Les contrôleurs de la Nasa avaient constaté plusieurs anomalies techniques à bord de la navette spatiale Columbia peu avant sa désintégration samedi matin au-dessus du Texas, alors qu'un débris aurait pu avoir endommagé son aile gauche lors de son décollage le 16 janvier.

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    "Nous avons lancé une enquête approfondie et complète pour savoir ce qui a mal tourné", a affirmé le directeur du programme navettes de la Nasa, Ron Dittemore, lors d'une conférence de presse au centre spatial Johnson, à Houston (Texas).

    Sans attendre, les responsables de la Nasa ont communiqué d'importants détails sur la séquence des événements ayant conduit à la catastrophe, des éléments sur lesquels l'enquête va certainement se concentrer.

    La première indication que quelque chose se passait mal à bord est survenue à 08H53 (heure de la côte est, 14H53 heure de Paris), sept minutes avant que la navette se désintègre au-dessus du ciel texan.

    Dans la salle du centre de contrôle de Houston, les contrôleurs remarquent soudainement la disparition sur leurs écrans des données télémétriques transmises par les "jauges mesurant la température dans les systèmes moteurs hydrauliques des bords avant et arrière de l'aile gauche" de ColumbiaColumbia, a expliqué le directeur du vol, Milt Heflin.

    Trois minutes plus tard, à 08H56 (14h56 heure de Paris), ils constatent un accroissement des températures sur le "circuit hydraulique de freinage et de la roue dans le train d'atterrissage gauche".

    Alors à une soixantaine de km d'altitude, la navette se trouve encore à 2.250 km de la Floride. Filant à Mach 18,3 (21.200 km/h), elle est inclinée à 57 degrés, en train d'effectuer un large virage.

    Deux minutes plus tard, à 08H58 (14h58 heure de Paris), l'inquiétude gagne les contrôleurs à Houston. Trois des capteurs de températurescapteurs de températures intégrés dans l'aile gauche de la navette sont dans le rouge, indiquant une brusque élévation de température du métal. La navette Columbia est en surchauffe dangereuse.

    Interrogé par le "CapCom", Charles Hobaugh, le contrôleur de Houston qui communique avec l'équipage, le commandant de bord Rick Husband confirme apparemment une hausse de la pression hydraulique sur le train d'atterrissage.

    "Nous pensons qu'ils (les membres d'équipage) ont confirmé les mesures que nous avions constatées", a expliqué Milt Heflin.

    Le "CapCom" tente à nouveau d'entrer en contact avec le commandant de bord. "Columbia, ici Houston. Nous avons reçu vos messages sur la pression des pneuspneus. Nous n'avons pas capté le dernier (message)... ".

    Après un bref instant, le commandant de bord répond: "Bien reçu, mm...".

    La communication est rompue. S'ensuivent une série de crépitement sur les ondes radio. Puis, c'est le silence. Il est à peu près 09H00 (15h heure de Paris).

    "Cela a été la dernière transmission radio avec l'équipage. Nous avons perdu alors toute donnée du vaisseau", a dit le responsable de la Nasa.

    Selon ces premières indications, une anomalieanomalie technique majeure semble être donc survenue à la hauteur de l'aile gauche de Columbia.

    Or, les images vidéo prises par la Nasa ont montré qu'un débris était venu frapper l'aile gauche de Columbia durant le décollage, le 16 janvier dernier.


    Le débris incriminé par la NASA apparaît sous la forme d'une tache blanchâtre
    Source : Flashespace.com - Crédit : NASA

    Analysant ces images, les ingénieurs ont pu déterminer qu'il s'agissait d'un morceau de moussemousse en plastiqueplastique, très dense, et qui sert à l'isolationisolation du réservoir central fixé sur le ventre de la navette.

    Une fois la navette sur orbite, les responsables du vol se sont interrogés en vue du retour de Columbia: ce débris aurait-il pu avoir endommagé le bouclier thermique protégeant le ventre du vaisseau et composé de 20.000 tuilestuiles thermoprotectives en alliage composite ?

    "L'incident n'avait pas été jugé préoccupant pour la sécurité" de la navette, a expliqué Ron Dittemore.

    Vendredi, lors d'une conférence de presse, le directeur de la phase de rentrée, Leroy Cain, avait affirmé de même. "Nous n'avons aucune préoccupation. Nous n'avons rien changé quant à la trajectoire de rentrée. Elle sera normale".

    "Nous ignorions ce que l'impact de ce débris, d'une certain densité et à une certaine vitessevitesse, avait provoqué sur les tuiles", a poursuivi Ron Dittemore.

    De toute façon, a-t-il reconnu, "nous ne pouvons rien faire lorsqu'une tuile est endommagée et que nous sommes en orbite".

    "Maintenant, avec le recul, l'impact est survenu sur l'aile gauche et les problèmes que nous avons eu aujourd'hui sont sur cette aile", a-t-il dû reconnaître.

    On ne peut pas exclure "un lien", a-t-il dit, tout en mettant en garde contre des "conclusions hâtives".

    Enfin, l'hypothèse d'une rentrée dans l'atmosphèreatmosphère avec un mauvais angle de pénétration de Columbia (comme le suggérait Umberto Guidoni, astronauteastronaute italien) dans l'atmosphère a été écartée ce soir par les responsable de la NASA.