Nous sommes faits de poussières d’étoiles. Mais de quelles étoiles, précisément ? Des chercheurs apportent aujourd’hui une réponse à cette question. Selon eux, une partie de notre Terre serait faite de poussières de géantes rouges.


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    Quelque part dans notre Voie lactée, un nuagenuage moléculaire interstellaire qui s'effondre. Une étoile qui se forme. Autour d'elle, un disque de gaz et de poussières qui donneront bientôt naissance à un cortège de planètes. Parmi lesquelles notre Terre. Cette histoire, c'est celle de notre Système solaire. Elle s'est jouée il y a environ 4,5 milliards d'années, et grâce à des mesures d'une incroyable précision, des chercheurs de l'École polytechnique fédérale de Zurich (ETH - Suisse) sont aujourd'hui capables d'en préciser le scénario.

    De la poussière formée autour d'autres soleils

    Rappelons que, répartie inégalement dans le disque protoplanétaire et ne représentant qu'une faible part de sa masse totale, on trouvait alors de la poussière d’étoiles. « Une poussière qui s'était formée autour d'autres soleilssoleils», précise Maria Schönbächler, chercheuse à l'ETH. Et qui, « un peu comme du poivre ou du sel », se retrouve aujourd'hui dans la composition des planètes.

    En mesurant, depuis plus de dix ans, l'abondance isotopique de différents éléments dans des roches terrestres, mais aussi dans des roches météoritiques, les chercheurs ont montré des anomaliesanomalies. « Les proportions variables de ces isotopesisotopes sont comme des empreintes digitalesempreintes digitales. Et comme la poussière d'étoiles a été inégalement répartie à travers le disque protoplanétaire, chaque planète présente une empreinte différente », explique Maria Schönbächler.

    Dans quatre à cinq milliards d’années, il est prévu que notre Soleil se transforme à son tour en une géante rouge, à l’image d’Aldébaran, ici en photo. © Nasa, ESA, STScl, Wikipedia, CC by-sa 4.0
    Dans quatre à cinq milliards d’années, il est prévu que notre Soleil se transforme à son tour en une géante rouge, à l’image d’Aldébaran, ici en photo. © Nasa, ESA, STScl, Wikipedia, CC by-sa 4.0

    Des géantes rouges pour la Terre, des supernovae pour Mars

    Mais, surprise, lorsque l'équipe de l'ETH s'est intéressée tout particulièrement au palladiumpalladium, les chercheurs s'attendaient à des résultats similaires à ceux obtenus par d'autres sur le molybdènemolybdène ou le ruthéniumruthénium. Cependant, les météoritesmétéorites étudiées présentaient bien moins d'anomalies que prévu.

    Pour expliquer ce résultat, les chercheurs avancent une nouvelle théorie. La poussière d'étoiles qui a contribué à former notre Terre aurait été produite par des géantes rouges, des étoiles vieillissantes qui se dilatent après avoir épuisé leur carburant. « Le palladium étant légèrement plus volatil que les autres éléments étudiés, il s'est moins condensé en poussière autour de ces étoiles », explique encore Maria Schönbächler.

    Et pour expliquer la différence de composition entre la Terre et Mars, les chercheurs pointent le rôle du Soleil. La Terre contient plus de poussière de géantes rougesgéantes rouges que Mars qui est plutôt formée de restes d’explosions de supernova. Car les poussières de géantes rouges sont plus stables et plus grosses. Celles de restes de supernovarestes de supernova, bien plus fines, ont parfaitement pu être évaporées par la chaleurchaleur du Soleil.