Le site d’Engare Sero, en Tanzanie, est le plus grand site d’empreintes de pas humains jamais découvert en Afrique. Et c’est celui que des chercheurs viennent d’étudier dans le détail. Ils en ont tiré des informations sur les modes de vie de nos ancêtres.


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    « Les empreintes de pas sont souvent éphémères. Mais lorsqu'elles sont conservées dans les archives géologiques, sous forme d'ichnofossilesichnofossiles, elles offrent des instantanées de la vie de nos ancêtres. » C'est ce que racontent des chercheurs de l’université de Chatham (États-Unis) qui ont étudié plus de 400 empreintes de pas découvertes en 2008 à Engare Sero, au pied du volcanvolcan Ol Doinyo Lengai (Tanzanie).

    Ainsi, des vitesses et des directions de déplacement différentes selon les ensembles d’empreintes laissent penser que plusieurs groupes de personnes -- au moins vingt individus différents -- ont traversé la zone de quelque 300 m2, il y a entre 6.000 et 19.000 ans. Certains en marchant, d'autres à plus vive allure.

    Parmi les plus de 400 empreintes — dont celle-ci — étudiées par les chercheurs de l’université de Chatham, certaines se dirigent vers une dune, laissant penser que d’autres empreintes pourraient être découvertes en creusant cette dune. © William Harcourt-Smith, <em>American Museum of Natural History</em>
    Parmi les plus de 400 empreintes — dont celle-ci — étudiées par les chercheurs de l’université de Chatham, certaines se dirigent vers une dune, laissant penser que d’autres empreintes pourraient être découvertes en creusant cette dune. © William Harcourt-Smith, American Museum of Natural History

    Une répartition du travail par sexe

    Un groupe, en particulier, était composé de 16 adultes -- 14 femmes et deux hommes -- et d'un jeune homme, marchant ensemble. Une répartition que l'on retrouve toujours parmi les groupes de chasseurs-cueilleurs modernes à la recherche de nourriture. De quoi penser que nos ancêtres du PléistocènePléistocène supérieur avaient déjà réparti la charge de travail par sexe.

    C'est l'incroyable état de conservation de toutes ces empreintes dans une ancienne coulée de boue volcanique qui a permis aux chercheurs de conclure ainsi. « Les cendres humides ont durci presque comme du bétonbéton, préservant les empreintes laissées par nos ancêtres », explique Cynthia Liutkus-Pierce, chercheur à l'Appalachian State University (États-Unis) dans le communiqué.

    Notez qu'un modèle 3D du site a été élaboré par les chercheurs et mis à disposition en ligne « pour que d'autres puissent y accéder ».


    Des pas humains par centaines vieux de milliers d'années découverts en Afrique

    Plus de 400 empreintes de pas d'Hommes de la Préhistoire, un record pour l'Afrique, ont été découvertes et datées sur un site grand comme un terrain de tennis, en Tanzanie. En partie connues depuis 2006, elles avaient attiré l'attention des chercheurs depuis 2008, qui les pensaient âgées de 120.000 ans. La nouvelle datation indique entre il y a -19.000 et -5.000 ans. Ces traces semblent avoir été laissées par des Homo sapiensHomo sapiens.

    Article de Laurent SaccoLaurent Sacco paru le 14/10/2016

    Des pas humains par centaines vieux de milliers d'années ont été découverts en Afrique. Les flancs du volcan Ol Doinyo Lengaï, en Tanzanie, sont ravinés par les pluies. Des coulées de boue contenant des cendres émises depuis des dizaines de milliers d'années et plus s'y forment et peuvent dévaler sur les sols alentour. C'est ce qui se serait passé pendant le Pléistocène, il y a moins de 20.000 ans. © Aleksandr Sadkov, Shutterstock
    Des pas humains par centaines vieux de milliers d'années ont été découverts en Afrique. Les flancs du volcan Ol Doinyo Lengaï, en Tanzanie, sont ravinés par les pluies. Des coulées de boue contenant des cendres émises depuis des dizaines de milliers d'années et plus s'y forment et peuvent dévaler sur les sols alentour. C'est ce qui se serait passé pendant le Pléistocène, il y a moins de 20.000 ans. © Aleksandr Sadkov, Shutterstock

    La Tanzanie est célèbre dans le monde des géosciences et de la paléontologiepaléontologie. En effet, à 150 kilomètres à l'ouest du célèbre Kilimandjaro, en bordure de la fameuse Vallée du grand riftrift, on trouve l'Ol Doinyo Lengaï, « la montagne de Dieu » en langage Massaï. C'est actuellement le seul volcan actif au monde connu pour produire des laveslaves très rares, les carbonatitescarbonatites.

    La Tanzanie, c'est aussi la mythique piste de Laetoli, des empreintes de pas laissées dans des dépôts de cendres volcaniques humides il y a 3,5 millions d'années. Trouvées à 45 kilomètres au sud des gorges d'Olduvai de 1976 à 1977 par la paléontologuepaléontologue Mary Leakey, ces empreintes ont été laissées par des individus se déplaçant comme des bipèdes. On les attribue généralement à un hominine bien connu, Australopithecus afarensis.

    Un article dans Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology fait maintenant état de la découverte, non loin de l'Ol Doinyo LengaïOl Doinyo Lengaï proche du rivage sud du lac Natron, du plus grand ensemble de traces de pas laissées par des Hommes préhistoriques en Afrique (on peut en voir quelques photographiesphotographies sur le site de la photographe Ariadne Van Zandbergen).


    Une présentation d'un camp pour des vacances vertes non loin du lac Natron, des chutes de la rivière Ngare Sero et des empreintes de pas que l'on pensait vieilles de 120.000 ans (voir tout à la fin de la vidéo). © Timothy

    Des empreintes d'Homo sapiens dans une boue du Pléistocène

    Les plus de 400 empreintes découvertes avaient d'abord été datées d'environ 120.000 ans mais une étude approfondie a montré que la boue aujourd'hui solidifiée qui les a conservées provenait de couches de cendres emportées bien plus tard par la pluie, probablement sous forme de lahar à partir des pentes du Lengaï.

    La nouvelle datation place maintenant la naissance de ces traces quelque part entre il y a -19.000 et -5.000 ans. Elles semblent avoir été laissées par des Homo sapiens en train de courir, pour l'essentiel des femmes et des enfants. Le site où elles se trouvent, non loin de la rivière Ngare Sero et ses célèbres cascades, est maintenant protégé par les autorités tanzaniennes, qui l'ont entouré de barbelés. Il a été scanné en 3D ; une reproduction est donc possible au cas où ce site viendrait à disparaître.