, la galaxie était, jusqu'alors, restée invisible.

    Ici, une vue d’artiste de ce à quoi pourrait ressembler la galaxie monstre en formation découverte par les astronomes de l’université de l’Arizona (États-Unis). Une galaxie qui connait une véritable explosion de formation d’étoiles, éclairant le gaz environnant. © James Josephides, YouTube, Université de l’Arizona

    Le chaînon manquant de l’évolution galactique

    Après étude, les astronomes pensent qu'il s'agit d'une galaxie monstre en formation. Qui contient environ autant d'étoiles que notre Voie lactée, mais qui déborde d'activité. Elle formerait des étoiles à un rythme cent fois plus important que celui de notre propre galaxie. Et elle pourrait surtout représenter le chaînon qui manquait aux chercheurs pour comprendre réellement l'évolution des galaxies.

    Des études récentes ont en effet montré que certaines des plus grandes galaxies de notre univers ont grandi extrêmement rapidement. Alors que notre univers n'affichait que 10 % de son âge actuel. Mais la théorie peine à expliquer le phénomène. D'autant que les galaxies en question semblent sortir de nulle part. Aucune d'entre elles n'avait pu être observée au stade de sa formation. Les petites galaxies primitives découvertes par le télescope spatial Hubbletélescope spatial Hubble ne se développant pas assez vite pour résoudre le problème. Et les observations de galaxies monstres ont aussi été trop rares pour apporter une explication satisfaisante.

    Nous attendons beaucoup du télescope spatial James Webb

    « Notre galaxie pourrait être le chaînon manquant », suggère Christina Williams qui imagine que de tels objets sont finalement très répandus dans l'univers primitif. Sans quoi il aurait fallu une chance incroyable pour en détecter une seule dans une partie du ciel qui ne représente même pas un centième du disque de la pleine Lunepleine Lune. « Le télescope spatial James Webb - lancement prévu pour mars 2021 - sera capable de voir à travers les voiles de poussière. Nous pourrons alors déterminer la taille réelle de ces galaxies et à quelle vitessevitesse elles grandissent afin de mieux comprendre pourquoi nos modèles échouent pour l'heure à les expliquer », conclut l'astronome.