Plusieurs semaines déjà que notre Soleil semble redoubler d’activité. Les astronomes ne comptent plus les éruptions géantes qu’ils observent. Ce mardi 15 février 2022, la mission Solar Orbiter a été le témoin de l’une des plus puissantes d’entre elles. Qui s’est heureusement produite de l’autre côté du Soleil.


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    Les éruptions solaires ne sont pas des phénomènes rares. Elles se produisent à la surface de la photosphère de notre Étoile et projettent de la matière ionisée à travers sa chromosphère. Et généralement jusqu'à des centaines de milliers de kilomètres dans l'espace. Mais l'éruption solaire que la mission Solar Orbiter (ESA, NasaNasa) a enregistrée ce mardi 15 février 2022 était particulièrement intense. Elle s'est accompagnée d'une éjection de massemasse coronale qui s'est étendue sur des millions de kilomètres.

    Par chance pour nos technologies -- qui peuvent être endommagées par de tels événements --, cette éruption n'était pas dirigée vers notre Terre. Elle provenait du côté du SoleilSoleil en opposition à notre Planète.

    D’autres missions témoins de l’événement

    Mais c'est la première fois qu'un instrument -- le télescope spatial nommé Extreme UltravioletUltraviolet Imager (EUI) embarqué à bord du Solar OrbiterSolar Orbiter -- a pu capturer une éruption aussi massive. Un nuagenuage de plasma s'étalant sur 3,5 millions de kilomètres. Le tout en gardant à l'œilœil le disque solaire complet. Car l'EUI a été conçu pour cela : observer le disque solaire même lors des passages rapprochés de la mission.

    Les chercheurs soulignent que même des engins non destinés à l'observation du Soleil ont enregistré ses effets. La mission Bepi Colombo (ESA, Jaxa), par exemple. Parti pour étudier MercureMercure et actuellement situé à proximité de l'orbiteorbite de la planète la plus proche du Soleil, l'engin a détecté une arrivée massive d'électronsélectrons, de protonsprotons et d'ionsions lourds.


    La nouvelle sonde spatiale Solar Orbiter a observé sa première éjection de masse coronale

    Solar Orbiter, la mission solaire conjointe de la Nasa et de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne (ESA), ne commencera réellement ses travaux scientifiques qu'en novembre prochain. Mais, en février dernier, alors que l'engin voguait de l'autre côté de notre Soleil, il a surpris sa première éjection de masse coronale.

    Article de Nathalie MayerNathalie Mayer paru le 25/05/2021

    Sur cette image, notre Soleil, juste avant que ne survienne l’éjection de masse coronale (EMC) immortalisée par Solar Orbiter, le 12 février 2021. © ESA
    Sur cette image, notre Soleil, juste avant que ne survienne l’éjection de masse coronale (EMC) immortalisée par Solar Orbiter, le 12 février 2021. © ESA

    Les éjections de masse coronale (EMC) sont des phénomènes extrêmement violents. En quelques minutes, ce sont des milliards de tonnes de matière solaire qui peuvent être expulsées dans l'espace. À des vitessesvitesses de l'ordre de mille kilomètres par seconde. Avec des impacts potentiels sur Terre. Sous la forme d'oragesorages magnétiques qui peuvent perturber certaines de nos technologies et se révéler dangereux pour les astronautesastronautes.

    Ainsi, étudier les éjections de masse coronale est l'un des objectifs de la mission Solar Orbiter. En février dernier, justement, l'engin a immortalisé sa première EMC -- suivie presque immédiatement d'une seconde. Il croisait alors à environ la moitié de la distance entre la Terre et le Soleil et finissait de passer derrière notre étoile -- du point de vue de notre Terre. Une phase pendant laquelle les chercheurs n'avaient pas envisagé d'être en mesure d'enregistrer des données.

