Lune, Mars, vols habités, station spatiale… La Chine vole de succès en succès ! Un mois après avoir lancé Tianhe, le premier module de sa station spatiale, la Chine vient d'envoyer un cargo pour le ravitailler et préparer l’arrivée d’un premier équipage attendu en juin.


au sommaire


    Le cargo Tianzhou-2, dont on attendait le lancement en fin de semaine dernière, a finalement décollé samedi soir de la base de Wenchang, dans le sud de la Chine, à bord d'un lanceur Long March 7. Après un voyage de quelques heures, le vaisseau spatial a rejoint Tianhe, le premier module de la station spatiale chinoise et s'y est amarré. La manœuvre, automatique, a eu lieu dimanche matin. Un amarrage qui s'est fait sans incident ouvrant la voie à une mission habitée qui pourrait avoir le lieu dans le courant du mois de juin.

    Le docking du cargo Tianzhou-2 avec la station spatiale chinoise Tiangong. © CCTV, CNSA

    Avant le report du lancement de Tianzhou-2, cette première mission habitée qui compte trois taïkonautes (ShenzhouShenzhou 12) était prévue aux alentours du 10 juin. Il est possible qu'elle soit reportée de quelques jours.

    Tianzhou-2 apporte près de deux tonnes de carburant et 4,69 tonnes de fret en tout genre, dont tout le nécessaire pour que l'équipage, qui prendra ses quartiers en juin, puisse vivre et travailler pendant trois mois. Parmi le matériel livré, citons des combinaisons de sortie dans l'espace, ce qui laisse à penser que des sorties extravéhiculaires seront réalisées lors de Shenzhou 12.

    Deux autres modules en 2022

    En septembre, un nouveau cargo Tianzhou sera lancé, suivi le mois d'après d'un nouvel équipage de taïkonautes (Shenzhou-13). En 2022, les modules Wentian et Mengtian seront lancés et s'amarreront de part et d'autre du module central de la station.


    La chine ravitaille sa station spatiale avec le lancement de Tianzhou-2

    Article de Rémy DecourtRémy Decourt publié le 23/05/2021

    Lune, Mars, vols habitésvols habités. La Chine est sur tous les « fronts spatiaux ». Prochain rendez-vous, le lancement du cargo Tianzhou-2 qui doit ravitailler la station spatiale chinoise et apporter du fret pour l'équipage de trois taïkonautes attendu en juin. Lancement prévu ce soir aux alentours de 19 h 00.

    Moins d'un mois après le lancement de Tianhe, le premier module de la station spatiale chinoise, la Chine s'apprête à la ravitailler et livrer plusieurs centaines de kilogrammes de fret et de matériel en tout genre. Ce ravitaillement sera réalisé par le cargo spatial Tianzhou-2 de 6,5 tonnes qui sera lancé par une Long March 7, dont ce sera le troisième vol depuis sa mise en service en 2016. Prévu hier soir, le tir a été reporté à ce soir.

    Tianzhou-2 doit s'amarrer au module Tianhe pour une duréedurée qui n'a pas été communiquée par les responsables de la mission, mais on suppose qu'il devrait y rester pendant plusieurs mois. Lors de cette mission, Tianzhou-2 ravitaillera en carburant la station spatiale, qui pour l'heure compte un seul module, lors de manœuvres autonomes de réapprovisionnement en carburant, a indiqué la CALT, l'Académie chinoise de technologie des lanceurs. Il apporte également l'équipement nécessaire aux premiers occupants de la station pour vivre et travailler ainsi que tous les consommables et produits de base nécessaires aux trois taïkonautes qui devraient rejoindre la station en juin pour y séjourner environ trois mois. Il emporte aussi un système de traitement et de régénération des urines annoncé comme très performant.

