Pour Elon Musk, il suffirait de bombarder les calottes polaires de Mars pour libérer du carbone et ainsi épaissir la maigre atmosphère de la Planète rouge et la réchauffer. Mais une nouvelle étude, financée par la Nasa, répond que cela ne serait pas suffisant. Selon ces chercheurs, injecter les quantités de CO2 requises et disponibles sur notre voisine serait irréalisable. Du moins pas avant longtemps. Très longtemps.

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    Terraformer Mars, c'est-à-dire la rendre habitable pour l'être humain comme l'est la Terre, est un vieux rêve. L'idée n'est donc pas nouvelle et est exploitée dans de nombreux livres et films de science-fiction depuis plusieurs décennies. S'agit-il d'une chimèrechimère ? Tout le monde n'est pas de cet avis et la littérature scientifique est riche en études sur la faisabilité d'une telle entreprise. D'ailleurs, en parlant d'entreprise, le patron de SpaceXSpaceX, Elon MuskElon Musk, est, lui, très optimiste quant à la colonisation de Mars qu'il entend aborder dès 2024. Dans sa vision, des cités martiennes sortiront du sol rouge avant la fin du siècle. Pour lui, rendre Mars verdoyante serait envisageable.

    Le scénario le plus récurrent pour une terraformation de Mars consiste à libérer les gaz à effet de serregaz à effet de serre qu'elle renferme. Rappelons qu'actuellement, l'atmosphèreatmosphère de notre voisine est très fine -- environ 0,6 % de la pression atmosphériquepression atmosphérique terrestre --, rongée depuis des milliards d'années par le vent solaire, et les températures à sa surface sont très basses. Sous ses airs de nouveau Far West, Mars est un monde franchement hostile, froid et aride.

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    Alors, pour la réchauffer il n'y a pas beaucoup de choix si on veut faire avec les ressources locales : ce serait donc avec de l'eau et du dioxyde de carbonedioxyde de carbone. Tous deux sont en partie piégés dans les calottes glaciairescalottes glaciaires et le sous-sol. Aussi, pour beaucoup, il suffirait de faire fondre les pôles martiens, plutôt faciles d'accès, pour injecter dans sa maigre atmosphère tout ce dioxyde de carbone (CO2) et la vapeur d'eau nécessaires pour la réchauffer. Pour y parvenir, Elon Musk proposait en 2015 de bombarder les pôles avec des charges nucléaires... Une autre méthode, plus douce, prescrit de les assombrir avec des poussières. Est-ce que ça marcherait ? Une étude qui vient de paraître dans la revue Nature Astronomy, et financée par la Nasa, n'y va pas par quatre chemins : c'est impossible. Enfin, plus exactement, c'est impossible avec nos technologies actuelles. Explications.

    La terraformation de Mars n’est pas pour tout de suite. Avec nos technologies actuelles, il n’est pas possible d’injecter suffisamment de carbone pour épaissir l’atmosphère de Mars et la réchauffer. Les colons martiens du XXI<sup>e</sup> siècle devront garder leurs combinaisons pour randonner sur notre voisine. © Ulia Koltyrina, Fotolia

    La terraformation de Mars n’est pas pour tout de suite. Avec nos technologies actuelles, il n’est pas possible d’injecter suffisamment de carbone pour épaissir l’atmosphère de Mars et la réchauffer. Les colons martiens du XXIe siècle devront garder leurs combinaisons pour randonner sur notre voisine. © Ulia Koltyrina, Fotolia

    Terraformer Mars n’est pas réalisable avec la technologie actuelle

    Bruce Jakosky et Christopher S. Edwards, deux chercheurs chevronnés qui font partie des équipées des missions d'explorations martiennes de la Nasa MRO (Mars Reconnaissance OrbiterMars Reconnaissance Orbiter), Mars OdysseyMars Odyssey, CuriosityCuriosity et Maven, se sont donc posé la question : serait-il vraiment possible de terraformer Mars ? De transformer Mars en une Terre 2.0 ? Pour y répondre, ils ont consulté plus de vingt ans de données collectées par les orbiteurs afin d'évaluer le plus précisément possible les quantités d'eau et de carbone disponibles sur Mars. Leur conclusion, comme nous l'avons vu, rejette la possibilité de terraformer la Planète rouge. « Nos résultats suggèrent qu'il n'y a pas assez de CO2 restant sur Mars pour fournir un réchauffement significatif par effet de serre si le gaz devait être mis dans l'atmosphère, résume Bruce Jakosky. En outre, la majeure partie du CO2 n'est pas accessible et ne peut pas être facilement mobilisée. »

