Quatre mois après l’atterrissage périlleux de Philae, les équipes de la mission Rosetta effectuent la première tentative d’une longue série de collecte d’un éventuel signal attestant que l’atterrisseur est réveillé. Peut-être est-il encore trop tôt, mais les techniciens ont bon espoir que les conditions requises seront réunies dans les semaines à venir, au regard de l’ensoleillement croissant que reçoit la comète Churyumov-Gerasimenko.

au sommaire


    Mosaïque légèrement retaillée composée de 4 images prises par la Narrow Angle Camera (Nac) d’Osiris le 13 décembre 2014 à une distance d’environ 20 km du centre de la comète. L’ellipse indique la région baptisée Abydos où se cache Philae, à l’ombre d’une falaise. © Esa, Rosetta, MPS for Osiris Team MPS, UPD, Lam, IAA, SSO, INTA, UPM, DASP, Ida

    Mosaïque légèrement retaillée composée de 4 images prises par la Narrow Angle Camera (Nac) d’Osiris le 13 décembre 2014 à une distance d’environ 20 km du centre de la comète. L’ellipse indique la région baptisée Abydos où se cache Philae, à l’ombre d’une falaise. © Esa, Rosetta, MPS for Osiris Team MPS, UPD, Lam, IAA, SSO, INTA, UPM, DASP, Ida

    Depuis ce matin, à 5 h (4 h TU), les équipes de RosettaRosetta et de Philae tentent de capter un signal en provenance de ce dernier. Rappelons que l'atterrisseur s'est posé dans un lieu relativement ombragé de la comète et jusqu'à présent, faute de lumière pour recharger ses batteries, il est resté en sommeilsommeil en attendant que la luminositéluminosité augmente à mesure que la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko approche du Soleil. Si elle n'est pas nulle, et on le souhaite vivement, la probabilité de recevoir un signal aujourd'hui reste faible car la température de Philae est probablement encore trop basse pour permettre la mise en route de ses différents composants électroniques, la prise de contact et le pilotage.

    En effet, l'intérieur de l'appareil doit atteindre les - 45 °C. En outre, l'atterrisseur doit être capable de générer au minimum 5,5 watts avec ses panneaux solaires. Philae est conçu pour se réveiller dès que ces conditions sont réunies pour poursuivre son réchauffement interne et démarrer la recharge de ses batteries. Notons qu'il est possible qu'il soit déjà réveillé sans pour autant pouvoir disposer de suffisamment de puissance pour émettre. Pour cela, la puissance nécessaire est de 19 watts.

    Des commandes -- relayées par Rosetta -- ont été mises au point pour permettre à l'atterrisseur d'optimiser son réchauffement. Il pourrait les exécuter quand bien même il ne répondra pas encore à la sonde spatiale. C'est un pilotage dit « en aveugle ». Par ailleurs, même si les batteries n'ont pas survécu au froid, les ingénieurs comptent sur la possibilité de le faire fonctionner durant les quelques moments d'ensoleillement direct.

    Montage de 4 clichés individuels de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko pris par la caméra de navigation (NavCam) de Rosetta, respectivement (en haut, de gauche à droite), les 25 et 26 février et, en bas, le 27 février. Comme on peut le constater sur ces images volontairement surexposées, l’activité du noyau cométaire est de plus en plus importante. Sans surprise, à un peu plus de 5 mois de son périhélie, les dégazages se multiplient. © Esa, Rosetta, NavCam – CC BY-SA IGO 3.0

    Montage de 4 clichés individuels de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko pris par la caméra de navigation (NavCam) de Rosetta, respectivement (en haut, de gauche à droite), les 25 et 26 février et, en bas, le 27 février. Comme on peut le constater sur ces images volontairement surexposées, l’activité du noyau cométaire est de plus en plus importante. Sans surprise, à un peu plus de 5 mois de son périhélie, les dégazages se multiplient. © Esa, Rosetta, NavCam – CC BY-SA IGO 3.0

    Philae reçoit deux fois plus d’énergie solaire

    À partir du moment où Philae sera réveillé et pourra communiquer, la première chose qu'il fera sera de communiquer sur son « état de santé » : ses batteries rechargeables, fonctionnement de ses différents éléments, la quantité d'énergie qu'il reçoit, etc. La programmation et les opérations scientifiques de ses instruments en dépendront.

    Si cette tentative du 12 mars n'aboutit pas, d'autres suivront dans la semaine qui suit, puis au fur et à mesure de l'approche au Soleil. Ce mercredi 11 mars, Rosetta et la comète sont à quelque 318 millions de kilomètres du Soleil. « Philae reçoit actuellement environ deux fois plus d'énergie solaire qu'en novembre dernier [lorsqu'il s'est posé, NDLRNDLR] » a déclaré le directeur de la mission de l'atterrisseur, Stephan Ulamec du centre aérospatial allemand. La distance minimale -- ou périhéliepérihélie -- entre le Soleil et le noyau cométaire, 186 millions de kilomètres, sera atteinte le 13 août 2015.