    Deux vols habités en juin et septembre 2021

    Si l'amarrage se passe bien et que les tests de fonctionnement sont concluants, les trois taïkonautes rejoindront la station en juin à bord de  Shenzhou-12 pour un séjour de plusieurs mois. Ils auront pour principales tâches de la mettre en service et de vérifier le bon fonctionnement de tous les systèmes dont le support vie. En septembre, un nouveau cargo Tianzhou sera lancé, suivi le mois d'après d'un nouvel équipage de taïkonautes (Shenzhou-13).


    La Chine installe une nouvelle station spatiale autour de la Terre

    Article de Rémy Decourt publié le 02/05/2021

    La Chine, qui ambitionne de s'installer sur la Lune et d'envoyer des humains sur Mars, va bientôt se rappeler au bon souvenir des Américains. Jeudi, elle devrait lancer le premier module de sa future station spatiale, confortant sa place de troisième puissance spatiale dans le domaine des vols habités.

    La Chine devrait lancer jeudi 29 avril Tianhe (« Harmonie céleste »), le premier module de la future station spatiale chinoise. Le lanceur Long March 5B avec, à son bord Tianhé, a été installé sur son pas de tir de la base de lancement Wenchang, située sur l'île de Hainan.

    D'une massemasse de 20 tonnes, Tianhe est le corps central de cette station. Il servira à contrôler la navigation de la station (correction de trajectoire, d'attitude...), et les différentes servitudes du complexe orbital. Long de 16,6 mètres et d'un diamètre de 4,2 m, il servira de lieu de vie pour les taïkonautes chinois. Cette station été dimensionnée pour un équipage de trois astronautesastronautes et des séjours d'une durée maximale de 6 mois. Elle sera rejointe par un premier équipage lors de Shenzhou-12 dont le lancement est actuellement prévu le 10 juin. Ce vol habité sera le premier depuis Shenzhou-11 qui avait eu lieu en 2016 ! Cet équipage sera composé des taïkonautes Nie Haisheng -- dont ce sera le troisième vol --, de Deng Qingmin et Ye Guangfu qui voleront dans l'espace pour la première fois.

    Cette station d'environ 66 tonnes devrait compter un minimum de 3 modules. Un télescope spatialtélescope spatial de 2 mètres de diamètre, comparable à Hubble, qui dispose d'un miroirmiroir légèrement plus grand (2,40 m), est également prévu. Il volera en retrait de la station et viendra s'y amarrer pour des opérations de maintenance. Son lancement est prévu en 2024.

    Vue d'artiste de la Station spatiale chinoise. © Avec l'aimable autorisation de Philippe Coué
    Vue d'artiste de la Station spatiale chinoise. © Avec l'aimable autorisation de Philippe Coué

    Une station assemblée en seulement deux ans

    Initialement, le lancement de ce premier module était prévu en 2018. Mais, l'échec du deuxième vol de qualification du Long March 5B, seul lanceur chinois capable de propulser une charge aussi lourde, avait contraint les responsables du programme à reporter le début de la constructionconstruction de cette station. Un report qui ne devrait pas impacter la date de pendaison de la crémaillère. La Chine a en effet décidé de condenser le calendrier d'assemblage en seulement deux ans afin de maintenir l'objectif initial d'achever sa construction d'ici la fin de 2022. Un pari logistique qui ne sera pas une mince affaire, même pour la troisième puissance spatiale mondiale.

    Philippe Coué, auteur et chercheur indépendant, spécialiste du secteur spatial chinois, nous dévoile le calendrier de son assemblage :

    • corps central, le 29 avril 2021 ;
    • cargo Tianzhou-2, le 20 mai 2021 ;
    • vaisseau de transport Shenzhou-12, le 10 juin 2021 ;
    • cargo Tianzhou-3, en septembre 2021 ;
    • Shenzhou-13, en octobre 2021 ;
    • Tianzhou-4, en mars 2022 ;
    • Shenzhou-14, en mai 2022 ;
    • laboratoire Wentian, en juin 2022 ;
    • laboratoire Mengtian, en août 2022 ;
    • Tianzhou-5, en octobre 2022 ;
    • Shenzhou-15, en novembre 2022 (première relève avec l'équipage de Shenzhou-14).