    Quid des calottes glaciaires ? Les chercheurs répondent que leur fonte complète aiderait à doubler l'actuelle pression atmosphérique qui n'est que de 0,636 kPa en moyenne (0,6 % de l'atmosphère terrestre, comme on l'a dit). Pour qu'il fasse plus chaud sur notre voisine et que de l'eau liquide coule de nouveau à sa surface -- comme cela fut le cas il y a plus de 3,7 milliards d'années --, il faudrait que la pression du dioxyde de carbone atteigne un niveau comparable à celui de la pression atmosphérique totale de la Terre. Il faut donc beaucoup de carbone et les réservoirs polaires n'y suffiraient pas. Où en trouver alors ? Les autres sources seraient les minérauxminéraux. Les gisementsgisements sont enfouis sous la surface et leur exploitation serait une entreprise titanesque, ô combien coûteuse, qui in fine ne suffirait toujours pas à augmenter significativement la pression nécessaire. Cela apporterait environ 5 %. Ou bien il faudrait aller le chercher à de très grandes profondeurs. Ce qui paraît irréalisable et, en outre, personne ne connaît vraiment les quantités disponibles. Autres pistes, les poussières mais leur exploitation -- il faudrait les chauffer pour libérer le CO2 -- ne rapporterait que 4 % du carbone requis. Quant aux clathrates qui ont eux aussi piégé du CO2, ils n'en fourniraient que 5 % de plus. Bref, on est encore loin du compte.

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    Alors, peut-être serons-nous en mesure de réchauffer un jour Mars mais pour les chercheurs ce ne serait pas avant des siècles. Mais ne pourrait-on pas injecter des gaz à effet de serre produits sur Terre ? Par exemple, des chlorofluorocarbures (CFCCFC). L'inconvénient est que leur courte vie dans l'atmosphère obligerait à en produire sans cesse d'importantes quantités.

    Pour l'instant, et sans doute pour longtemps, il faudra se contenter d'habiter Mars enfermé dans des habitats adaptés à cet environnement et dans des combinaisons, pour celles et ceux qui voudront explorer ce monde.


    Terraformer Mars serait peut-être possible

    Article de Rémy DecourtRémy Decourt publié le 22 juin 2018

    Une étude suggère qu'une bactériebactérie terrestre, connue pour être capable, tout comme les plantes, d'accomplir la photosynthèsephotosynthèse, pourrait aider à coloniser Mars en rendant la Planète rouge respirable. Scénario de science-fiction ? Pas vraiment.

    Avec le progrès technologique que notre société connaît actuellement, il ne fait guère de doute qu'un jour l'Homme essayera de terraformer Mars pour la rendre habitable pour son espèceespèce. L'idée de modifier durablement le climatclimat de la Planète rouge a fait son chemin depuis qu'en 1961 Carl SaganCarl Sagan avait proposé un mécanisme pour rendre la planète VénusVénus habitable, ou, du moins, la rendre nettement moins chaude.

    Pour qu'un jour la Planète rouge devienne bleue, on a toujours pensé qu'il suffisait de libérer le CO2 contenu dans le régoliterégolite martien et les calottes polaires pour donner naissance à une atmosphère beaucoup plus épaisse. Mais d'autres voies sont possibles.

    Pour terraformer Mars, une équipe de scientifiques semble convaincue que la photosynthèse pourrait être utilisée à bon escient pour créer de l'air afin que les humains puissent respirer sur Mars. Cette idée est moins saugrenue qu'elle n'y paraît.

    Une ville martienne telle que l'envisage Elon Musk. © SpaceX

    Une ville martienne telle que l'envisage Elon Musk. © SpaceX

    Créer de l'air respirable par les humains sur Mars

    Pour la comprendre, il faut savoir que la photosynthèse est le processus par lequel les plantes et d'autres organismes produisent et stockent l'énergieénergie de la lumièrelumière et produisent de l'oxygèneoxygène. Sur Terre, la photosynthèse est l'apport d'énergie principal dans le cycle thermodynamiquethermodynamique de la biosphèrebiosphère en étant à l'origine de la plus grande partie de la biomassebiomasse.

    Pour reproduire ce phénomène naturel sur Mars, encore faut-il que des organismes y vivent. Or, s'il ne fait plus guère de doute que cette planète a été habitable dans un passé très lointain, elle est aujourd'hui un monde inhabité, et inhabitable en l'état.

    Le saviez-vous ?

    La planète Mars est d’autant plus terraformable que des paramètres aussi importants que son inclinaison orbitale, sa période de révolution, sa gravité, sa distance au Soleil et l'aspect physique de sa surface sont assez proches de ceux de la Terre.

    Ce que vient de révéler cette équipe, c'est qu'une cyanobactériecyanobactérie terrestre, connue sous le nom de Chroococcidiopsis thermalis, pourrait aider l'Homme à coloniser la planète Mars en contribuant à y créer une véritable biosphère ! Ces organismes, qui survivent dans des conditions de très faible luminositéluminosité dans les environnements les plus inhospitaliers de la Terre (AntarctiqueAntarctique, désertdésert des Mojaves ou sources hydrothermalessources hydrothermales par exemple), sont pourtant capables d'effectuer la photosynthèse. Certains ont même survécu à l'extérieur de la Station spatiale internationale (ISSISS) !

    Au regard de ces milieux terrestres inhospitaliers dans lesquels vit C. thermalis, cette étude suggère que cet organisme pourrait survivre sur Mars et, théoriquement, être exploité pour créer de l'air afin que les humains puissent y respirer.

    Cette étude, dirigée par Dennis J. Nürnberg, du Département des Sciences de la vie de l'Imperial College London, a rassemblé de nombreux scientifiques, dont les Français Pierre Joliot, de l'institut de Biologie physico-chimique, et Alain Boussac, de l'institut de Biologie intégrative de la cellule (CEA de Saclay).