A l'instar des Etats-Unis, la Russie ambitionne d'établir un nouveau programme d'exploration lunaire avec la construction de bases habitées et de laboratoires scientifiques. Mais est-ce bien raisonnable ?

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    Les deux grandes puissances spatiales ne dissimulent pas leurs objectifs. A long terme, chacune vise le débarquement de cosmonautes à l'horizon 2015 - 2017, et la constructionconstruction des premières bases habitées en permanence vers 2025 - 2030. Mais cette "course à la Lune bis" suscite des critiques acerbes à Moscou, et même une certaine incompréhension doublée de scepticisme de la part des scientifiques.

    Ainsi Alexandre Zakharov, docteur en physique et mathématique, chercheur à l'Institut d'Etudes Spatiales, déclare: "Nous n'avons plus, comme par le passé, de programme cohérent d'étude de la Lune et d'autres planètes. Pour l'instant, toutes ces déclarations ne sont que pure rhétorique. Pour le moment, la Russie n'a qu'un seul projet d'étude de la Lune : le programme "Lune-Globe" (cartographie de la Lune, NDLRNDLR). Certes, d'autres projets sont également examinés, mais ils sont prévus pour un avenir plus lointain. Par conséquent, il est prématuré de parler de "compétition lunaire" avec les Américains."

    Aux Etats-Unis même, lors de la présentation du nouveau programme lunaire, l'Administrateur de la Nasa avait annoncé que le premier vol d'une semaine de quatre astronautes à destination de notre satellite reviendrait à 100 milliards de dollars, somme qui avait immédiatement entraîné de nombreuses critiques à la lumièrelumière des dépenses provoquées par la guerre en Irak et le coût de la reconstruction après l'ouraganouragan Katrina.

    La Russie, dont le programme lunaire avait été interrompu avant son aboutissement dans les années 70 et ne disposant pas de la même expérience que les Américains, devrait donc dégager une somme au moins aussi importante d'autant plus qu'elle ne dispose d'aucun lanceurlanceur susceptible d'emporter un vaisseau habité vers la Lune. Les quatre tentatives de lancement de la fuséefusée lunaire N1, équivalent de la Saturne 5Saturne 5 américaine, avaient échoué en provoquant parfois la destruction totale du champ de tir.

    Le lanceur soviétique N1, de taille et masse comparables à la fusée Saturne 5 américaine, était acheminée horizontalement sur son pas de tir. Crédit RKK-Energya.

    Le lanceur soviétique N1, de taille et masse comparables à la fusée Saturne 5 américaine, était acheminée horizontalement sur son pas de tir. Crédit RKK-Energya.

    Son successeur, Energya, capable de satelliser 88 tonnes en orbiteorbite basse, n'a été utilisé qu'à deux reprises, pour une tentative de lancement d'une charge militaire (présentée comme un satellite géodésique, qu'elle ne parvint pas à mettre en orbite) et lors du premier et unique vol de la navette spatiale soviétique Bourane le 15 novembre 1988. Quant au plus puissant vecteur russe actuel, ProtonProton, sa capacité de 21 tonnes seulement en orbite basse la rend inapte pour une mission impliquant un alunissage avec retour d'astronautes.

    "Malheureusement, la Russie ne peut que parler de tels projets", déclare le docteur en économie Mikhaïl Deliaguine. "Je suis certain que nous sommes incapables de procéder seuls en ce moment à l'exploration de la Lune. Nous n'arrivons même pas à explorer nos propres terres dans l'Est, en Sibérie, alors que dire des projets extraterrestres".

    Les deux vidéos que nous vous présentons revêtent un caractère historique. La première montre la mise à feufeu du premier exemplaire de la N1, le 21 février 1969, suivie du début de son ascension. La seconde présente le lanceur au décollage, puis l'explosion de son premier étage à la 70e seconde de vol.