    Le lancement de la station spatiale chinoise reporté

    Article de Rémy Decourt publié le 18/09/2019

    La Chine, qui souhaitait mettre en service sa station spatiale au début des années 2020, voit ses ambitions contrariées par le lanceur Long March 5, cloué au sol depuis l'échec de son deuxième vol d'essai, et seul à pouvoir envoyer en orbiteorbite cette station. Son retour en vol est maintenant prévu d'ici la fin de l'année. Ce retard dans la mise en service du Long March a aussi des conséquences négatives sur d'autres programmes spatiaux de la Chine.

    La future station spatiale chinoise prend forme. L'agence chinoise en charge des vols habités (China Manned Space Agency) s'apprête à débuter la construction du modèle de vol du module Tianhe (« Harmonie céleste »), élément central et principal de cette station spatiale. D'une masse de 20 tonnes, il servira à contrôler la navigation de la station (correction de trajectoire, d'attitude...), et ses différentes servitudes. Il servira de lieu de vie pour les taïkonautes chinois.

    Initialement, ce module aurait dû être lancé en 2018 et donner le coup d'envoi de l'assemblage en orbite de cette station de 60 à 90 tonnes qui devrait compter un minimum de trois modules et un quatrième avec un télescope spatial qui volera derrière cette station. Ce report s'explique par un autre retard, celui du Long March 5B, seul lanceur chinois capable de propulser une charge aussi lourde.

    Si son vol inaugural a été un succès en novembre 2016, le deuxième vol de qualification, en juillet 2017, est un échec attribué à la défaillance structurelle d'une turbopompeturbopompe du moteur YF-77 du premier étage. Depuis cette date, le lanceur est cloué au sol et un retour en vol est prévu au mieux en fin d'année. Cette indisponibilité du lanceur n'est pas sans conséquence pour des pans entiers du programme spatial chinois.

    Modèle structurel du module Tianhe de la future spatiale chinoise. © CMSA
    Modèle structurel du module Tianhe de la future spatiale chinoise. © CMSA

    Le Long March 5 plombe le programme spatial chinois

    D'après les plans chinois, si le retour en vol du lanceur est un succès, le vol suivant servira à mettre en orbite le module Tianhe, vraisemblablement six mois plus tard. Ce qui laisserait penser que l'assemblage de la station spatiale serait terminé à l'horizon 2024.

    Lors de son vol de reprise, le Long March 5 embarquera une version inhabitée du successeur du Shenzhou, la capsule habitée chinoise. D'une capacité de 7,8 tonnes, cette nouvelle génération de véhicule spatial sera partiellement réutilisable et sera d'une masse maximale au lancement d'environ 23 tonnes. À la différence du Shenzhou, ce futur véhicule sera modulaire, c'est-à-dire doté d'une certaine polyvalence par l'ajout d'un module de service supplémentaire, voire d'une cabine pressurisée plus grande de façon à effectuer des missions au-delà de l'orbite basse, notamment à destination de la Lune.

    La mise en service de ce futur véhicule est également retardée en raison de l'indisponibilité du Long March 5 qui a aussi des conséquences sur le programme d'exploration lunaire de la Chine. Il faut savoir que la mission de retour d'échantillons lunaires Chang'e 5Chang'e 5, prévue initialement en 2017, devait être envoyée par ce lanceur. Si un lancement cette année est exclu, l'année 2020 s'annonce chargée pour le planning du lanceur avec le lancement de Tianhe mais surtout de la première mission martiennemission martienne chinoise, dont la fenêtrefenêtre de tir est à l'été. Rater cette fenêtre de tir -- elle sera également utilisée par l'ESAESA, la NasaNasa et les Émirats Arabes Unis pour lancer leur mission martienne -- contraindrait alors la Chine à reporter sa mission de 26 mois !