La capsule Soyouz MS-22 étant endommagée, l’agence spatiale russe Roscosmos ne veut prendre aucun risque et redescendra donc sans occupant. Une nouvelle capsule « de secours » décollera aujourd'hui, 24 février, pour s’amarrer à la Station spatiale internationale. C’est à son bord que l’équipage prendre place pour un retour sur Terre dans quelques mois. Explications.


au sommaire


    Suite au constat d’une fuite dans le système de refroidissement du Soyouz MS-22, les partenaires de la Station spatiale internationale se sont mis d'accord sur l'envoi d'un autre vaisseau SoyouzSoyouz pour faire revenir l'équipage sur Terre. Le Soyouz MS-22 repartira alors sans occupant et se posera automatiquement dans les steppessteppes kazakhes.

    Le décollage du Soyouz de secours MS-23 était prévu pour le 20 février mais son décollage a été décalé quand les équipes ont constaté une autre fuite sur le système de refroidissement d’un cargo russe Progress, semant le doute sur l'origine de ces incidents.

    Trace d'impact sur le cargo Progress MS-21. © Roscosmos
    Trace d'impact sur le cargo Progress MS-21. © Roscosmos

    Un impact à l'origine de la seconde fuite ?

    Roscosmos, l'agence spatiale russe, avait statué que la fuite pourrait être due à l'impact d'une micrométéorite. Mais la seconde fuite au même endroit sur le cargo Progress MS-21 a remis en cause cette origine, la probabilité qu'un impact ait lieu aux mêmes endroits du vaisseau et du cargo étant très faible.

    Après inspection du Progress lors de son départ, Roscosmos a souligné que les dommages du cargo auraient été causés par un impact externe. Si un impact par une micrométéorite ou un débris reste très peu probable (ce serait une très forte coïncidence), l'impact pourrait avoir eu lieu lors de la séparationséparation de la coiffe de la fuséefusée lors du décollage.

    L'analyse de Roscosmos est encore en cours. Le constructeur RKK Energia, qui fait à la fois la fusée Soyouz, mais aussi les vaisseaux et cargos, a étudié les incidents sur le système de contrôle thermique au cours de ces 15 dernières années afin d'exclure la piste d'un défaut de développement. En attendant, le Soyouz MS-23 décollera le 24 février et s'amarrera automatiquement au segment russe de la station le 26 février. Le vaisseau repartira sur Terre avec en septembre. Le prochain vol Crew Dragon est, lui, prévu pour le 27 février. 


    Soyouz endommagé : une mission de sauvetage vers l’ISS est prévue par les Russes et les Américains

    Article de Rémy DecourtRémy Decourt, publié le 12 janvier 2023

    L'agence spatiale russe Roscosmos lancera en février un Soyouz sans équipage à destination de la Station spatiale internationale, après avoir conclu que son vaisseau endommagé et amarré à l'ISS ne pouvait pas ramener sur Terre des astronautes en toute sécurité. En conséquence, le calendrier des rotations des équipages sera modifié sans qu'aucune mission ne soit annulée. L'idée d'une réparation en orbite a été abandonnée et des scénarios d'évacuation d'urgence sont passés en revue.

    Hier soir, lors d'une conférence commune, les responsables de la Nasa et de Roscosmos ont déclaré qu'une commission d'État russe avait conclu qu'en raison de la perte de liquide de refroidissementliquide de refroidissement, le radiateurradiateur du vaisseau spatial ne pouvait plus le refroidir par ses propres moyens (les radiateurs sont utilisés pour dissiper la chaleurchaleur). En conséquence, lors du retour sur Terre du Soyouz endommagé, les températures à l'intérieur pourraient atteindre plus de 40 °C avec un taux d'humidité très élevé, rendant difficilement supportable le voyage d'un équipage de trois astronautes à bord.

