La plupart des objets astronomiques émettent dans les rayons X. Et grâce à eRosita, les astronomes disposent maintenant d’une carte détaillée de l’ensemble de notre ciel à ces courtes longueurs d’onde. De quoi ouvrir des perspectives nouvelles sur notre Univers et ses objets les plus énergétiques et les plus chauds.


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    Les astronomesastronomes l'attendaient avec une impatience non dissimulée. Il aura fallu 182 jours aux sept caméras à rayons X de l'instrument eRosita embarqué sur le satellite Spektr-RG pour balayer totalement notre ciel. Et offrir enfin aux astronomes une carte inédite de notre Univers sur laquelle apparaissent plus d'un million d'objets. Soit deux fois plus de sources de rayons X que celles qui avaient pu être identifiées jusque-là, au cours des 60 années de l'histoire de cette astronomie des hautes énergies.

    À une distance de seulement 800 années-lumière de notre Terre, les vestiges de la supernova Vela se superposent avec ceux de la supernova Vela Junior et avec ceux de <em>Puppis-A</em>. La qualité des données de eRosita devrait permettre aux chercheurs d’explorer ce cimetière stellaire plus en détail. © Peter Predehl, Werner Becker, Davide Mella, eRosita
    À une distance de seulement 800 années-lumière de notre Terre, les vestiges de la supernova Vela se superposent avec ceux de la supernova Vela Junior et avec ceux de Puppis-A. La qualité des données de eRosita devrait permettre aux chercheurs d’explorer ce cimetière stellaire plus en détail. © Peter Predehl, Werner Becker, Davide Mella, eRosita

    « Nous y voyons une incroyable richesse de détails. La beauté de ces images est vraiment exceptionnelle », s'enthousiasme Peter Predehl, chercheur, dans un communiqué du Max Planck Institute for Extraterrestrial Physics (MPE, Allemagne). Il y a 30 ans, le télescope spatial Rosat avait déjà donné une image semblable. Mais celle de eRosita apparaît quatre fois plus profonde et rassemble environ dix fois plus de sources. Dans les 3,5 années à venir, les astronomes comptent publier pas moins de 7 cartes similaires. Leur sensibilité combinée sera encore 5 fois supérieure à celle obtenue ici.

    182 jours d’observation et des expositions de 150 à 200 secondes pour un total de 165 Go de données et un travail de contrôle qualité au long cours ont été nécessaires pour produire cette première carte du ciel aux rayons X. Ici, en version annotée. © Jeremy Sanders, Hermann Brunner et l’équipe eSASS (MPE), Eugene Churazov et Marat Gilfanov (IKI)
    182 jours d’observation et des expositions de 150 à 200 secondes pour un total de 165 Go de données et un travail de contrôle qualité au long cours ont été nécessaires pour produire cette première carte du ciel aux rayons X. Ici, en version annotée. © Jeremy Sanders, Hermann Brunner et l’équipe eSASS (MPE), Eugene Churazov et Marat Gilfanov (IKI)

    Des objets variés à des distances variées

    Déjà, eRosita a détecté de nombreux noyaux actifs de galaxiesnoyaux actifs de galaxies, des trous noirs supermassifs accrétant de la matière à des distances cosmologiques. Ses cibles principales. À l'avenir, en sondant encore plus loin, l'instrument devrait être en mesure de déceler les premières structures géantes et quelques trous noirs supermassifs en formation.

    Un peu plus près de nous, eRosita révèle aussi des détails dans la structure du gazgaz chaud de notre Voie lactéeVoie lactée et du milieu qui l'entoure. Des détails qui pourraient aider à mieux comprendre comment notre Galaxie s'est formée.

    Parmi les autres objets observés grâce à eRosita, des étoilesétoiles compactes en fin de vie, naines blanchesnaines blanches et étoiles à neutronsétoiles à neutrons ou des restes de supernovae.


    Le télescope spatial eRosita révèle les beautés cachées de notre univers

    Le télescope spatialtélescope spatial eRosita avait été lancé en juillet dernier. Aujourd'hui, ses toutes premières images ont été rendues publiques. Des images d'une netteté incroyable qui laissent espérer de nombreuses découvertes à venir.

    Article de Nathalie MayerNathalie Mayer paru le 30/10/2019

    Une image du Grand Nuage de Magellan prise par les sept modules du télescope spatial eRosita entre le 18 et le 19 octobre 2019. © F.Haberl, M. Freyberg and C. Maitra, <em>Max Planck Institute for Extraterrestrial Physics</em> (MPE)/IKI
    Une image du Grand Nuage de Magellan prise par les sept modules du télescope spatial eRosita entre le 18 et le 19 octobre 2019. © F.Haberl, M. Freyberg and C. Maitra, Max Planck Institute for Extraterrestrial Physics (MPE)/IKI

    Grand moment le 22 octobre dernier du côté de l'Institut Max Planck de Garching (Allemagne). Les chercheurs y ont dévoilé les premières images capturées dans le domaine des rayons X par le télescope spatial eRosita. L'occasion de poser un regard nouveau notamment sur notre galaxie voisine, le Grand Nuage de MagellanGrand Nuage de Magellan, ainsi que sur le système en interaction d'amas de galaxiesamas de galaxies A3391/3395.

