La Chine est donc devenue ce mercredi 15 octobre 2003 à 09h00 (01h00 TU, 03h00 heure de Paris) la troisième nation à faire voyager un homme autour de la Terre quarante ans après l'Union soviétique et les Etats-Unis. Cet exploit a été unanimement salué par l'ensemble des pays impliqués dans la conquête de l'espace.

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    Dans cet article, nous ne ferons aucune critique du programme scientifique chinois, il fera l'objet de commentaires ultérieurs, pour la simple raison qu'en aucune façon il ne peut être sujet à polémique négative.

    La troisième puissance spatiale

    S'il est prématuré de dire et d'écrire que la Chine est la troisième puissance spatiale, il ne fait aucun doute qu'elle se donne les moyens pour devenir une puissance capable de s'assurer un accès indépendant à l'espace, de coloniser le proche environnement terrestre, d'offrir à ses chercheurs un programme scientifique exaltant et de mettre en oeuvre des applications spatiales capables d'avoir des répercussions bénéfiques sur le quotidien des Chinois.

    A court terme, il ne fait aucun doute que la Chine va profiter pleinement des retombées économiques et sociologiques attendues de son ambitieux programme. L'ex URSS et les Etats-Unis ont, en leur temps, bénéficié de la course à la Lune que se sont alors livrées les deux grandes puissances. Les Etats-Unis, plus que les Soviétiques ont fait un bond en avant prodigieux, ce qui leur a permis de devenir la première puissance spatiale et économique de la planète.

    Sur le marché des lancements commerciaux, les responsables chinois attendent beaucoup de retombées économiques. A ne pas en douter, la Chine va continuer à rechercher des partenariats internationaux et s'impliquer un peu plus dans la problématique du changement climatiquechangement climatique qui affecte la Terre. Récemment, la Chine est devenue un partenaire du projet européen de système mondial de navigation par satellite Galileosatellite Galileo et n'a pas caché son désir de participer au programme de constructionconstruction de la Station spatiale internationale.

    Militarisation de l'espace

    Depuis le début des années 90, la militarisation de l'espace connaît un regain d'activités sans précédent. Les utilisations militaires de l'espace font dorénavant partie intégrante des activités de défense des grandes puissances, Etats-Unis en tête. Or, la Chine ne cache pas ses ambitions dans ce domaine. Mais que va faire Washington. Depuis maintenant plusieurs années, les Américains investissent de plus en plus dans les projets de militarisation de l'espace. Aujourd'hui, la maîtrise de l'espace est même devenue un enjeu de sécurité majeur pour le Pentagone Contrairement aux initiatives spatiales européenne ou russe, essentiellement civiles, les projets chinois bénéficient d'un budget militaire, c'est-à-dire potentiellement illimité. Pour le Pentagone, l'arrivée des Chinois rappelle furieusement la concurrence soviétique de l'époque de la guerre froide.

    Toutefois, Washington et Pékin sont bien conscientes des enjeux. L'effondrementeffondrement de l'URSS est dû en grande partie à son désir de contrer la fameuse guerre des étoiles lancée par le président Reagan au début des années 80. Pour la Chine, il serait suicidaire de se lancer dans une telle course. Bien que riche, ses ressources sont nettement insuffisantes pour affronter de face les Etats-Unis. Attaquée sur le front des problèmes des droits de l'Homme, la Chine peut mettre en avant son programme scientifique, si toutefois elle réserve l'utilisation de l'espace à des fins pacifiques, et s'en servir comme vitrine auprès de la communauté internationale.

    Aujourd'hui, l'avance technologique affichée par les Etats-Unis est éclatante et ne souffre d'aucune concurrence. Dans un premier temps, Washington va suivre le développement chinois. Il ne fait aucun doute que si la Chine s'offre des capacités d'observations tout temps, un réseau milsat de télécommunications, les Etats-Unis ne trouveront rien à redire. Mais, si la Chine s'aventure à développer un système de positionnementsystème de positionnement par satellite, des satellites tueurs de satellites ou capables de les rendre inutilisables et enfin de placer en orbite des armes espace-terre, on assisterait alors à une course effrénée à la militarisation de l'espace.

    L'Europe à la traîne

    Et l'Europe dans tout ça ? Personnellement je n'en suis pas très fier. Il ne fait de doute à personne que l'Europe aurait dû être cette troisième puissance capable d'envoyer un équipage humain dans l'espace par ses propres moyens, d'autant plus que son industrie spatiale et les moyens financiers qu'elle est capable de dégager auraient pu l'amener à accomplir cet exploit, parfaitement planifié dans le défunt programme HermèsHermès (et toute l'infrastructure orbitaleorbitale qui devait l'accompagner), scientifiquement réalisable mais économiquement mal défini.

    Les grands pays européens que sont l'Allemagne, la France et dans une moindre mesure le Royaume-Uni supportent la responsabilité de cet échec. Français et allemands ont la fabuleuse faculté de tout remettre en cause à chaque changement d'orientation politique et de prendre leurs décisions à court terme, en fonction des taux de croissance.

    Dénigrer l'affairisme des Américains et la vision qu'ils ont du monde est peut-être une thérapiethérapie pour certains, mais à y regarder de plus près, ils ont marché sur la Lune, développé une navette spatiale,... Les Chinois l'ont bien compris. Bien qu'une grande partie de la population chinoise doive faire face à un niveau de vie faible, le programme spatial demeure une priorité pour les responsables de la nation la plus peuplée de la planète.


    Agence de presse Xinhuanet