Lundi 3 décembre, la fusée Falcon 9 de SpaceX a décollé de la base de Vandenberg en Californie. Affrétée par Spaceflight industries, elle embarque à son bord 64 satellites de 18 pays. La plupart sont des satellites d’observation ou de recherche mais certains clients privés embarquent des objets bien plus étranges.


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    C'est le deuxième plus grand nombre de satellites mis en orbite par une seule fuséefusée : ce lundi 3 décembre à 17 h 42 heure française, la fusée Falcon 9 de SpaceXSpaceX s'est envolée pour la mission SSO-A, avec à son bord 15 microsatellites et 49 CubeSats issus de 35 entreprises et organisations. Parmi elles, plusieurs universités, des startup de communication ou des laboratoires de recherche. Mais le lanceur embarque aussi à son bord d'étranges boîtes au contenu bien plus insolite.

    Une « étoile artificielle »

    L'Orbital Reflector, une œuvre d'art monumentale de l'artiste américain Trevor Paglen, tient dans une boîte à chaussures. Mais une fois gonflé dans l'espace, il prendra la forme d'un diamant long comme deux bus mis à la suite. Fabriqué en Mylar, un polyester très fin et résistant, la sculpture réfléchira la lumière du soleilsoleil et deviendra « aussi lumineuse que la Grande OurseGrande Ourse » dans le ciel. Les observateurs du monde entier pourront suivre le positionnement de l'œuvre sur le site InternetInternet et via une applicationapplication dédiée, avant que celle-ci ne chute dans l'atmosphèreatmosphère en se désintégrant au bout de plusieurs semaines. Un spectacle éphémère à 1,5 million de dollars, financé en partie par une campagne de financement participatif organisée par le musée d'art du Nevada, coproducteur de l'Orbital Reflector.

    L’<em>Orbital Reflector</em>, une œuvre d’art gonflable, sera visible depuis la Terre. © Nevada Museum of Art
    L’Orbital Reflector, une œuvre d’art gonflable, sera visible depuis la Terre. © Nevada Museum of Art

    Une jarre en or contenant « l’âme » d’un astronaute

    Pendant des mois, le mystère a plané sur le contenu du satellite Enoch, appartenant au Los Angeles County Museum of Art (Lacma). Le 13 novembre dernier, celui-ci a enfin levé le voile sur son chargement : une urne égyptienne en or 24 caratscarats réalisée par l'artiste Tavares Strachan et représentant le buste de Robert Henry Lawrence Jr, le premier astronauteastronaute américain d'origine africaine. Celui-ci avait commencé à s'entraîner pour un voyage spatial en 1967 lorsqu'il est mort dans un crash d'avion, avant d'avoir pu réaliser son rêve d'aller dans l'espace, explique le musée. C'est désormais chose faite avec ce vase, officiellement béni dans un sanctuaire shintoïste japonais qui a reconnu que celui-ci contenait bien « l'âme » de l'astronaute. Il devrait rester en orbite durant neuf ans.

    Le buste sera placé dans une boîte intégrée au vaisseau Enoch et largué dans l’espace. © collectSPACE, YouTube

    Des grille-pain antipirates

    Les trois satellites Pathfinder mis en orbite par la startup HawkEye 360 ressemblent plus à des toasteurs géants qu'à des équipements high-tech. Ces boîtes en métalmétal n'embarquent pas de coûteuses caméras ou radars d'observation, mais des capteurscapteurs qui vont permettre de « voir » les émissionsémissions radio partout sur la planète. Un service destiné en premier lieu à traquer les pirates, les trafiquants et les navires pratiquant la pêche illégale, dont le transpondeur GPSGPS a été désactivé et qui ont recours à des téléphones satellite et des radios CB (des sortes de talkies-walkies de plusieurs kilomètres de portée). Les satellites de HawkEye 360 sont capables d'intercepter tous les signaux supérieurs à un wattwatt et de les cartographier virtuellement. De quoi intéresser les services de défense et de renseignements américains qui sont déjà clients de la startup.

    Les « toasteurs » de HawkEye 360 vont traquer la pêche illégale en cartographiant leurs émissions radio. © HawkEye 360
    Les « toasteurs » de HawkEye 360 vont traquer la pêche illégale en cartographiant leurs émissions radio. © HawkEye 360

    Une miniserre pour cultiver des tomates

    Pourra-t-on cultiver des tomatestomates sur la LuneLune et sur Mars ? C'est pour répondre à ces questions existentielles que le centre aérospatial allemand (DLRDLR) a pris un ticket dans la fusée Falcon 9. Son satellite, baptisé Eu:CROPIS (Euglena and Combined Regenerative Organic-Food Production in Space), vise à préparer les futures missions lunaires et martiennes. Les graines de tomate auront droit à 10 heures d'éclairage par jour et seront nourries avec de « l'urine artificielle » transformée en nitrate par des bactériesbactéries. Durant six mois, le satellite va graviter autour de la Terre au rythme de 20 révolutions par minute, simulant ainsi les conditions de gravitégravité de la Lune, puis les six mois suivants à 32 révolutions par minute pour Mars. La croissance des tomates spatiales sera suivie en direct sous l'œilœil des 16 caméras.

    Les futures tomates martiennes mises sur orbite. © DLR CC-by 3.0
    Les futures tomates martiennes mises sur orbite. © DLR CC-by 3.0

    100 urnes funéraires

    Les cendres de 100 défunts tournent désormais en orbite autour de la Terre. L'entreprise Elysium Space, qui propose cette prestation pour 2.490 dollars, fait partie des 35 clients de SpaceX pour ce lancement du 3 décembre. L'urne sera évidemment trop petite pour être visible de la Terre, mais les familles pourront suivre son trajet sur leur téléphone via une application. Les cendres devraient ainsi rester dans l'espace pendant deux ans avant de brûler à nouveau en retombant dans l'atmosphère. En 2012, une fusée Falcon 9 avait déjà mis en orbite 308 boîtes funéraires lancées cette fois-ci par l'entreprise Celestis, dont celles de l'acteur James Doohan, qui avait joué Scotty dans la série originale Star Trek, et de l'astronaute Gordon CooperGordon Cooper.

    Elysium Space propose d’envoyer les cendres de vos proches dans l’espace pour 2.490 dollars. © Elysium Space

    Le premier satellite privé indien

    L'Inde a lancé plus de 50 satellites depuis 1975, mais l'Exseed Sat-1, créé par la startup Exseed Space, sera le premier d'une entreprise privée à orbiterorbiter autour de la Terre. Il est destiné aux opérateurs de radio privés mais aussi à « faciliter la coordination entre les radios amateurs notamment en cas de catastrophe naturellecatastrophe naturelle », indique la startup. Celle-ci a tout de même reçu un sérieux coup de pouce de l'Isro, l'agence spatiale indienne, qui avait battu en 2017 le record mondial pour le lancement de 104 satellites en une seule fusée.

    L’Exseed Sat-1 est le premier satellite privé indien destiné aux communautés de radio amateurs. © Exseed Space
    L’Exseed Sat-1 est le premier satellite privé indien destiné aux communautés de radio amateurs. © Exseed Space