    Un nouveau planning des rotations des équipages 

    Selon le plan révisé et adopté par la Nasa et Roscosmos, le Soyouz MS-23 sera lancé le 20 février prochain sans équipage mais avec une partie du chargement prévu. Après l'amarrage à la Station spatiale internationale (ISS), l'équipage transférera des équipements, tels que les sièges personnalisés, du Soyouz MS-22 au Soyouz MS-23, tout en plaçant dans Soyouz MS-22 du fret qui pourra retourner sur Terre sans craindre d'être endommagé par la chaleur qui règnera dans l'habitacle de la capsule. Le Soyouz MS-22 tentera de se poser au Kazakhstan en mode automatique. Initialement, il était prévu que le Soyouz MS-23 décolle de BaïkonourBaïkonour en mars, avec à son bord les cosmonautescosmonautes de Roscosmos Oleg Kononenko et Nikolai Chub et l'astronaute de la Nasa Loral O'Hara. Selon le nouveau planning des rotations des équipages, Sergey Prokopyev, Dmitri Petelin et Frank Rubio resteront à bord de l'ISS jusqu'à la fin de l'année sans que l'on sache aujourd'hui à quelle date ils redescendront sur Terre.

    Au premier plan, le Soyouz MS-22. Derrière lui, le laboratoire Nauka sur lequel est installé le bras robotique européen ERA, le petit module Prichal qui fait office de port d'amarrage. © Nasa
    Au premier plan, le Soyouz MS-22. Derrière lui, le laboratoire Nauka sur lequel est installé le bras robotique européen ERA, le petit module Prichal qui fait office de port d'amarrage. © Nasa

    Côté Nasa, on a également « revu le planning des rotations américaines et le calendrier des lancements à destination de la Station spatiale », a expliqué Joel Montalbano, le responsable du programme ISS à la Nasa. La mission Crew-6, dont le lancement était prévu en février à bord d'un Falcon 9Falcon 9 de SpaceXSpaceX, sera retardée, certainement de plusieurs semaines. L'équipage restera le même.

    Des scénarios d'évacuation d'urgence passés en revue 

    La Nasa et Roscosmos ont également déclaré qu'ils passeraient en revue différentes options si une urgence nécessitait une évacuation de la Station spatiale internationale avant l'arrivée de Soyouz MS-23.

    Une évacuation d'urgence pourrait nécessiter d'embarquer un ou deux astronautes de plus que prévu à bord du Crew Dragon de SpaceX, actuellement amarré à l'ISS, voire tout de même utiliser le Soyouz endommagé pour redescendre un équipage réduit à deux, ou un seul astronaute contre trois habituellement. Une configuration d'équipage qui pourrait être possible en raison d'un risque de surchauffe moins important compte tenu de la taille réduite de l'équipage.

    Une réparation trop compliquée et risquée à réaliser en orbite

    Quant à l'origine de la fuite du liquide de refroidissement, l'enquête russe a conclu que le trou dans le radiateur a été très probablement causé par une minuscule micrométéorite qui a frappé le véhicule à environ sept kilomètres par seconde. Des tests réalisés au sol ont confirmé cette hypothèse. D'après les Russes, il est peu probable qu'il s'agisse de l'impact d'un débris orbital, ce que confirme la Nasa.

    Nous n'avons aucun problème avec le prochain Soyouz 

    Les responsables russes ont également déclaré que bien qu'un défaut de conception ne semble pas être à l'origine du trou, le radiateur du Soyouz MS-23 a été vérifié plusieurs fois par précaution. « Nous n'avons aucun problème avec le prochain Soyouz », a déclaré Sergei Krikalev, directeur des vols habitésvols habités chez Roscosmos.

    Les ingénieurs ont également exclu d'essayer de réparer le Soyouz MS-22. En effet, le véhicule spatial se situe à un endroit difficile d'accès aux cosmonautes, de sorte que tenter de remplir le radiateur de liquide de refroidissement et de réparer le trou serait difficile et risqué. « Il y a beaucoup moins de risques à simplement remplacer le véhicule », assure Sergei Krikalev.


