L'Agence spatiale européenne (ESA) collabore actuellement avec le bureau d'études techniques AMEC pour établir une surveillance d'un éventuel affaissement du plus grand trou artificiel au monde, la mine de cuivre de Palabora, située à 360 km au nord-ouest de Pretoria, en Afrique du Sud.

au sommaire


    Mine de cuive de Palabora (Afrique du Sud)

    Mine de cuive de Palabora (Afrique du Sud)

    La vaste mine à ciel ouvert a été exploitée pendant 38 ans, et serait visible depuis l'espace. Le trou qui en résulte fait 2.000 m de diamètre et 762 m de profondeur. Son exploitation a été abandonnée par les propriétaires Rio Tinto en 2002, la profondeur considérable de la mine rendant une extraction peu rentable.

    Cependant, la mine est restée ouverte pour une exploitation souterraine à l'aide de la technique de foudroyage par blocs, qui consiste à enlever de fines bandes de roche pour encourager d'importants affaissementsaffaissements. Malgré la grande efficacité de cette technique, un affaissement a été détecté au niveau de l'accrochage, soit un kilomètre au-dessus du puits. Une soixantaine de millions de tonnes se sont effondrées dans le puits depuis la paroi nord, et des décalages pouvant aller jusqu'à deux mètres ont été découverts.

    AMEC a travaillé en partenariat avec le programme Earth Observation Market Development (EOMD) de l'ESA pour tester une nouvelle technique connue sous le nom d'InSAR (Synthetic Aperture Radar Interferometry, soit interférométrie par radar synthétique d'ouverture).

    Déformation du trou artificiel de la mine de Palabora.<br />Les zones en bleu foncé présentent une déformation relativement conséquente de l'ordre de 4 cm.<br />Crédits : Vexcel / Infoterra / Digital Globe Inc

    Déformation du trou artificiel de la mine de Palabora.
    Les zones en bleu foncé présentent une déformation relativement conséquente de l'ordre de 4 cm.

    Crédits : Vexcel / Infoterra / Digital Globe Inc

    La technique InSAR consiste à comparer de multiples images radar satellitaires acquises de points de vue quasiment identiques dans l'espace, mais à des instants différents. Les schémas d'interférence des radars ou "interférogrammes" sont corrigés pour prendre en compte les subtiles différences topographiques et atmosphériques ou barométriques. Les variations sur le terrain se reflètent dans les différences au niveau des interférogrammes et procurent ainsi des mesures précises à quelques millimètres près, sur des superficies pouvant atteindre plusieurs dizaines de kilomètres.

    "La technique InSAR permet une couverture continue des données sur des zones étendues avec une précision inférieure à un centimètre", a déclaré le chef du projet AMEC, Stu Anderson.

    Les images InSAR obtenues sur deux périodes consécutives de 24 heures en 2004 (Juillet et Septembre) ont été comparées, et, pour l'instant, Palabora semble bien se porter : la zone affectée par l'affaissement se limite au secteur nord-est, et la magnitudemagnitude de l'affaissement se réduit. Lors des deux périodes de mesure, les différences décelées dans le secteur nord-est étaient de 5 et 2 cm respectivement, se rapprochant de zéro dans l'est de la mine les deux fois.

    La phase suivante du projet consistera à étudier 14 années d'archives de l'ESA pour tenter de voir la manière dont un affaissement est susceptible d'affecter d'autres projets d'ingénierie de très grande échelle, notamment la mine de sel allemande de Bad Reichenhall.

    Un test appliqué à la mine désaffectée de Hollinger, dans l'Ontario, au Canada, a permis de constater un affaissement de 25-55 mm dans une zone dans laquelle précédemment aucun affaissement n'avait été décelé à l'aide des techniques de surveillance traditionnelles. La technique InSAR est également essentielle pour l'"acquisition d'informations sur des sites ou dans des zones éloignés jugés peu sûrs pour le personnel", selon le vice-président et directeur général des opérations environnementales en Europe d'AMEC, Timothy Conley.

    D'autres applicationsapplications de la technique sont envisagées, ou déjà en cours, par des compagnies ferroviaires allemandes et britanniques, et dans le cadre du projet de constructionconstruction de routes de Teck Cominco dans les Andes péruviennes. D'autres projets ont fait l'objet de débats avec Terasen Gas concernant une conduite en Colombie britannique, avec DYWIDIG Bau concernant un programme de construction de tunnel en Allemagne, et relativement à un système d'alerte aux glissements de terrain dans le mont Turtle, dans l'Alberta, au Canada.