    Les résolutionsrésolutions spatiale et temporelle des sept instruments qui constituent le télescope sont parfaites. La netteté également. Le tout grâce à des capteurscapteurs vingt fois plus sensibles que ceux utilisés jusqu'alors. « Le potentiel de nouvelles découvertes est immense », assure Peter Predehl, le chef de l'équipe eRosita.

    Dans le Grand Nuage de Magellan, eRosita montre d'ores et déjà la distribution du gaz chaud diffusdiffus entre les étoiles. Mais aussi quelques détails étonnants. Ainsi, des structures nébuleusesnébuleuses compactes correspondant à des restes de supernovaesupernovae comme ceux de SN1987A. De quoi confirmer que l'onde de choc de cette dernière s'estompe enfin. Le télescope éclaire également la présence d'objets chauds dans notre galaxie voisine. Et celle d'étoiles de notre Voie lactée tout comme quelques noyaux galactiques actifs distants.

    Cette image du système en interaction d’amas de galaxies A3391/3395 est le résultat d’une combinaison d’images prises par les sept modules du télescope spatial eRosita entre le 17 et le 18 octobre 2019. Dans l'image de gauche, les couleurs rouge, verte et bleue font référence aux trois bandes d'énergie différentes d'eRosita. On voit clairement les deux groupes comme des structures nébuleuses, qui brillent fortement dans les rayons X en raison de la présence de gaz extrêmement chaud – des dizaines de millions de degrés – dans l’espace entre les galaxies. L'image de droite met en évidence un « pont » entre les deux groupes, confirmant le soupçon que ces deux grandes structures interagissent de manière dynamique. © T. Reiprich (Univ. Bonn), M. Ramos-Ceja (MPE), F. Pacaud (Univ. Bonn), D. Eckert (Univ. Geneva), J. Sanders (MPE), N. Ota (Univ. Bonn), E. Bulbul (MPE), V. Ghirardini (MPE), MPE/IKI
    Cette image du système en interaction d’amas de galaxies A3391/3395 est le résultat d’une combinaison d’images prises par les sept modules du télescope spatial eRosita entre le 17 et le 18 octobre 2019. Dans l'image de gauche, les couleurs rouge, verte et bleue font référence aux trois bandes d'énergie différentes d'eRosita. On voit clairement les deux groupes comme des structures nébuleuses, qui brillent fortement dans les rayons X en raison de la présence de gaz extrêmement chaud – des dizaines de millions de degrés – dans l’espace entre les galaxies. L'image de droite met en évidence un « pont » entre les deux groupes, confirmant le soupçon que ces deux grandes structures interagissent de manière dynamique. © T. Reiprich (Univ. Bonn), M. Ramos-Ceja (MPE), F. Pacaud (Univ. Bonn), D. Eckert (Univ. Geneva), J. Sanders (MPE), N. Ota (Univ. Bonn), E. Bulbul (MPE), V. Ghirardini (MPE), MPE/IKI

    Des amas de galaxies à la matière noire

    « Les rayons X nous donnent un aperçu unique des beautés cachées de notre univers », explique Kirpal Nandra, astrophysicienastrophysicien. Là où les télescopes qui visent le spectrespectre du visible ne voient que des étoiles, eRosita perçoit en effet l'activité des trous noirs supermassifs qui se développent au centre des galaxies, par exemple. Ou les énormes réservoirs de gaz qui remplissent l'espace entre des galaxies formant un amas. Un aperçu de la structure de la matière noirematière noire qui inonde notre univers.

    Les images produites d'amas de galaxies en interaction donnent ainsi une idée des processus dynamiques qui conduisent à la formation dans notre univers de ces structures gigantesques. Les amas présentés ici - qui apparaissent comme d'immenses nébuleuses elliptiques - s'étendent sur des dizaines de millions d'années-lumièreannées-lumière. Ils contiennent chacun des milliers de galaxies.

    Une profondeur et une précision sans précédent

    Grâce à la précision des données que les astronomes espèrent acquérir à l'aide de eRosita, ils devraient pouvoir mesurer avec exactitude quelques paramètres cosmologiques. Leur objectif : mieux comprendre la matière ainsi que l'énergie noireénergie noire qui dominent notre univers. « Nous savons désormais que nous pourrons établir, à l'aide de eRosita, une carte du ciel d'une profondeur et d'une précision sans précédent », s'enthousiasme Andrea Merloni, le responsable du projet eRosita.