    La fuite à bord du véhicule Soyouz est sans danger pour l'équipage de l'ISS. Pour l'instant…

    Article de Rémy Decourt publié le 19/12/2022

    Survenue jeudi, une fuite d'un liquide de refroidissement à bord du véhicule Soyouz amarré à l'ISS a été jugée sans danger immédiat pour l'équipage à bord du complexe orbitalcomplexe orbital. Mais, sans danger, ne veut évidemment pas dire sans conséquences. Et des conséquences potentiellement problématiques il y en a deux. Et non des moindres.

    Jeudi dernier, alors que deux cosmonautes russes s'apprêtaient à sortir dans l'espace pour une sortie extra-véhiculaire, une impressionnante fuite s'est déclarée à bord du véhicule Soyouz MS-22. Cette fuite s'est avérée être du liquide de refroidissement. Après une évaluation du véhicule, elle a été jugée sans danger immédiat pour l'équipage de sept personnes à bord de la Station spatiale internationale.

    Depuis la découverte de cette fuite, une hausse de la température à l'intérieur du Soyouz à 30 °C a été ressentie. Ce léger changement de température n'est évidemment pas « critique pour le fonctionnement des équipements et le confort de l'équipage de la station », a déclaré Roscomos qui rappelle également que le « régime de température requis dans l'espace habitable du vaisseau spatial Soyouz MS-22 est maintenu au moyen du segment russe de l'ISS ». La température et le taux d'humidité à l'intérieur du véhicule sont surveillés à intervalle régulier.

    Conséquences opérationnelles

    Cela dit, si le véhicule amarré ne constitue par un « danger » immédiat pour l'équipage à bord de la Station, cet incident suscite toutefois des inquiétudes. Tant que Roscomos et la Nasa n'ont pas terminé leur enquête sur l'origine de la fuite, qui pourrait s'expliquer par l'impact d'une micrométéorite, ce véhicule ne peut évidemment pas être utilisé pour le transport d'équipage. Vendredi, dans le cadre d'opérations communes d'évaluation avec la Nasa, les Russes ont testé avec succès le bon fonctionnement des propulseurspropulseurs du véhicule et, dimanche, le bras robotiquerobotique de la station a été utilisé pour inspecter le Soyouz et vérifier cette hypothèse.

    Ces inquiétudes pourraient avoir des conséquences opérationnelles loin d'être anodines. En effet, lorsqu'ils sont amarrés à la station, les Soyouz sont utilisés comme véhicule de secours. À cela s'ajoute que le Soyouz MS-22 doit ramener sur Terre le 28 mars les cosmonautes russes Sergey Rokopyev et Dmitri Petelin et l'astronaute américain Frank Rubio.

    Le bras Canadarm 2 utilisé pour inspecter le véhicule Soyouz et localiser et identifier l'origine de la fuite. © Nasa
    Le bras Canadarm 2 utilisé pour inspecter le véhicule Soyouz et localiser et identifier l'origine de la fuite. © Nasa

    Si Roscosmos et la Nasa déclarent que ce véhicule n'est plus utilisable pour le transport d'astronautes, un Soyouz de remplacement pourrait être lancé depuis Baïkonour sans personne à bord et s'amarrer automatiquement à la station. Le premier véhicule qui pourrait être lancé est le Soyouz MS-23 qui doit décoller le 16 mars avec les cosmonautes russes Oleg Kononenko, Nikolai Chub et l'astronaute de la Nasa Loral O'Hara pour une mission de six mois.

    Bien que le MS-23 soit déjà à Baïkonour, plusieurs semaines de préparation sont nécessaires avant d'envisager un lancement en urgence. D'ici là, si un problème nécessitant une évacuation impérative devait survenir à bord de l'ISS, la Nasa et Roscosmos ne pourraient pas évacuer les sept personnes actuellement en poste. Certes, il y a bien un Crew Dragon amarré, mais bien qu'il soit conçu pour transporter sept personnes, il est configuré pour en transporter seulement quatre. Le lancement du prochain Crew Dragon, est prévu le 19 février avec leur équipage comprenant deux astronautes de la Nasa, un astronaute des Émirats Arabes Unis et un cosmonaute russe.