Vénus et la Terre sont considérées comme des planètes jumelles. Pourtant, l’une abrite la vie alors que l’autre s’est transformée en un enfer brûlant. Des chercheurs pensent que l’état actuel de Vénus serait en lien avec une combinaison d’événements volcaniques majeurs.


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    C'est un fait, les éruptions volcaniqueséruptions volcaniques majeures qui jalonnent l'histoire de la Terre sont, plus que les chutes d'astéroïdes, responsables des grandes extinctions de masseextinctions de masse. Le volcanismevolcanisme intensif à l'origine des grandes provinces magmatiques comme les trapps du Deccantrapps du Deccan aurait notamment pu modifier les conditions d'habitabilité de la planète jusqu'à un point critique.

    C'est du moins la conclusion d'une nouvelle étude qui s'est intéressée aux différents événements volcaniques extrêmes et notamment à ceux ayant pu survenir simultanément. Leurs résultats montrent qu'en se cumulant, ce type d'événement peut entraîner un emballement de l'effet de serreeffet de serre et une hausse catastrophique de la température. La Terre aurait ainsi évité de peu de se transformer en un enfer brûlant. VénusVénus, planète jumelle de la Terre, n'aurait quant à elle pas eu cette chance.

    Des éruptions majeures et catastrophiques jalonnent l’histoire de la Terre

    Les grandes provinces magmatiques que l'on trouve sur Terre sont les témoins de ces épisodes d'intense volcanisme. Ces événements catastrophiques qui mènent à la formation d'épais plateaux basaltiquesbasaltiques s'étalent dans le temps sur plusieurs millions d'années. On les suspecte aujourd'hui d'être temporairement responsables d'importantes modifications du climatclimat et de l'environnement dans son ensemble. L’émission d’énormes quantités de gaz à effet de serre aurait ainsi entraîné des hausses de la température et modifié la composition chimique des océans. Des changements environnementaux majeurs qui auraient largement participé aux extinctions de masse que la vie terrestre a connues.

    Paysage d'empilement de lave sur des centaines de mètres. Les trapps du Deccan en Inde sont les témoins d'un épisode magmatique majeur dans l'histoire de la Terre. © Kppethe,Wikimedia Commons, CC by 3.0
    Paysage d'empilement de lave sur des centaines de mètres. Les trapps du Deccan en Inde sont les témoins d'un épisode magmatique majeur dans l'histoire de la Terre. © Kppethe,Wikimedia Commons, CC by 3.0

    Un impact climatique majeur, surtout en cas d’éruptions simultanées

    Cependant, à cause du recyclagerecyclage continu de la surface de la Terre par les processus tectoniques, notre connaissance de ces grands événements volcaniques reste incomplète. Il apparaît ainsi que si une seule grande province magmatique est capable d'altérer le climat de manière significative, son impact n'est pas suffisant pour le faire basculer de manière irréversible. La preuve en est que la Terre a toujours réussi à récupérer un système climatique stable et favorable à la vie. Pourtant, d'après les auteurs de l'étude à paraître dans la revue The Planetary Science Journal, il n'est pas impossible que la Terre ait connu des périodes durant lesquels plusieurs événements volcaniques majeurs se seraient produits de manière simultanée, ou du moins rapprochée. Si les conséquences d'une telle combinaison sont encore mal connues, il est envisageable qu'en se cumulant, les effets sur le climat auraient pu être particulièrement dévastateurs.

    Vénus : le cercle vicieux d’un réchauffement climatique extrême

    Pour les scientifiques, l'éruption simultanée de plusieurs grandes provinces magmatiques aurait notamment la capacité de détruire une planète, en engendrant un cercle vicieux irréversible. Cette hypothèse pourrait expliquer l'état actuel de Vénus. Avant d'être l'enfer que l'on connaît, Vénus aurait en effet présenté des conditions potentiellement favorables au développement de la vie, avec notamment la présence d’eau liquide à sa surface. La production d'énormes quantités de gaz à effet de serregaz à effet de serre par plusieurs éruptions majeures simultanées aurait cependant fait augmenter dramatiquement la température de la planète, entraînant l'évaporation de ses océans. Cet apport de vapeur d'eau dans l'atmosphèreatmosphère aurait encore intensifié l'effet de serre, entraînant la planète dans un cycle infernal de réchauffement, jusqu'à la disparition totale de l'eau liquide. Une lente mort par suffocation.

    La surface de Vénus vue par les sondes Venera 13 et Venera 14. © Soviet Space Agency, IPF APOD, Don P. Mitchell
    La surface de Vénus vue par les sondes Venera 13 et Venera 14. © Soviet Space Agency, IPF APOD, Don P. Mitchell

    D'après les auteurs de l'étude, la Terre n'aurait échappé que de justesse à ce funeste sort. La question est désormais de savoir combien de provinces magmatiques sont nécessaires pour enrayer le système climatique et transformer une planète rocheuseplanète rocheuse en enfer. Dans cette optique, l'étude de Vénus et de son volcanisme devrait apporter de précieuses informations.