    La réussite a été de leur côté. Car non seulement Solar Orbiter a été le témoin d'une EMC à ce moment-là, mais ce sont trois de ses instruments qui ont pu l'enregistrer. Offrant des perspectives différentes sur le phénomène. Même si les images restent imparfaites. Car la mission, lancée en février 2020, ne sera pleinement opérationnelle qu'à partir du mois de novembre de cette année.

    Le <em>Solar Orbiter Heliospheric Imager</em> (SoloHI) observe le vent solaire, la poussière et les rayons cosmiques qui remplissent l’espace entre le Soleil et les planètes. Le 12 février 2021, il a immortalisé une éjection de masse coronale (EMC). Des images obtenues à partir seulement de l’un de ses quatre détecteurs fonctionnant à moins de 15 % de ses pleines capacités. © ESA & Nasa/Solar Orbiter/SoloHI team/NRI
    Le Solar Orbiter Heliospheric Imager (SoloHI) observe le vent solaire, la poussière et les rayons cosmiques qui remplissent l’espace entre le Soleil et les planètes. Le 12 février 2021, il a immortalisé une éjection de masse coronale (EMC). Des images obtenues à partir seulement de l’un de ses quatre détecteurs fonctionnant à moins de 15 % de ses pleines capacités. © ESA & Nasa/Solar Orbiter/SoloHI team/NRI

    Une éjection de masse coronale vue sous tous les angles

    Sur les images renvoyées par le Solar Orbiter Heliospheric Imager (SoloHI), les astronomesastronomes ont pu voir l'éjection de masse coronale apparaître comme une soudaine rafale se dilatant ensuite dans le vent solaire. L'Extreme Ultraviolet Imager (EUI) -- qui avait déjà détecté une éjection de masse coronale dès novembre dernier -- a permis de découvrir l'EMC dans la partie intérieure de la couronne solairecouronne solaire. Le coronographecoronographe Metis -- qui avait aussi déjà observé un tel phénomène à la mi-janvier --, en bloquant la lumièrelumière de la surface du Soleil, a, quant à lui, offert une vue de l'EMC sur la couronne externe. La plupart des instruments embarqués à bord de Solar Orbiter ont enregistré une activité à ce moment. Et leurs données sont toujours en cours d'analyse.

    L’éjection de masse coronale observée par Solar Orbiter en février dernier telle que vue par la mission Stereo-A, Stereo pour <em>Solar Terrestrial Relations Observatory</em>. © Nasa/Stereo/COR2
    L’éjection de masse coronale observée par Solar Orbiter en février dernier telle que vue par la mission Stereo-A, Stereo pour Solar Terrestrial Relations Observatory. © Nasa/Stereo/COR2

    L'évènement a également été capturé par trois autres missions solaires : Proba-2 (ESA), Stereo-A (Nasa) -- comprenez Solar Terrestrial Relations Observatory --, qui se trouvait plus loin, et l'Observatoire solaire et héliosphérique Soho, placé lui sur la face « avant » du Soleil.

    Ici, une modélisation de la trajectoire de l’éjection de masse coronale du 12 février 2021 à travers le Système solaire. Solar Orbiter apparaît comme un losange rouge et Stereo-A comme un carré rouge. © <em>Nasa’s Goddard Space Flight Center</em>/M2M/CCMC
    Ici, une modélisation de la trajectoire de l’éjection de masse coronale du 12 février 2021 à travers le Système solaire. Solar Orbiter apparaît comme un losange rouge et Stereo-A comme un carré rouge. © Nasa’s Goddard Space Flight Center/M2M/CCMC

    Un ensemble de données qui ont servi au bureau d'étude de la météorologie spatiale de la Nasa pour modéliser la trajectoire de l'éjection de masse coronale à travers le Système solaireSystème solaire. En attendant que Solar Orbiter apporte encore plus de précisions sur ce phénomène, une fois que l'ensemble de ses instruments seront entrés dans leur phase d'exploitation scientifique. Rendez-vous pour cela en novembre prochain.