Lancée il y a 50 ans, le 26 juillet 1971, la mission Apollo 15 a marqué le renouveau de l’exploration spatiale. Retour sur l’expédition qui a vu naître de nouveaux enjeux dans la conquête spatiale, du temps passé par les astronautes sur la Lune à l’utilisation du premier rover lunaire LRV.


au sommaire


    En septembre 1970, la Nasa annonce l'arrêt du programme Apollo après la 17e mission pour des raisons budgétaires. Un véritable revers pour l'exploration spatiale, que les chercheurs de l'agence américaine vont tourner à leur avantage. Moins d'un an après, le 26 juillet 1971, la mission ApolloApollo 15 est lancée depuis le centre spatial Kennedy, en Floride. À bord du module de commande et de service (CSM), Alfred M. Worden, James B. Irwin et David R. Scott partent pour la mission supposée marquer un nouveau jalon dans le programme d'exploration lunaire.

    Le site d'atterrissage d'Apollo 15 recréé à partir des images collectées par la sonde LRO (Lunar Reconnaissance Orbiter). © Nasa

    Nouveaux équipements, nouveaux objectifs

    Les astronautes américains sont envoyés vers la Lune grâce à une version améliorée du lanceur Saturn V. Ce dernier est capable d'emporter une charge utile plus élevée, avec une masse de 48 tonnes, les ingénieurs de la Nasa ayant souhaité optimiser le peu de missions Apollo à effectuer. Le temps de présence passé sur la Lune par Scott et Irwin augmente considérablement en comparaison avec Apollo 11Apollo 11 et 12. En 1969, Aldrin et Armstrong avaient passé plus de 21 heures sur le sol lunaire, et près de 31 heures pour Pete Conrad et Alan Bean quelques mois plus tard. Sur cette troisième mission d'exploration effective, la durée d'équipée sur la Lune s'élève à... 67 heures.

    Hommage de la Nasa pour le cinquantième anniversaire de la mission Apollo 15. © Nasa

    Le CSM est équipé de nouveaux instruments, mais un seul retiendra l'attention des médias : le premier roverrover lunaire (LRV). Ce petit véhicule de trois mètres de long, replié sous le LEM durant le transittransit vers le satellite de la Terre, permet aux astronautes d'étendre leur zone d'exploration de plusieurs kilomètres. L'astromobile, tout-terrain, peut atteindre une vitessevitesse de presque 14 km/h et transporter une charge utile de 490 kilos.

    David Scott installant l'Alsep <em>(Apollo Lunar Surface Experiment Package)</em>. © Nasa
    David Scott installant l'Alsep (Apollo Lunar Surface Experiment Package). © Nasa

    Après quatre jours de voyage, le module lunaire se détache d'EndeavourEndeavour et entame sa descente. L'atterrissage se fait sans encombre à proximité du mont Hadley et de la faille du même nom.

    La crevasse Hadley, près du site d'atterrissage d'Apollo 15. © Nasa
    La crevasse Hadley, près du site d'atterrissage d'Apollo 15. © Nasa

    L’Homme doit explorer. Et ceci est l’exploration à son sommet

    Dès les premières heures de leur aventure lunaire, Irwin et Scott déploient le LRV ainsi que plusieurs outils nécessaires aux travaux scientifiques que les deux astronautes vont mener. Scott va se fendre d'une phrase préparée, à l'instar de Neil ArmstrongNeil Armstrong deux ans auparavant : « Alors que je me tiens ici à Hadley devant les merveilles de l'inconnu, je me rends compte qu'il y a une réalité fondamentale qui caractérise notre nature. L'Homme doit explorer. Et ceci est l'exploration à son sommet. »

    James Irwin à côté du rover lunaire. © Nasa
    James Irwin à côté du rover lunaire. © Nasa

    En trois explorations menées avec le rover, les deux astronautes couvrent près de 28 kilomètres de trajet. De nombreuses opérations de forage sont menées, à divers endroits autour du mont Hadley et Hadley DeltaDelta. Dès le premier jour d'expédition, ils installent l'Alsep (pour Apollo Lunar Surface Experiment Package). Cet ensemble d'instruments est composé de spectromètresspectromètres, d'une caméra ou encore d'un altimètre, qui seront utilisés jusqu'en 1977. À ce jour, l'Alsep a permis au scientifique d'attester de l'existence de champs magnétiqueschamps magnétiques faibles sur la Lune, d'étudier les fluctuations thermiques de sa surface ou d'effectuer des relevés sismologiques. Plusieurs expériences seront réalisées, dont la fameuse Hammer - Feather drop, durant laquelle le commandant Scott testera la gravitégravité lunaire en lâchant au même niveau un marteau et une plume, les deux objets atteignant le sol en même temps. 

    Test du « marteau et de la plume », réalisé par David Scott. © Nasa

    Après presque trois jours passés sur la Lune, les astronautes remontent à bord du LEM pour rejoindre le module de contrôle, dans lequel Alfred Worden a mené différentes observations de la surface lunaire avec des caméras et spectromètres. Le retour des astronautes sur Terre se déroule parfaitement et ils amerrissent le 7 août 1971 dans l'océan Pacifique, près des côtes hawaïennes. Ils rapportent avec eux près de 77 kilos de roches lunaires, dont la plus ancienne qui ait été trouvée, Genesis Rock ou « Pierre de la Genèse », âgée de 4 milliards d'années.

    La « Pierre de la Genèse », <em>Genesis Rock</em>. © Nasa
    La « Pierre de la Genèse », Genesis Rock. © Nasa

    Malgré la fin du programme Apollo en 1972, cette 15e mission assoit la prédominance de la Nasa et des États-Unis dans la course à l'espace. La prouesse technologique et la valeur des recherches scientifiques menées durant l'expédition restent encore, 50 ans après, un véritable coup de maître. 

    Portrait de l'équipage d'Apollo 15. © Nasa
    Portrait de l'équipage d'Apollo 15. © Nasa

    Futura dans les Étoiles - Podcast

    ---

    Futura dans les Étoiles, c'est le rendez-vous incontournable des amateurs d'astronomie et d'espace. Tous les 1ers du mois, retrouvez-nous pour un tour complet des éphémérides du mois, avec des conseils pour observer au mieux ce qu'il se passe dans le ciel. Un épisode spécial publié tous les 15 du mois vous proposera d'en apprendre plus sur un objet ou un événement particulier qui marquera l'actualité astronomique et spatiale.

    ---